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Financement occulte de la campagne pour le 5e mandat Plusieurs zones d’ombre persistent

©Samir Sid
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L’affaire du financement occulte de la campagne pour le cinquième mandat est encore loin d’avoir livré tous ses secrets. Dans ce dossier, les témoignages se sont pourtant accumulés et d’autres révélations vont certainement suivre lors des procès à venir.
Août 2018. Dans le pays plongé dans une crise multidimensionnelle sans précédent, la classe politique et les gouvernants peinent encore à dévoiler publiquement leurs intentions politiques pour une échéance qui avance à grands pas. La maladie qui le terrassait et affaibli qu’il était par le bilan de vingt ans d’un règne chaotique disqualifie déjà l’idée même d’une nouvelle candidature de Abdelaziz Bouteflika. En apparence, la gêne gagne le pouvoir central mis en place durant deux décennies. Dans l’ombre, des préparatifs vont pourtant bon train. Les Algériens le découvrent ébahis un certain 4 décembre 2019. Des acteurs du processus qui s’était mis secrètement en marche ont été emprisonnés et comparaissent à cette date devant un tribunal qui les juge pour financement occulte de la campagne pour le cinquième mandat. La justice décide de ne pas cumuler les charges dans un seul dossier, mais en fait jonction dans toutes les affaires traitées depuis une année. Dans les faits, le procédé se traduit par des questions posées sur le sujet aux inculpés jugés concomitamment dans d’autres dossiers. Ce 4 décembre, l’opinion apprend, médusée, qu’une opération de collecte de fonds avait été entamée dès la fin de l’été 2018. Officiellement, elle avait pour but d’amasser un maximum d’argent devant servir à mener la campagne pour un nouveau mandat, le cinquième, de Bouteflika. Au tribunal de Sidi-M’hamed, Ali Haddad dévoile au juge que l’ordre provenait directement de Saïd Bouteflika. Quelques mois auparavant, face aux éléments amassés par les enquêteurs, et face au juge d’instruction en possession des rapports qui lui ont été remis par ces derniers, l’ex-patron de l’ETRHB ne nie pas les faits. Les données sont concrètes. Le début de l’éclatement de l’affaire remonte d’ailleurs au mois de mars de la même année, car, à ce moment-là, des hommes d’affaires, très connus dans le pays et surtout inquiets des évènements qui se précipitent, évoquent ouvertement leur intention de récupérer l’argent concédé au frère conseiller de Abdelaziz Bouteflika. La rumeur devient réalité. Les services de sécurité découvrent que le « magot » se compose de sept milliards de DA, ainsi qu’une vingtaine de bons de caisse anonymes. Six cent millions de DA se trouvaient dissimulés dans les bureaux de Ali Haddad à l’est d’ Alger. Mais à l’heure où la découverte se fait, une bonne partie de cette somme avait déjà disparu. Ce fait figure d’ailleurs parmi les zones d’ombre qui persistent dans ce dossier. Aux sept milliards de DA s’ajoutent les 19,5 milliards retrouvés (dans un coffre-fort) dans les bureaux de Haddad à Dar-el-Beïda. Selon le mis en cause, cette dernière somme se trouvait au siège de la direction de campagne de Abdelaziz Bouteflika avant d’être transférée par Saïd Bouteflika. L’homme d’affaires évoque des « raisons de sécurité » soulevées par le frère de Bouteflika qui « destinait cet argent au paiement du personnel recruté pour la gestion de cette campagne». L’origine des fonds occultes mobilisés pour la campagne pour le cinquième mandat est rapidement établie. D’anciens hauts responsables n’échappent pas à l’inculpation, mais les oligarques sont principalement mis en cause. Les sommes remises par ces derniers sont dévoilées durant les procès qui se succèdent. Ali Haddad, 180 milliards de centimes (qu’il nie durant son procès en appel), les frères Kouninef, 4 milliards de centimes, Ahmed Mazouz, patron de la société de montage automobile chinoise Shacman, Chery et Higer, (39 milliards de centimes), Mohamed Baïri, patron d’Ival (le montant demeure inconnu mais il a été mis en cause par Mazouz), et Hassen Larbaoui, patron de KIA (20 milliards). Les sommes accumulées sont bien loin du total du montant collecté.

D’autres hommes d’affaires seront auditionnés
Les révélations tiennent en haleine l’opinion désabusée qui découvre le vrai sens de « l’argent de la chkara », mais le dossier demeure incomplet. D’autres hommes d’affaires inculpés et emprisonnés pour les mêmes faits seront auditionnés sur le sujet lors des procès à venir : celui de Metidji (industrie alimentaire), soupçonné d’avoir participé au financement avec dix milliards de DA ; Benhammadi (Condor), avec 5 milliards de DA. D’autres noms circulent également et peuvent faire avancer une affaire aux contours sombres. Le doute est jeté surtout depuis le dernier témoignage de Haddad devant le juge : « Le FCE agissait sur ordre de la présidence et du Premier ministère.» « Si j’ai donné de l’argent à Ali Haddad, c’est parce que le FCE se chargeait de la campagne, il représentait les hommes d’affaires », chargeait, de son côté, Mazouz lors de son procès durant lequel il révélait également que « Haddad ne voulait pas être vu au QG de campagne et qu’il lui avait demandé de déposer le chèque à sa place». Le jugement des deux anciens chefs de campagne de Abdelaziz Bouteflika a, cependant, abouti à l’extinction des poursuites à l’encontre de l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal, ainsi que l’ancien ministre des Travaux publics, Abdelghani Zaâlane. L’un comme l’autre ont affirmé n’avoir à aucun moment eu à gérer le volet financier de la campagne. L’absence de mouvement sur les comptes de la direction de campagne au moment où les deux hommes se trouvaient en poste confirme les faits. Si pour beaucoup, la relaxe de ces anciens hauts responsables par la justice a été perçue comme une confirmation de l’illégalité du processus mis en place pour collecter cet argent, elle a également soulevé des interrogations qui restent sans réponses pour l’heure. Aux yeux des nombreux avocats constitués dans ces dossiers, l’élément manquant reste sans conteste détenu par l’ancien conseiller de Abdelaziz Bouteflika, principalement mis en cause dans cette affaire. A-t-il été auditionné sur la question par le juge d’instruction qui l’a placé sous mandat de dépôt dans deux affaires qui l’ont conduit à la prison d’El-Harrach ? Sera-t-il interrogé ou jugé sur le sujet lors des procès durant lesquels il comparaîtra ? Convoqué en qualité de témoin par un juge du tribunal de Sidi-M’hamed (en décembre 2019), Saïd Bouteflika avait refusé de répondre aux questions du magistrat.
A. C.

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