Placeholder

Rubrique Actualités

MALI Manifestations devant l’ambassade d’Algérie

Un évènement d’une extrême gravité s’est déroulé lundi dernier à Bamako. L’ambassade d’Algérie a été violemment attaquée par des dizaines de Maliens protestant contre leur récente expulsion du territoire algérien. Contactée à plusieurs reprises, l'ambassade du Mali à Alger a préféré garder le silence tout comme nos autorités.
Abla Cherif - Alger (Le Soir) - Lundi 12 mars. L’avenue, habituellement calme, où se dresse le bâtiment de la représentation algérienne est sous haute tension. De petits groupes de Maliens sont massés tout autour. Ils grossissent progressivement jusqu’à former une centaine de manifestants.
Les vidéos ayant circulé toute la journée d’hier sur les réseaux sociaux montrent les images de jeunes hommes mais aussi de femmes très en colère pointant du doigt l’ambassade. Le ton est menaçant.
Les scènes filmées par une télévision malienne laissent entrevoir toute la violence exprimée par les manifestants. Il y est fait état de jets de pierres ayant brisé les fenêtres, ampoules et caméras de surveillance, de barrières cassées et d’un incendie allumé dans un jardin bordant l’ambassade.
La circulation routière est coupée. Des troncs d’arbres, des pneus et de grosses pierres ont été posés en travers de la route. De nombreux médias maliens indiquent que les policiers de faction et ceux se trouvant aux alentours de ces lieux ne sont pas intervenus car étant, affirment ces mêmes sources, en nombre inférieur par rapport aux manifestants. Sur place, un commissaire «explique» cependant que «cette colère est due aux traitements subis par ces personnes durant leur séjour en Algérie». Les renforts qui arrivent quelque temps après procèdent à l’arrestation de quelques individus.
L’argument avancé par les journalistes maliens ne semble pas concorder avec les faits et informations rapportés avant et après l’évènement malheureux par des associations chargées de la défense des droits de l'Homme. Mardi, un communiqué émanant de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADH) et du Syndicat autonome du personnel de l’administration publique (Snapap) a, en effet, annoncé que plus de 300 migrants avaient été arrêtés et que sept bus pouvant contenir cinquante personnes avaient été réquisitionnés en vue d’une expulsion imminente. Le même communiqué fait état de «la mobilisation de nombreux volontaires du Croissant-Rouge algérien, de la cellule psychologique du ministère de la Solidarité nationale et de gendarmes pour sécuriser l’opération».
La Ladh et le Snapap qualifient les opérations d’arbitraires car ayant inclus des «travailleurs». Le même fait a été dénoncé hier par Human Rights Watch. Tout en reconnaissant aux autorités algériennes le droit de refuser d’accepter des migrants sur leur sol, l’ONG s'est toutefois élevée contre le manque de discernement des policiers qui ont arrêté des personnes dotées d’un permis de travail au même titre que des migrants clandestins.
La réaction des manifestants devant l’ambassade du Mali tire-t-elle son origine de là ? Se peut-il que les opérations de rapatriement répétées aient fait naître un sentiment de frustration qui a fini par se transformer en grande colère ?
Selon des informations sûres, le nombre de Maliens expulsés ces derniers jours est pourtant nettement inférieur à celui des Nigériens et migrants d’autres nationalités africaines. Ils seraient tout au plus une dizaine, affirment des sources bien au fait du dossier. La majorité des expulsés proviennent du Niger. L’évènement a d’autant plus surpris que les ressortissants maliens sont les seuls à pouvoir se rendre en Algérie sans visa et autorisés à séjourner, même illégalement, dans l’attente d’un permis de travail.
Les personnes qui en sont dotées sont, quant à elles, intouchables et protégées par la loi sur le travail. «Bizarrement, font remarquer d’autres sources, ces faits sont survenus au moment où l’Algérie est sollicitée de toute part pour aider ses partenaires à faire avancer le processus de paix et de réconciliation au Mali. Au moment aussi où elle enregistre des appels du pied destinés à lui forcer la main pour adhérer au G5.
La situation qui se déroule dans cette zone est très délicate, elle est sujette à des enjeux où des intérêts énormes s’entremêlent. Il faut aussi savoir que le Mali se trouve dans une conjoncture très particulière, le pays se prépare à des élections présidentielles qui donnent lieu à de nombreuses manipulations».
Accusée à de nombreuses reprises de mauvais traitements envers les Subsahariens durant leur reconduction aux frontières, l’Algérie n’a pas réagi jusqu’à l’heure. Cette absence de réaction est-elle due à une gêne suite aux «dérapages» qui seraient effectivement survenus durant l’opération de rapatriement ? Ou doit-elle être mise sur le compte d'une situation normale précédant les résultats d'une enquête nécessairement diligentée dans ces circonstances ? Quelle qu'en soit la raison, le silence ne fera qu'’accentuer une tension qui menace de dégénérer à nouveau.
A. C.

Placeholder

Multimédia

Plus

Placeholder