Le lendemain de l’arrestation et de l’emprisonnement de 5 généraux-majors de l’ANP ( Armée nationale populaire), pas des moindres, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, a effectué une visite de travail dans la wilaya de Boumerdès.
Approché à la fin de sa visite pour le questionner sur ces arrestations et d’autres dossiers se rapportant notamment à l’affaire des 701 kilogrammes de cocaïne, le ministre a fait usage de tact pour décliner l’invitation. Après avoir inauguré le nouveau tribunal de Khemis El Khechna, M. Louh a longuement disserté au siège de la cour de Boumerdès sur un certain nombre de points qui intéressent son département. En tête de ces préoccupations, les élections et la révision des listes électorales en cours d’exécution. «Le mois d’octobre est le mois durant lequel sont révisées de manière ordinaire les listes électorales. Cette révision revêt un caractère important d’autant qu’elle consiste à expurger ces listes de toutes les erreurs», dira-t-il. Pour lui, ce travail qui se déroule sous le contrôle de 1.541 magistrats, est un jalon dans la construction de la démocratie. Par la suite, le garde des Sceaux est revenu sur les scrutins de 2017 avec quelques indications sur les poursuites judiciaires engagées contre des individus. On saura que sur 32 affaires litigeuses, 17 poursuites publiques ont été engagées. 15 ont été clôturées avec des décisions judiciaires contre les contrevenants. Dans le même sillage, Tayeb Louh instruit le parquet et la police judiciaire d’ouvrir des enquêtes en cas de dépassements : «J’invite les services des parquets généraux et les services de la police judiciaire de jouer entièrement leur rôle conformément à la réglementation en vigueur en cas de dépassement, d’ouvrir des enquêtes et d’engager des poursuites judiciaires.» Dans son discours, le ministre de la Justice a affirmé qu’un pôle judiciaire chargé de la lutte contre la corruption sera constitué. Mais cette constitution est tributaire, selon Louh, de la révision de la loi 06/01 portant lutte contre la corruption. Dans son long discours au cours duquel il a fait référence 22 fois au président de la République, Tayeb Louh s’est donné un satisfecit au sujet des réformes du secteur de la justice. En conclusion, le ministre a fait état de la réalisation d’’une dizaine d’infrastructures sociales au bénéfice des magistrats et des fonctionnaires du département de la justice. Comme le procureur de la cour de Boumerdès est une femme, le ministre a longuement salué la féminisation de la justice. Pour rappel, le nouveau tribunal de Khemis El Khechna gérera les affaires des justiciables de 4 communes (Khemis El Khechna, Larbaâtache, Ouled Moussa et Hammadi) qui dépendaient du tribunal de Rouiba. Ce dernier qui dépendait de la cour de Boumerdès mais qui se trouve sur le territoire de la wilaya d’Alger est désormais rattaché à la cour d’Alger. Le bâtiment du nouveau tribunal de Khemis El Khechna était un centre culturel en situation d’abandon. Conséquence de cette reconversion «on peut donc penser que le contrôle de la société est une priorité par rapport à son émancipation», nous glisse à l’oreille un badaud.
Abachi L.
