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19 Mars 1962-19 Mars 2019 Les Algériens à la recherche d’une double rupture

Les Algériens l’ont compris : ce 19 Mars revêt un caractère hautement symbolique, celui d’une double rupture avec l’ancien colonisateur aujourd’hui accusé de soutenir un système qu’ils appellent à partir.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - La fête de la Victoire proclamée au lendemain des accords d’Evian prend donc une charge toute particulière dans le calendrier de la contestation qui s’exprime de plus en plus fort dans le pays et il n’est pas étrange que des appels à de nouveaux rassemblements aient été lancés pour cette journée.
La semaine qui s’est écoulée était déjà riche en expressions de rejet de l’ingérence française dans les affaires algériennes. Hommes politiques, étudiants ou simples citoyens ont commencé par réagir via le net aux commentaires du chef d’Etat français et de son Premier ministre lesquels se sont précipités à déclarer leur soutien aux réformes proposées par Abdelaziz Bouteflika en réponse aux manifestations qui secouent le territoire national.
A l’algérienne, les manifestants ont répondu à Emmanuel Macron en masse ce vendredi à travers des slogans très révélateurs du sentiment populaire mais aussi des affiches comportant des messages à jamais gravés dans l’histoire des relations franco-algériennes. On a vu aussi d’anciennes moudjahidate défiler, mégaphone en main, pour rappeler aux plus jeunes le rôle joué par la France pour le maintien de la «médiocrité au pouvoir».
L’Elysée enregistrera aussi dans ces mémoires cet épisode court, mais combien chargé de symbolique, durant lequel son standard a été saturé d’appels en provenance d’Algérie et contestant le contenu de ses déclarations au lendemain de l’annonce du plan de sortie de crise proposé par le chef d’Etat algérien.
Hier, des représentants de la communauté franco-algérienne membres de la société civile française (une centaine, selon les informations rapportées par des médias français) ont pris le relais en adressant un communiqué à l’Elysée dans lequel ils contestent cette fois la «prudence» avec laquelle Macron a agi dans cette situation délicate que traverse l’Algérie. «Le choix de la France de saluer cette décision (sans faire cas de l’environnement juridique algérien) est considéré par la majorité des Algériens comme un soutien de la France au coup de force du pouvoir en place.»
Conscient de la maladresse commise par son Premier ministre qui affichait son soutien à la transition annoncée par Bouteflika alors que la rue réclame son départ, le Président français a tenté de rattraper le coup en se prononçant pour une «période de transition raisonnable» puis en «informant» la population algérienne à la recherche de la démocratie que la France «allait les accompagner dans ce processus». Tels que formulés, les mots ne sont pas passés.
Les slogans des manifestants ont prouvé que la recherche de la démocratie passe aussi inéluctablement par celle d’une nouvelle indépendance vis-à-vis de ce pays accusé d’entretenir une trop grande proximité avec les pouvoirs successifs algériens.
A. C.

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