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Selon une analyse d’un site internet spécialisé marocain Les tentations «guerrières» du Maroc envers l’Algérie

«Pour une nouvelle stratégie de défense intégrée du Maroc.» C’est le titre très évocateur d’une étude menée par le Forum des Forces armées royales (FAR) marocaines, un site créé en 2004 et qui est une référence publique en matière de questions militaires marocaines puisque très introduit auprès des FAR. À parcourir l’analyse en question, le moins que l’on puisse dire, c’est que l’armée marocaine fait une fixation, pour ne pas dire plus, de l’Algérie et de l’Espagne, présentées, sans le moindre détour, comme étant les ennemis attitrés du royaume chérifien.
Étalée sur une quarantaine de pages, l’étude donne le ton dès l’introduction où, entre autres, il est affirmé que «les peuples de la rive Atlantique ont toujours constitué des  ‘’périphéries’’ par rapport à la puissance ‘’centrale’’ de Fès ou Marrakech, les empreintes de cette influence qui a duré plusieurs siècles se trouvent encore sous plusieurs formes, comme les zaouïas en l’occurrence ‘’Tijania’’ qui symbolise en quelque sorte le leadership dont jouissaient les sultans marocains à travers cette région. Les liens sociaux, culturels… qui se sont tissés durant des siècles entre le peuple marocain et les peuples de cette région d’influence historique facilitent l’acceptation de ces populations du leadership marocain, lequel est considéré non hostile à leurs yeux. La renaissance du Maroc comme étant une puissance régionale devra en grande partie se baser sur la solidité des liens avec cette zone représentant la profondeur stratégique du pays et qui constituerait la principale source de matières premières et le principal débouché pour la machine industrielle marocaine. Le leadership politique et militaire doit d’abord s’appuyer sur un leadership économique puissant pour qu’il puisse être crédible et durable dans le temps. Chose dont SM le roi Mohammed VI, chef suprême, chef d’état-major général des Forces armées royales, a pris conscience, à travers l’importance qu’il a accordée à la coopération Sud-Sud avec nos amis africains ainsi qu’à la revalorisation du corps naval de nos glorieuses Forces armées royales» (sic).
A travers le passage sus-mentionné de l’introduction, tout est presque dit sur la philosophie et sur les ambitions sans limites du Maroc. Rapport dont le premier grand titre, consacré au «Nouveau dispositif militaire dissuasif du Maroc», et à travers lequel les rédacteurs avouent cette espèce d’aversion maladive à l’encontre de l’Algérie «dont les intentions «d’exportation de la révolution» ont constitué la menace majeure sur l’existence du Maroc actuel en tant que tel. Au-delà du différend de frontières à l’est entre le Maroc et l’Algérie, le conflit était surtout idéologique, c’est ce qui générait un grand manque de confiance mutuelle qui dure relativement jusqu’à nos jours», est-il mentionné dans l’étude dédiée aux forces armées marocaines, les FAR dont l’équipement, la formation et la disposition des unités ont été depuis les années soixante orientés dans la perspective d’une confrontation éventuelle avec l’Algérie, est-il relevé dans un des passages avant qu’il soit un peu plus loin souligné que «les leçons tirées de ‘’la guerre des sables’’ opposant les deux pays en octobre 1963, façonnent jusqu’à nos jours les dispositifs et tactiques des FAR, se caractérisant à ce stade, grosso modo, par le souci de stopper l’assaut d’un ennemi en supériorité numérique et d’arrêt de colonnes blindées venant de l’Est» est-il ajouté pour ensuite affirmer que «l’expérience de la guerre du Sahara, opposant le Maroc aux séparatistes du Polisario appuyés par l’Algérie, a été un tournant décisif dans la construction de la doctrine des FAR, qui ont vu leur effectif doubler durant la période de guerre et qui ont pu développer une expérience pionnière en matière de guerre de désert mondialement reconnue».

L’aversion de l’Algérie et la hantise de l’Espagne
Presque tout autant, l’aversion vis-à-vis de l’Algérie que révèle le document n’a d’égale, plus ou moins, que celle qui est éprouvée à l’endroit de celui qui est considéré comme l’autre «ennemi historique» du Maroc : l’Espagne, pays que les Marocains regardent d’un tout autre œil après les incidents de lîlot de Perejil en 2002, lorsque cette petite île entre les deux pays a été le théâtre d’incidents entre les deux armées, à un moment où le royaume soupçonnait la classe politique espagnole d’un fort soutien au Polisario. De ce fait, est-il clamé dans le rapport, le Maroc «ne pourra plus se permettre de fermer les yeux sur la menace militaire éventuelle que représente l’Espagne, cette dernière qui ne se gêne pas d’exprimer sa méfiance militaire vis-à-vis du Maroc, en prenant en considération par son état-major dans la formation de ses armées et dans le choix de l’équipement, de l’éventualité d’un affrontement armé probable avec le Maroc». Un incident que nos voisins de l’Ouest assimilent à un coup de poignard d’une part, et a montré à quel point le Maroc a été militairement «à découvert face à un rival historique qui a toujours été l’Espagne», d’autre part, selon l’analyse du Forum des FAR. Un épisode qui a révélé aux Marocains leurs failles à l’époque et qui se résument en une «défense aérienne du territoire (DAT) très faible, une aviation de chasse marocaine essentiellement tournée vers le rôle air-sol et qui était dépourvue de tout missile, des chasseurs marocains dépourvus de missiles antinavires, une marine de guerre historiquement tournée vers le rôle logistique avec une seule frégate de classe ne comptant que des missiles Sea Sparrow pour sa protection antiaérienne et un canon de 76 mm contre les bâtiments de surface, et 2 frégates Floréal dont le rôle est la protection de la zone économique exclusive sur laquelle le Maroc exerce des droits souverains». Entre autres failles relevées par les analystes du Forum, le document cite des sites stratégiques marocains à découvert (raffinerie, ports, aéroports, palais…) nullement protégés et dont le ciblage par l’armée espagnole pouvait facilement faire soumettre le Maroc, l’absence de système dédié à la communication sécurisée, la présence des trois quarts de l’effectif de l’armée de terre au Sahara pour le maintien du mur défensif et l’absence d’unités opérationnelles au nord du royaume. Un incident avec l’Espagne que les Marocains ont ‘’mal calculé et ayant généré humiliation et baisse de moral chez la troupe’’», relève le rapport qui préconise que «le bon voisinage avec l’Espagne n’exclut pas d’avoir un dispositif militaire défensif et dissuasif face à celle-ci, en cas de toute tension accidentelle ou suite à la prise de pouvoir à l’Espagne par un courant ou parti hostile au Maroc».
Dans un second point du premier grand titre intitulé «Nouveau dispositif militaire dissuasif du Maroc», l’étude de l’état des lieux des FAR s’étale dans une «lecture de la scène internationale». Ainsi, l’analyse juge bonne l’idée du Maroc de miser sur un allié puissant et crédible : la Chine. Ceci s’est traduit tant par des échanges au niveau de la formation militaire, quelques acquisitions récentes notamment de système MLRS (multiple launch rocket system, un système de lance-roquettes multiples de moyenne et longue portée), et d’autres équipements. Le rapport indique que le Maroc «a compris la nécessité de diversifier ses fournisseurs d’armes afin d’optimiser sa gestion de risque, en prévision de toute sorte d’embargo ou quasi-embargo d’armes dont on a souffert historiquement à cause de la question du Sahara, chose qui peut se répéter à tout moment si jamais les hostilités armées reprennent». Toutefois, les analystes du Forum concèdent que  la visibilité à long terme reste floue quant au maintien du soutien de la France et des États-Unis aux causes du Maroc, un fait qui devra pousser les décideurs marocains à «développer plus d’autonomie en matière d’armement en commençant par le plus simple, les munitions et armes légères, de crainte de tout changement brusque et défavorable dans la scène internationale». Les conflits récents que constituent la guerre du Liban en 2006 et plus récemment l’opération ‘’l’aube de l’odyssée’’ menée en Libye contre le pouvoir de Kadhafi par une alliance occidentale sous la bannière de l’OTAN constituent des sources à même de permettre aux militaires marocains de tirer des leçons et de s’inspirer pour développer leur arsenal, constatent-ils.

Recommandations pour un armement tous azimuts
En guise d’introduction au chapitre 2 de leur analyse, les chargés de la très exclusive étude sur les FAR constatent d’abord que depuis l’incident de l’îlot de Perejil, il y a près de 18 ans, et en réponse aux acquisitions récentes de l’armée algérienne, les FAR ont entrepris «un programme ambitieux de modernisation des dotations toutes armes confondues». Ainsi, sur le plan air, l’on apprend entre autres que l’armée marocaine a procédé avec l’aide des Français de Safran et Thales à la modernisation de 27 Mirage F1 de sa flotte, équipement des chasseurs du couple radar RC400 multi-cibles en plus du missile BVRAAM MICA dans sa composante électromagnétique ainsi que d’un type moderne de guidage thermique de missiles difficile à tromper et à leurrer par la cible. Dans l’air-sol, les chasseurs dotés de la capacité SAR (radar à synthèse d’ouverture est un radar imageur qui effectue un meilleur traitement de données afin de fournir au pilote une image de haute résolution du terrain), du radar RC400, entre autres armement «ayant prouvé son efficacité lors des derniers engagements en Libye», précise le rapport qui fait état également de Mirages (devenus MF2000) dotés de contre-mesures de dernière génération. Après l’échec du contrat Rafale, le Maroc a passé commande de 24 avions F16 bloc 52+, «un appareil qui apportera une valeur sûre aux FRA sur tous les plans, la polyvalence de l’appareil, sa modularité et potentiel d’évolution qui en font un appareil parfait pour les besoins actuels et futurs des Forces royales aériennes», garantissent les experts du Forum. Du détail des nouvelles acquisitions des FAR, le rapport nous apprend également qu’en sa qualité d’allié majeur hors OTAN des Etats-Unis, le Maroc a pu acquérir le meilleur, notamment le missile BVRAAM AIM120C7, le radar AN/APG68V9, le missile antiradiation AGM88 HARM, le F16 pourra compter sur le couple mortel du casque de visée JHMCS et missile à courte portée à guidage thermique AIM9X2 sidewinder. Sur le plan air-sol le Maroc a eu droit à 18 désignateurs laser SNIPER XR, ainsi que d’une panoplie de munitions air-sol à guidage laser, et différentes GBU (bombes guidées). Ceci en plus d’un programme de modernisation de 25 hélicoptères SA330 Puma, ainsi que des avions d’entraînement Alphajet, les commandes de 4 avions cargos C27J Spartan et 24 avions d’entraînement T6C pour la formation des élèves pilotes. Quant aux acquisitions au bénéfice de la défense aérienne du territoire (DAT), l’armée marocaine a commandé 12 systèmes Tunguska M1 de Russie, système de DCA mobile et à courte portée (10 km) et basse altitude, parfait pour la protection des colonnes blindées des FAR, et des couloirs aériens au niveau de l’Est, ce qui en fait une défense parfaite contre toute menace évoluant à très basse altitude éventuellement des hélicoptères d’attaque Mil Mi24 Hind, voire des bombardiers SU24MK algériens, selon le rapport qui fait état de la réception «gratuite» de 6 batteries du système HAWK des dépôts de l’armée américaine, bien qu’il soit pratiquement en fin de vie, ce système, à moyenne-portée et moyenne-altitude, continue de constituer une menace sérieuse contre tout chasseur de 4ème génération, notamment des MIG29S, SU30MKA, SU24MK algériens ou F/A-18, voire EF2000 espagnoles, expliquent les rédacteurs du rapport qui nous apprend que les FAR ont passé commande pour le missile surface-air MICA-VL dans le cadre du contrat des trois frégates légères de classe SIGMAS. 
La part, entre acquisitions et commandes, revenant à la marine de guerre marocaine n’est pas moins impressionnante. En effet, selon le rapport, commande a été passée pour une frégate de classe FREMM d’un déplacement avoisinant les 6000t, équipée d’un sonar remorqué pour la lutte anti-sous-marine, de missile antinavire MM40bloc3 exocet avec une portée pouvant atteindre 180km, ce qui en fait une valeur sûre contre les bâtiments de surface de l’armada marine de guerre espagnole, la frégate est dotée également du missile Aster15 pour sa protection antiaérienne et antimissiles. Puis, une autre commande pour 3 frégates légères de classe SIGMA, ces frégates sont équipées du missile antinavire MM40 exocet, du missile MICA-VL pour la protection anti-aérienne et antimissiles. Toutefois, fait remarquer le rapport, les frégates ne pourront compter que sur un sonar de coque pour leur protection anti-sous-marine, on a omis de commander un sonar remorqué, de plus le hangar hélicoptères a été taillé pour recevoir un hélicoptère de classe AS565 Panther, dépourvu de détecteur d’anomalie magnétique nécessaire pour la détection des submersibles.
Pour couronner le tout, il est fait état de la construction d’une nouvelle base navale au niveau de Kser-Sghir, à une dizaine de kilomètres du complexe portuaire Tanger Med, une base qui, selon les FAR, jouera un rôle capital dans la stratégie de la marine royale visant à récupérer la place qui est de droit du Maroc en Méditerranée plus précisément dans le contrôle du passage du détroit de Gibraltar. «Prenant en compte les dotations et dernières acquisitions de nos deux voisins algérien et espagnol, et prenant en considération la limitation du budget militaire marocain par rapport à celui des deux voisins, nous proposons un programme d’acquisitions de 4 milliards de dollars qui peut être mené sur 5 ans, pour remédier de façon efficace et efficiente au manque de dissuasion dont souffre le dispositif militaire actuel», conseillent les rédacteurs du rapport.
Pour les forces aériennes royales, eu égard à la proche fin de vie des Dassault Mirage F1, dont la vétusté de leurs cellules due à l’usure précipiterait le temps de retrait prévu à l’horizon 2025 comme échéance maximale, tout autant que les Northrop F5 qui touchent à leur fin de vie, le F16 sera le seul vecteur des FRA capable de faire feu, et qui sera amené grâce à sa polyvalence à remplir toutes les missions air-sol, air-air et air-surface, les analystes recommandent un besoin immédiat d’augmentation de la taille de la flotte en expliquant que «pour un pays de l’étendue du Maroc, encerclé de deux aviations voisines redoutables, algérienne et espagnole, le Maroc devra assurer un minimum de ‘’quantité’’ bien que la qualité soit sans doute au rendez-vous, le F16 étant une valeur sûre et un chasseur-bombardier ayant ses preuves au combat».
 
«Hélicoptères de combat : le maillon faible de (nos) forces royales aériennes (FRA)»
Puis, aux rédacteurs d’étayer leurs propos sur les besoins des FAR en passant en revue l’arsenal aérien dont disposent l’Algérie et l’Espagne. Ainsi, selon les Marocains, l’on saura que «l’Algérie dispose depuis les années 90 de l’avion de chasse de 4e génération, le MIG29S, et nous pouvons attester à partir du nombre d’heures de vols moyen annuel par pilote, et de par les exercices surtout ‘’air-air’’’ effectués par l’Algérie, que c’est une aviation hautement opérationnelle et dangereuse. Durant les dernières années, l’Algérie a introduit le premier chasseur de supériorité aérienne ‘’lourd’’ de la région, à savoir le SU30MK Flanker, chasseur de catégorie lourde, de par sa grande capacité d’emport, jusqu’à 12 missiles face à 6 missiles seulement pour le F16, et d’une très grande autonomie dépassant les 3 000 km sans ravitaillement en vol. Cela en plus du SU24MK bombardier exclusivement dédié au rôle air-sol avec des ailes à géométrie variable lui permettant de voler à très basse altitude et représenter une menace sérieuse pour les défenses marocaines à l’Est». Alors que pour l’aviation espagnole, les Marocains estiment que celle-ci est «très professionnelle, de par la formation de ses pilotes, ses moyens, et les heures de vols accumulées (…) l’introduction par l’Espagne de l’Eurofighter 2000 pourra constituer un vrai défi pour les Forces aériennes marocaines». En direction des forces aériennes royales (FRA), les analystes ne lésinent pas sur les recommandations, notamment le renforcement de leur flotte de F16 avec une douzaine d’appareils supplémentaires, ensuite remédier à la riposte antinavire en se dotant du missile air-surface AGM84H SLAM-ER américain pouvant être tiré par le F16 et dont la portée dépasse 280km, et enfin concernant le transport des forces royales aériennes, formé essentiellement d’avions cargos C130H et CN235 et renforcé dernièrement par 4 C27J Spartan, les auteurs du document estiment que la flotte de C130H, dont un a été perdu dernièrement à Guelmim suite à un accident, devra subir un programme de retrofit (réaménagement) immédiat et devrait être renforcé par de nouveaux avions cargos de type C130J30.
Pour conclure sur le volet aérien, le rapport reconnaît que « le volet hélicoptère de combat constitue reste le maillon faible des Forces aériennes marocaines qui continuent de s’appuyer sur les SA342 Gazelle légères, face à des Eurocopter Tiger espagnols et Mil Mi24MK super-Hind algériens lourds». Et de recommander au commandement des FAR qu’il serait judicieux d’opter pour des hélicoptères d’attaque AH-1Z super-cobra du constructeur américain Bell, voire pour le T-129 ATAK Turc.
 
La crainte de l’embargo occidental sur les acquisitions d’armes
Sur le plan défense aérienne, tout en conseillant de prendre en considération les enseignements de l’incident de l’îlot de Perejil et les leçons de la guerre en Libye, et «compte tenu de la limitation des moyens financiers marocains face aux grands moyens algériens et espagnols, ainsi que la difficulté du Maroc d’aligner une aviation de chasse d’une taille suffisamment élevée en nombre pour assurer une défense parfaite du ciel marocain», les chargés de la réflexion suggèrent que la défense aérienne du territoire (DAT) «soit savamment construite et qu’elle s’appuie sur différents systèmes, partant de la courte portée à la longue portée et haute altitude, en vue de constituer un parapluie solide pouvant libérer les chasseurs des FRA pour des missions plus critiques et agir en concert grâce au système IFF (système d'identification crypté mis au point pour le commandement et le contrôle. C'est un système qui permet aux radars d'approche civils ou militaires de reconnaître des avions amis et de déterminer leur cap ainsi que leur distance)». C’est ainsi, pour capitaliser le rapprochement politique avec la Chine qu’ils considèrent comme «un allié solide qui ne cesse de prouver de par ses gestes que c’est une alternative sérieuse à envisager en cas de tout embargo pouvant surgir à tout instant de l’Occident pour des raisons de droit de l’Homme liées à la question du Sahara, notamment comme cela s’est produit durant l’ère de l’administration Carter aux États-Unis ou avec le président socialiste français Mitterrand», les analystes du Forum des FAR proposent l’acquisition du système longue portée chinois HQ-9B qui constitue, assurent-ils, la copie du système S300 russe en dotation chez l’Algérie. Ce système sera appuyé par un autre, américain celui-ci, de protection de sites stratégiques ; le SL-AMRAAM, basé sur le missile BVRAAM «AIM120 AMRAAM» commandé dans le cadre du contrat F16 marocain, en plus du radar AN/MPQ-64F1 Sentinel dont 8 exemplaires ont été récemment commandés par le Maroc, radar 3D de dernière génération dédié à la détection de cibles petites volant à très basse altitude à l’instar de la menace des missiles de croisière comme le Taurus en dotation chez l’Espagne. Le système SLAMRAAM, précisent les auteurs du rapport, protège la Maison Blanche à Washington. Dans le détail, la recommandation d’acquisition porte sur 8 batteries HQ-9B et 8 batteries SL-AMRAAM qui seront destinées à la protection des zones stratégiques et militaires du Maroc et contribuer ainsi à l’action en coordination avec les FRA grâce au système IFF pour repousser toute intrusion dans l’espace aérien chérifien.
 
Des cibles déjà toutes désignées en Algérie et en Espagne
Les Marocains tiennent en haute estime la Chine, pour la bonne raison que, comme le reconnaissent les rédacteurs de l’analyse pour les FAR «à la différence des Occidentaux et de par son histoire, la Chine s’est montrée plus généreuse en matière de transfert de technologies et de soutien des pays du tiers-monde voulant développer leurs capacités dissuasives et s’est montrée également comme une alternative sérieuse en cas d’embargo de vente d’armes imposé par l’Occident». En effet, tel qu’il est expliqué dans le rapport, les Chinois n’imposent pas de «limite de porté» des armements conventionnels destinés à l’export, des restrictions qu’imposent les Occidentaux en fixant la portée des armes à 300 km alors que l’Empire du Milieu propose à l’export des systèmes dépassant la limite, tel le système SY-400 lance-roquettes à longue portée pouvant atteindre 400 km, armement que les auteurs de l’analyse assurent qu’il apportera «une valeur certaine aux capacités des FAR, qui pourront frapper efficacement et à moindre coût en profondeur l’Espagne ou l’Algérie, (nos) adversaires traditionnels (…) les dissuadant de procéder à une quelconque provocation à l’encontre du Maroc». Le SY-400 chinois est un système de missiles balistiques d’attaque de précision de courte portée destiné à l’exportation pour concurrencer le système russe Iskander-E SRBM. C’est un armement auquel tiennent apparemment les militaires marocains qui le prédestinent à 3 bataillons avec des objectifs préalablement établis : «Faire comprendre à l’ennemi que nous disposons de quoi frapper puissamment son territoire et ses installations pour le dissuader de détruire les nôtres. En cas d'attaque, frapper puissamment et en profondeur le territoire de l'adversaire pour détruire ses infrastructures militaires et économiques. Et enfin, riposter contre chaque frappe effectuée par l'ennemi contre notre pays», expliquent les spécialistes des questions liées aux FAR qui vont jusqu’à désigner les cibles potentielles en territoires ennemis, comprendre l’Espagne et l’Algérie. Ainsi, dans le document adressé au commandement des FAR, des cibles sur le territoire algérien ont été désignées : la base navale de Mers-el-Kébir (Sub/navires de guerre), la base aérienne de Bousfer (Mig-29, la base aérienne de Mecheria (Mig-29/L-39), la base aérienne Béchar (Mig-29/(Mig-25), la base aérienne Chlef (Hélicoptères), la base aérienne Tindouf (Mig-29), les installations militaires de Sidi-Bel-Abbès et pétrolières d'Arzew ainsi que toutes les installations économiques et militaires aux alentours. Rien ne semble avoir été omis par les experts au service des FAR qui comme tous les militaires qui se respectent n’ont pas manqué de prévoir a priori le déroulement de tout scénario de guerre opposant le Maroc à un quelconque éventuel ennemi, et ce, eu égard à ce qu’ils appellent «l’hostilité relative de l’environnement géopolitique dans lequel nous nous trouvons et vu les conflits territoriaux latents et à ce jour non-résolus avec notre voisin espagnol», explique-t-on dans le document à travers lequel il n’est pas écarté qu’«un simple incident diplomatique arrive ou qu’un gisement de gaz ou de pétrole soit découvert entre nos eaux et les îles Canaries se trouvant elles-mêmes en principe sur nos eaux, pour voir naître des sources de tensions».  À propos de la Marine algérienne, les experts du Forum notent qu’«avec la vétusté de la flotte sous-marine égyptienne formée essentiellement de sous-marins de classe Romeo, l’Algérie peut se considérer actuellement la 1ère force sous-marine arabe sans contestation. Le pays a introduit depuis 1985 deux sous-marins soviets du type-877 classe KILO récemment modernisés en Russie. De plus 2 nouveaux sous-marins sont venus s’ajouter à la flotte de submersibles algériens en 2006, il s’agit de 2 sous-marins de type-636 classe KILO avec capacité de tirer le missile antinavires CLUB-S. Bien que l’Algérie soit considérée comme une menace principalement ‘’aéroterrestre’’ pour les FAR, les sous-marins algériens peuvent constituer une menace sérieuse pour nos installations économiques à l’est, voire au nord». La Marine royale ne recueille pas, apparemment, les égards des spécialistes chargés d’établir ce rapport puisqu’elle est considérée comme «le maillon le plus faible des FAR depuis l’indépendance».
L’on apprend du rapport qu’en réponse à l’acquisition de l’Algérie de 2 nouveaux sous-marins, la marine royale marocaine a entamé depuis 2006 une stratégie anti-sous-marine qui s’est traduite essentiellement par la commande d’une frégate lourde de classe FREMM avec un déplacement avoisinant les 6000t, poids surprenant comparé aux déplacements légers des autres composantes de la flotte royale. La frégate FREMM est équipée d’un sonar remorqué de dernier cri permettant la détection d’échos émis par les submersibles adversaires aussi fins soient-ils et dans des conditions extrêmes, marquant ainsi un bon début pour rattraper le manque en matière de sous-marins par une stratégie anti-sous-marine qui, au goût des experts des FAR, demeure légère et devra être renforcée en commençant par doter la frégate FREMM par un hélicoptère ASM, par exemple le SH-60H du constructeur américain Sikorsky, et l’acquisition d’une deuxième frégate à moyen terme par une sœur jumelle au minimum, entre autres acquisitions pour une Marine royale qui en a cruellement besoin selon l’inventaire établi.
Du côté du Maroc, comme le suggère le contenu de ce rapport, c’est l’état de guerre permanent eu égard à ce dont regorge le Makhzen en termes de conflits latents avec l’entourage, notamment à l’Est avec l’Algérie et au Nord avec l’Espagne, ou ouvert, comme ça l’est avec le peuple sahraoui dans ce qui constitue la dernière guerre d’indépendance sur le continent africain. 
Azedine Maktour

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