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LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE L’AFFIRME : «Le Hirak a sauvé l’État national de l’effondrement»

Pour le président de la République, le mouvement populaire du 22 février qui boucle, aujourd’hui samedi, son premier anniversaire, constitue un «phénomène salutaire» pour l’État national notamment, qu’il a, selon, lui, sauvé d’un «effondrement» certain, non sans avertir quant à des «tentatives» de son «infiltration».
M. Kebci - Alger (Le Soir) - Le président de la République multiplie les sorties médiatiques avec l’objectif évident d’expliquer au mieux sa démarche, ne négligeant pratiquement aucun sujet. Il a, dans ce cadre, accordé pas moins de trois entretiens, le premier, qu’il veut périodique, à des représentants de médias nationaux, le second à la chaîne de télévision Russia Today et le troisième au quotidien français Le Figaro. Des sorties qui ont été l’occasion pour le chef de l’État de réitérer son «admiration» pour le mouvement populaire en cours dans le pays depuis exactement une année.
Abdelmadjid Tebboune a, dans, ce cadre, affirmé que le Hirak, dont le premier anniversaire a été célébré, hier vendredi, à l’occasion de son 53e épisode et aujourd’hui samedi, était, un «phénomène salutaire», voire «béni » qui a, selon lui, préservé le pays d’un «effondrement total de l’État national», synonyme, a-t-il ajouté, de «l’effondrement de toutes ses institutions» vu que «toutes les données laissaient présager un tel scénario».
Un «complot déjoué par la grâce de la maturité du peuple qui a «réussi à réaliser plusieurs de ses revendications». Autant de «vertus» qui ont poussé le président de la République à dédier une journée nationale chômée et payée à cette insurrection citoyenne sous la dénomination de «Journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée pour la démocratie». Ceci non sans qu’il mette en garde contre «toute tentative d’infiltration, quelle soit de l’intérieur ou de l’extérieur».Quant aux autres doléances du mouvement populaire, le chef de l’État dit s’y atteler pour s’être engagé solennellement à les réaliser. Des revendications dont «certaines ne pouvaient être satisfaites par quelqu’un de non élu et n’ayant pas le pouvoir et la légitimité requises».

La nouvelle Constitution au «plus tard d’ici le début de l’été»
Et de soutenir «œuvrer à leur concrétisation, à commencer par la Constitution, la loi électorale et la réorganisation des institutions que nous nous efforçons de rendre de proximité, permettant au citoyen d’y participer en tant que partie prenante à la réflexion, à la solution, à la gestion et au contrôle». Une Constitution dont le projet de réforme constitue «la priorité des priorités», tenant à préciser, à ce propos, qu’«en dehors de l’identité nationale et à l’unité nationale, tout le reste est négociable». Un projet qui aboutira, promettra-t-il, «au plus tard d’ici le début de l’été, et nous ferons en sorte que le référendum se tienne le plus tôt possible». Ceci avant de passer au second chantier, celui de la loi électorale pour, selon Tebboune, «parfaire nos institutions élues. «Le nouveau Parlement sera amené à jouer un plus grand rôle, mais pour cela, il a besoin d’être assez crédible et ne souffrir aucun déficit de légitimité pour sa représentativité. Une des conditions sine qua non pour cela, c’est la séparation de l’argent de la politique», a-t-il expliqué dans ce sens.
Cela dit, Tebboune ne voit pas d’inconvénient à la poursuite de cette révolution du sourire puisqu’il y voit le «droit des citoyens et le fondement même de la démocratie, a fortiori lorsqu’il s’agit de personnes manifestant de manière organisée, sans destruction ni troubles». Un mouvement auquel il a été jusqu’à avouer «ne rien lui reprocher», sans faire l’économie d’un conseil à «mes enfants, qui manifestent le vendredi, à la vigilance contre l’infiltration de leur mouvement, car il y a des signes d’infiltration tant de l’intérieur que de l’extérieur».

Gare à la «politique politicienne»
A propos des mouvements de contestation corporatistes, le président de la République avoue, de par leur timing coïncidant avec le premier anniversaire du mouvement populaire, qu’ils sont loin d’être un «phénomène sain, ou une pratique syndicale». Pour lui, il s’agit tout simplement de «politique politicienne et non de politique au sens noble du terme», invitant «ces gens à revenir au bon sens et à la raison» et à «ne pas diluer le rôle syndical».

La lutte contre la corruption loin d’être terminée
Et quid de la lutte contre la corruption ? Pour le chef de l’Etat, cette démarche est loin d’être achevée. «La corruption et l’accumulation de l’argent sale ne s’effacent pas avec du correcteur. La tête de la mafia a été coupée mais pas le corps. De l’argent sale circule encore. Chaque jour de nouveaux responsables, des pseudo-hommes d’affaires se retrouvent devant la justice», a-t-il affirmé fort à propos. Et au chef de l’État de soutenir que «les fondements de l’État algérien doivent être sains. Ce qui nous attend est bien plus grand que les travaux de Sisyphe. Nous sommes en train de reconstruire, mais ça va prendre du temps. Aucun État moderne ne s’est bâti en une génération. La Ve République en France a commencé en 1958! Commençons par tracer les contours de notre nouvel État sur le plan constitutionnel, puis institutionnel, puis économique».

Plus d’importation de kits automobiles
Sur le plan économique, le président de la République a soutenu que «si les hydrocarbures sont une richesse divine épuisable, elles doivent, néanmoins, générer des richesses plus durables», relevant que le pays possède d’autres ressources dont la principale est sa «jeunesse instruite». «Des jeunes formés sur les bancs de l’école algérienne sont sollicités pour leur dynamisme et leur savoir-faire, partout dans le monde, aux États-Unis, en Europe… C’est dans cet esprit universaliste et par une compétition saine et moderne que nous allons construire un nouvel édifice économique basé sur la valorisation de la production nationale, l’économie de la connaissance et la transition énergétique», a encore expliqué le chef de l’État qui a exprimé on ne peut plus clairement son aversion pour les importations tous azimuts, promettant de changer l’image de «grand marché de consommation» qu’ont nos partenaires de notre pays. «Nos maux viennent de l’importation débridée, génératrice de surfacturation, une des sources de la corruption favorisée par de nombreux pays européens où se faisaient la bancarisation, la surfacturation, les investissements de l’argent transféré illicitement. Cela a tué la production nationale. Nous allons, par exemple, arrêter l’importation de kits automobiles», a-t-il dit dans ce sens. Ceci non sans en donner un exemple «vivant», celui de l’usine Renault qui, a-t-il fait remarquer, «n’a rien à voir avec celle qui est installée au Maroc», s’interrogeant : «Comment créer des emplois alors qu’il n’y a aucune intégration, aucune sous-traitance ?»

Binationaux : l’article 51 sera changé
Evoquant la question des binationaux, le président de la République a promis l’abrogation de l’article 51 de la discorde «L’immigration d’origine algérienne à l’étranger a toute sa place ici, et nous œuvrons pour qu’il n’y ait plus de séparation entre les citoyens émigrés et ceux qui sont restés au pays. Ils ont les mêmes droits et possibilités. (…) Certains postes, ultrasensibles, qui touchent à la sécurité nationale, ne peuvent pas être ouverts à n’importe qui. C’est une pratique mondiale, (…)», a expliqué Tebboune qui a eu également à parler des relations du pays avec l’ancien colonisateur. Des relations que le chef de l’Etat souhaite «sereines, fondées sur un respect mutuel». «À un certain moment, il faut regarder la vérité en face. Un premier pas est de reconnaître ce qui a été fait, le deuxième pas est de le condamner. Il faut du courage en politique. Mais il y a un autre lobby dont toute la politique repose sur l’endiguement de l’Algérie, et qui est présent en France. C’est un lobby, aux accointances économiques et sociales, qui a peur de l’Algérie. Même quand l’Algérie intervient pour proposer des règlements pacifiques à des crises, ce lobby tente de s’immiscer sous prétexte qu’il est également concerné», a affirmé Tebboune qui fait part de «quelques contacts avec le Président Macron» qu’il trouve «honnête intellectuellement» et qui «n’a aucun lien avec la colonisation. Il essaye de régler ce problème qui empoisonne les relations entre nos deux pays ; parfois il est incompris, et parfois il fait l’objet d’attaques virulentes de la part de lobbies très puissants».
M. K.

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