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LEURS SORTIES SUR TERRAIN SONT SYSTÉMATIQUEMENT CHAHUTÉES Les officiels à l’ère du «dégage»

Les Algériens ont joint le geste à la parole. «Dégage» n’est plus un simple slogan, il est en application sur le terrain à chaque sortie publique de tous les hommes symbolisant le régime en place. Pourchassés, hués, ces derniers sont forcés de prendre la fuite dans des conditions humiliantes.
Abla Chérif – Alger (Le Soir) - Il n’y a eu ni appel, ni demande de mobilisation particulière invitant les citoyens à réagir à chaque apparition publique des ministres ou de responsables.
Déterminés, les Algériens mettent désormais à profit chaque situation leur permettant d’exprimer leur ras-le-bol, d’exiger le départ immédiat de tout ce qui peut symboliser le système. La dernière situation survenue prouve, si besoin est, qu’une interdiction tacite de circuler a été prononcée par le tribunal populaire. Hier matin, Abdelkader Zoukh a été chassé de la place des Martyrs par une foule en colère. Le wali d’Alger s’était rendu sur les lieux pour s’enquérir de la situation après l’effondrement d’un immeuble, mais les riverains, déjà choqués par le drame, ne lui ont même pas laissé le temps d’approcher qu’une foule s’est formée scandant «Dégage», «Vous avez pillé le pays». Elle le suivait, rétrécissant son espace de déplacement et celui-ci a été contraint de prendre la fuite. L’image est saisissante. A elle seule, elle traduit à la fois le degré de l’aversion éprouvée par la population envers les responsables, mais aussi la détermination qui l’anime. Zoukh a pu s’en tirer grâce à ses gardes du corps qui l’ont ramené à la hâte vers sa voiture, mais Aboudjerra Soltani, responsable du MSP (Mouvement de la société pour la paix), n’avait aucune protection lorsqu’il a été reconnu par les Algériens qui manifestaient pour le départ du système ce dimanche à Paris.
Des vidéos retraçant la scène et postées en série sur les réseaux sociaux ont fait le buzz. Tous ont, en effet, pu voir Aboudjerra Soltani tentant d’échapper à des groupes de personnes très en colère lui criant «dégage». Il n’a dû son salut qu’à la proximité d’une bouche de métro. Mais alors qu’il dévalait les escaliers à la hâte, s’accrochant même à un passant, des manifestants l’ont poursuivi jusqu’à l’intérieur de la station en scandant «Vive l’Algérie».
La situation humiliante à laquelle a fait face ce cadre du MSP a entraîné de très nombreux commentaires de soutien aux auteurs de ces faits, mais elle a entraîné aussi une réaction du premier responsable du parti, Abderrezak Makri, qui a accusé le MAK (Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie) de Ferhat Mehenni d’avoir fomenté cette action. Les internautes ont commenté cette réaction avec leur humour habituel et en invitant Aboudjerra Soltani à tenter une nouvelle sortie publique ce vendredi à Alger…
Le même jour, le ministre de l’Energie a eu tout le mal du monde à mener une visite officielle à Gué-de-Constantine. Les travailleurs de Sonelgaz, auxquels se sont joints de nombreux citoyens, se sont mobilisés pour le chasser en scandant «Dégage». Le ministre était alors protégé par un important dispositif de la Gendarmerie nationale.
Le même scénario s’était déroulé lors de son récent déplacement à Béchar. Depuis leur nomination, tous les membres de l’exécutif de Bedoui sont systématiquement confrontés à des situations similaires. Il y a moins d’un mois, le ministre des Travaux publics a dû même renoncer à une visite officielle à Alger car de très nombreux citoyens s’étaient rassemblés pour l’empêcher d’accomplir sa mission.
Conscient de cette situation, le ministre des Ressources en eau est, dit-on, contraint d’agir carrément dans la clandestinité et évite désormais la formule de cortège officiel dans ces déplacements. On affirme qu’il préfère ne pas rendre public son agenda de travail sur terrain et que son équipe use de nombreux stratagèmes pour lui éviter de croiser les foules en colère.
«Même dans le ciel, ils ne sont pas tranquilles», commentait un internaute hier après la diffusion d’une vidéo montrant Hamraoui Habib Chaouki pris au piège par les passagers d’un avion à bord duquel il se trouvait. L’ayant reconnu, ces derniers ont improvisé une manifestation à laquelle l’ancien P-dg de l’ENTV et ancien ministre de la Communication n’a pu échapper…
L’étau se resserre progressivement autour des hommes du pouvoir ou ceux gravitant autour, leur champ d’action, de déplacement et d’expression devient aujourd’hui quasiment inexistant, faute de n’avoir pas répondu aux attentes du mouvement populaire, celui-ci se charge seul de les «dégager» où qu’ils soient.
A. C.

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