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Mohand Ouamar Benlhadj, SG de l’ONM au soir d’Algérie : «Les objectifs de la Révolution ne sont pas encore atteints»

Entretien réalisé par Karim Aimeur
Dans cet entretien, le secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Mohand Ouamar Benlhadj, estime que les objectifs de la Révolution ne sont pas atteints, dénonçant les islamistes qui veulent instrumentaliser un passage de la Déclaration du Premier Novembre au profit de leur idéologie, en rappelant que les badissistes n’ont joué aucun rôle dans la Guerre de libération. Il donne également son avis sur la restitution des crânes de résistants algériens…
Le Soir d’Algérie : L’Algérie célèbre le 58e anniversaire de son indépendance dans une conjoncture particulière. 58 ans après l’indépendance, pensez-vous que les objectifs de la Révolution et le projet des martyrs sont atteints ?
Mohand Ouamar :
On ne parle pas uniquement du projet des martyrs qui ont donné leur vie mais aussi des survivants qui ont aujourd’hui entre 80 et 100 ans et qui continuent à se débattre. C’est le projet de tous ceux qui ont participé à la guerre. On cite les martyrs parce qu’ils ne sont pas là. Nous étions leurs compagnons. Chacun a payé le prix d’une certaine manière. Notre projet n’est pas réalisé totalement. On a recouvré l’indépendance du pays, on a un drapeau, il y a une avancée dans le domaine socio-économique, la libération de l’homme également, mais le projet n’est pas atteint, étant donné que la grande masse des Algériens n’a pas encore ses droits non seulement politiques mais aussi socio-économiques, car c’était ça le projet. 58 ans après l’indépendance, la répartition des richesses n’est pas juste. En plus des scandales que nous voyons dans les tribunaux, nous savons que les richesses du pays ne sont pas distribuées équitablement et nous nous retrouvons à peu près dans la même situation qu’à l’époque coloniale : 90% des revenus du pays sont accaparés par 10% de la population. Nous avons une poignée d’hommes qui contrôle 90% de la rente algérienne. Ce n’était pas le but de Novembre. Et dans ce domaine, le but est loin d’être atteint.

Qu’en est-il alors de l’objectif politique et de l’édification d’un Etat démocratique et social ?
Nous n’avons pas atteint cet objectif car, en 1962, on a continué sur la lancée colonialiste malheureusement, avec des élections truquées à la Naegelen, qui a laissé son nom. Il n’y a jamais eu d’élections libres en Algérie depuis le multipartisme, du fait que durant le parti unique, les Algériens étaient appelés uniquement à dire oui ou non pour un seul candidat sans avoir de choix. On a atteint le pourrissement avec l’achat et la vente des sièges. Les Assemblées ne sont pas l’émanation réelle du peuple. Donc, il n’y a pas eu d’avancée dans ce domaine. Le pouvoir attribuait des quotas et participait à la magouille organisée. On a dépassé un peu Naegelen, on a perfectionné sa méthode.

Ces derniers temps, on constate une montée des islamistes qui exploitent un passage de la Déclaration du Premier Novembre, à savoir l’édification d’une République dans le cadre des principes de l’islam, pour appuyer leur idéologie et prôner la construction d’un Etat religieux, omettant tout le reste de la Déclaration, allant jusqu’à rejeter le Congrès de la Soummam qui est pourtant la continuité de Novembre qui a abouti au 5 Juillet. Pour convaincre, ils ont inventé le slogan «Ni Soummam ni Evian, Novembre est la proclamation (el-bayane) ». Novembre est-il porteur d’un Etat religieux ?
Cette tendance avait remis en cause même le combat armé contre le colonialisme. On les connaît. La proclamation de Novembre vient du programme du PPA et du MTLD et même de l’Etoile nord-africaine si on veut aller plus loin, où le combat était pour une Constituante algérienne souveraine, élue au suffrage universel sans distinction de race ni de religion. La proclamation du Premier Novembre, comme la plateforme de la Soummam, était faite pour toutes les populations d’Algérie, y compris les non-musulmans. Cela n’a jamais été pour fonder un Etat religieux, étant donné l’existence du multiconfessionnalisme en Algérie. Ils ont sorti aussi novembria-badissia. Or, il n’y avait pas de badissia le Premier Novembre. Cheikh Benbadis était un homme respectable dans le domaine religieux. Le combat de ses adeptes et des Oulémas était l’assimilation. C’est une réalité, triste ou pas, mais il faut la dire. Ils voulaient que les Algériens deviennent français pour qu’ils récupèrent le pouvoir religieux qui était aux mains du Gouverneur général. Ils n’étaient ni les précurseurs ni les idéologues de la Révolution.

La célébration de l’indépendance cette année coïncide aussi avec la restitution des crânes de résistants algériens qui étaient conservés dans un musée à Paris. Quelle est votre réaction suite à ce rapatriement ?
On a parlé de cette question, il y a plus d’une année. J’avais dit que cela n’avait pas d’importance pour nous. Ce sont des résistants et des chouhada mais combien de martyrs de la guerre de 1954-1962 qui sont des milliers dont on ne sait pas où sont leurs crânes ni leurs ossements. Pour nous, avec notre croyance, ils sont vivants au Paradis. La France qui nous propose aujourd’hui des crânes et elle a des milliers de crânes à mettre sur le marché, il lui faut des choses en contrepartie. Qui nous dit d’abord que le crâne de Boubeghla est réellement son crâne ? C’est difficile à croire. Où est donc le corps de Boubeghla pour pouvoir comparer les ossements ? Il n’y a pas de témoignages pour attester qu’il s’agit de son crâne. Maintenant si les scientifiques établissent qu’il s’agit bien de ces résistants, c’est tant mieux qu’ils soient là pour les enterrer et non les exposer au public. Pour moi, la restitution de ces crânes est un leurre. Sinon, pourquoi ne restituent-ils pas les archives utiles pour le développement du pays, les archives du domaine économique surtout ?
K. A.

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