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SOCIALISATION DE TAMAZIGHT Ouacifs ou l’exemple à suivre

Jeddi-Moussa, l’un des cimetières du village d’Agouni-Fourrou, à l’extrême sud de Tizi-Ouzou, est le seul et unique au monde où les épitaphes aux côtés de poèmes à vocation nécrologique retraçant succinctement le parcours des défunts, sont, tous ou presque, transcrits en tamazight.
Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) - Le HCA (Haut Commissariat à l’amazighité) en fait son cheval de bataille, la socialisation de tamazight est ce pari qui doit, cependant, relever d’une dynamique d’ensemble à l’aune, surtout, de la consécration de tamazight comme langue officielle.
Une dynamique à la tête de laquelle le mouvement associatif se doit de figurer, appelé à consentir l’effort de rendre tamazight, dans toutes ses dimensions, plus présent dans la société, surtout que le danger de l’érosion est bien là, pesant.
C’est dans ce cadre que Ouacifs, cette région de la haute Kabylie, qui englobe une trentaine de villages et de hameaux s’agrippant aux pieds des majestueuses façades montagneuses du Djurdjura d’un côté et de Kouriet d’un autre, fait figure d’exemple à méditer et donc à suivre.
Une réputation loin de relever du hasard quand il est admis que de toutes les diasporas kabyles disséminées aux quatre coins du pays mais également outre-mer, celle des Ouacifs, l’une des plus consistantes, est, dit-on, la plus attachée à sa «kabylité».
La région devient, presque à chaque période estivale, la Mecque pour ses nombreux enfants partis ailleurs. Des enfants dont rares sont qui ne maîtrisent pas la langue des aïeux avec, il est vrai, l’accent emprunté à la région adoptive.
C’est ainsi que le visiteur est vite frappé, en rejoignant le chef-lieu de daïra des Ouacifs, par ces plaques signalétiques exclusivement transcrites en tamazight qui indiquent, entre autres, la polyclinique, la maison de jeunes, la gare routière, les stations de fourgons et le siège de la mairie. Un siège de la collectivité locale où tamazight est également omniprésente à travers les nombreuses plaques indiquant les divers services municipaux également transcrites dans la langue chère à feu Mammeri. Le maire de la localité, auteur de cette démarche méritoire à plus d’un titre, a été le tout premier édile communal du pays à «amazighiser» sa griffe de maire qu’il appose sur les documents officiels.
Ce que, d’ailleurs, la nouvelle équipe à la tête des affaires de la municipalité voisine d’Aït-Toudert s’apprête à faire, elle qui prépare une plus vaste opération d’amazighisation de l’environnement et ce, de concert avec d’autres acteurs culturels et sociaux.
Rien n’est laissé au hasard : lieux-dits aux noms authentiquement amazighs, plaques de signalisation routière, panneaux d’orientation à l’intérieur du siège de la mairie, enseignes des divers locaux commerciaux et professionnels en tamazight,... Il est prévu même des documents de félicitations et de condoléances rédigés en tamazight qui seront remis par le service d’état civil à chaque déclaration, respectivement de mariage, de naissance et de décès.
Il est même prévu d’élargir cette opération aux établissements scolaires.
Du côté du mouvement associatif local, l’Association scientifique Iger n tussna du village Iger Adlun, se distingue nettement dans ce travail de socialisation de tamazight. Pourtant de création récente, cette entité associative donne l’air d’avoir tiré les leçons de ses aînées, nombreuses à essaimer le champ associatif dans la foulée de la brèche démocratique de février 1989, en usant de tamazight dans presque toutes ses activités. Que ce soit lors des nombreuses conférences à thématiques pourtant variées, comme celles, nocturnes, qu’elle a tenues durant ce mois de Ramadhan, puisque traitant à la fois de littérature, de fléaux sociaux comme le tabagisme, ou de maladies, ou lors des autres activités de bienfaisance, les membres de Iger n Tussna font un usage presque exclusif de tamazight. Des allocutions aux débats, en passant par les affiches, les communiqués, et autres supports de communication, l’association utilise la langue chère à feu Mammeri. Une démarche qui tranche nettement avec celle usée jusqu’ici qui fait que toutes les entités associatives usent exclusivement de la langue de Molière.
Il faut dire que ce projet de socialisation de tamazight a été entamé il y a six à sept ans de cela avec une opération d’amazighisation de l’environnement engagée par un citoyen au niveau du village d’Agouni-Fourrou. Une démarche qu’il a expérimentée plus tard aux collèges des Ouacifs et de Bouabderrahmane et même au niveau des locaux commerciaux du chef-lieu de daïra.
Un village d’Agouni-Fourrou qui fait figure, sans concurrence aucune, de pionnier en matière de socialisation de tamazight puisque remontant aux années 1960 du siècle dernier. Avec Jeddi-Moussa, l’un des cimetières de ce vaste et populeux village, qui fait office  de seul et unique au monde dont les épitaphes sont toutes ou presque transcrites en tamazight. Plus que cela, des poèmes à vocation nécrologique retraçant succinctement le parcours des défunts tout aussi transcrits en tamazight figurent de plus en plus sur les tombes. Même les formules religieuses «Dieu est Grand», «A Dieu nous appartenons, à Lui nous retournons», sont de plus en plus touchées par le «virus» d’amazighisation. Des œuvres d’une rare valeur littéraire dont l’auteur est Madjid Loualiche, un des poètes parmi la pléiade de ciseleurs de verbes que renferme ce haut-lieu de la Kabylie. 
M. K.

 

 

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