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Aminatou Haidar, la «Ghandi du Sahara occidental» : «Nous souhaitons que les États-Unis maintiennent la pression sur le Maroc»

 

Entretien réalisé par Tarek Hafid
Malgré la fatigue et la maladie, Aminatou Haidar a tenu à être parmi les siens dans les territoires libérés du Sahara Occidental pour assister à la cérémonie de destruction de la totalité du stock de mines antipersonnel de l’armée sahraouie. En compagnie de vingt autres grandes figures du combat pacifique dans les territoires occupés, la «Ghandi du Sahara» a fait plusieurs centaines de kilomètres de piste pour arriver jusqu’à l’oued Mhiriz, afin d’assister à cet acte symbolique du Front Polisario. Dans cet entretien, Aminatou Haidar fait une lecture lucide des derniers développements concernant le dossier sahraoui. Elle reste persuadée que la clé du conflit se trouve à la Maison Blanche.

C’est votre première visite dans les territoires libérés du Sahara Occidental. Qu’avez-vous ressenti en foulant la terre libérée ?
C’est un sentiment indescriptible ! En fait, j’étais déjà venue à Bir Lahlou à l’occasion des funérailles de notre regretté Mohamed Abdelaziz, mais c’était dans des conditions autres que celles-ci. C’est réellement un sentiment de bonheur mêlé à de la tristesse et à de la douleur. C’est pour moi une fierté d’être ici, fierté car c’est la première fois que je rencontre mon peuple dans cette partie libérée du Sahara Occidental. Mais je souffre en me remémorant les militants qui sont morts en martyrs, qui ont passé leur vie à lutter pour nos droits et qui ne pourront pas assister à l’indépendance de notre pays.
La douleur, je la ressens également en constatant le manque de considération envers le peuple sahraoui. Voilà près de 44 ans que nous luttons sans parvenir à un règlement définitif. Mais je reste optimiste. Je garde l’espoir d’un règlement prochain en faveur de notre peuple.

Le dossier sahraoui semble être sorti du statu quo imposé par le Maroc. Quelle lecture faites-vous de la reprise des négociations directes entre le Front Polisario et le Maroc ?
C’est précisément la raison de mon optimisme. La désignation du nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, l’ancien président allemand Horst Köhler, a été un premier signe d’espoir. La nouvelle position de l’administration américaine est également un bon signe. Il y a une présence plus concrète du dossier dans l’agenda onusien puisqu’il fait l’objet d’un débat chaque semestre. Nous constatons également une nette amélioration de la visibilité de notre cause sur le plan médiatique.
Cela a permis, dans des délais très courts, à un retour des négociations directes entre le Front Polisario et le Maroc. Il y a peu de temps, cet Etat colonisateur refusait de s’asseoir face au représentant légitime du peuple sahraoui. Mais les Marocains ont fini par s’incliner. C’est une avancée réelle face à une position intransigeante du Maroc. Celui-ci fait montre de plus de souplesse.
J’espère que le roi du Maroc a pris conscience de la dangerosité de ce qui se produit dans la région en matière de terrorisme, de crime organisé et de tout ce qui porte préjudice à la construction du Maghreb arabe et de la nécessité de trouver une solution définitive pour bâtir cet espace régional. Le roi semble avoir pris conscience. Cette prise de conscience est peut-être le résultat de pressions que ses alliés exercent sur lui afin de bâtir un espace maghrébin dont la République arabe sahraouie démocratique serait membre à part entière. A ce titre, je tiens à saluer la position honorable de l’Algérie qui a réussi à contrer toutes les manœuvres marocaines et françaises fomentées contre le peuple sahraoui.

Les pressions, auxquelles vous faites référence, sont à mettre sur le compte de quels alliés du Maroc ? Les Etats-Unis ?
Parfaitement, les Etats-Unis d’Amérique. Il y a aussi l’Allemagne qui joue un rôle majeur dans cette question. J’espère que la France abandonnera la partialité injustifiée dont elle fait preuve en faveur du Maroc. Il est temps que ce pays agisse en vertu des principes de liberté et de démocratie dont il se prévaut en soutenant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

Comment ont été accueillies les récentes déclarations de John Bolton, le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, dans les territoires occupés du Sahara Occidental ?
Les propos de Bolton ont été accueillis avec joie et satisfaction car, contre toute attente, nous sommes enfin témoins d’une prise en compte sérieuse de la cause sahraouie par l’administration américaine. Nous souhaitons que les Etats-Unis maintiennent la pression sur le Maroc.
Quoi qu’il en soit, nous ne devons pas occulter un élément essentiel dans ce dossier : la résistance du citoyen sahraoui. A mon avis, c’est cette résistance qui a fait qu’une partie des alliés traditionnels du Maroc prenne une autre position et que le traitement du dossier du Sahara Occidental s’accélère. Notre peuple résiste, dans des conditions difficiles, dans les camps de réfugiés au milieu de la hamada, il résiste malgré le déchirement provoqué par la séparation des familles, il résiste face aux pires exactions que lui inflige le pouvoir colonial dans les territoires occupés.

Ces 15 dernières années ont été marquées par la lutte pacifique menée par les citoyens sahraouis qui vivent dans les territoires occupés. Votre combat en tant que militante et celui de toute la population à travers le camp de Gdeim Izik ont été des étapes majeures. Faut-il s’attendre à des actions de cette envergure dans un proche avenir ?
Lorsque le combattant sahraoui a déposé son fusil, le militant des territoires occupés a pris une arme d’un tout autre genre : la résistance pacifique. Nous avons atteint de nombreux objectifs, nous avons notamment brisé l’embargo sécuritaire et médiatique imposé par les forces coloniales de répression sur nos terres. Nous avons également dissipé le spectre de la peur entretenue par le palais de Rabat. Nous transmettons nos valeurs et nos principes aux nouvelles générations afin qu’elles comprennent que le règlement de ce conflit doit être pacifique.
C’est mon vœu le plus cher. Je suis ici, dans les territoires libérés, pour transmettre ce message de paix à mon frère combattant. Je milite pour une solution juste dans un cadre pacifique. Je suis heureuse d’avoir assisté à Mhiriz à un acte concret dans cette direction grâce à la destruction de la totalité du stock de mines antipersonnel de l’armée sahraouie. Je tiens à rendre hommage à notre armée pour son courage.
Dans les territoires occupés, ces engins explosifs causent quotidiennement des drames au sein de la population sahraouie. Malheureusement, le Maroc refuse toujours de ratifier la Convention d’Ottawa.

Vous faites partie d’une délégation de 21 militants des droits humains venue des territoires occupés sahraouis. Vous ne craignez pas une réaction violente de la part du pouvoir marocain dès votre retour chez vous ?
Effectivement, nous devons nous attendre à tout. La sottise du Maroc n’a pas de fin. Mais nous sommes prêts à plus de sacrifices. Nous n’avons pas peur car nous sommes convaincus de la justesse de notre cause et que nous arracherons notre indépendance grâce à notre lutte.
T. H..

 

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