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Tunisie Présidentielle à suspense et inquiétude sur la participation

Les Tunisiens votaient hier, dimanche, pour élire leur futur Président parmi 26 candidats, un scrutin très incertain dont le taux de participation décevant a généré de l'inquiétude, peu avant la fermeture des bureaux de vote.
«Jeunesse de Tunisie, vous avez encore une heure pour aller voter, soyez au rendez-vous !», a exhorté Nabil Baffoun, le président de l'Isie, l'instance électorale, avec une véhémence inhabituelle.
«Il faut sortir de nos maisons et voter, c'est un droit que nous avons pu avoir après la révolution de 2011, qui a fait des victimes», a-t-il poursuivi, visiblement déçu de la participation, qui s'établissait à 27,8% à 15h (14h GMT), trois heures avant la fin du scrutin.
En 2014, pour la première élection présidentielle libre en Tunisie, le taux de participation avait atteint 64% au premier tour, a rappelé M. Baffoun.
Après une campagne marquée par un regain apparent d'intérêt dans l'unique pays rescapé des printemps arabes de 2011, sept millions d'électeurs sont appelés à trancher entre 26 candidats.
Le nombre de concurrents, la fragmentation de la scène politique, et un sentiment croissant de rejet des «élites» et du «système» dans un pays rongé par la crise sociale et économique concourent à l'incertitude entourant le scrutin.
Parmi les prétendants, un Premier ministre au bilan contesté — Youssef Chahed —, un magnat des médias poursuivi pour blanchiment d'argent et incarcéré -Nabil Karoui-, ou encore le premier candidat du parti d'inspiration islamiste Ennahdha, Abdelfattah Mourou.
«Le choix est difficile, et il n'y aura pas de satisfaction à 100%», a résumé Amira Mohamed, une électrice de 38 ans. De nombreux votants ont admis avoir hésité jusqu'au dernier moment.

Fortes attentes sociales
Durant les premières heures du scrutin, la moyenne d'âge semblait plutôt élevée dans les bureaux de vote.
«Mais où sont les jeunes ? Il s'agit de leur patrie, de leur avenir», s'est agacé Adil Toumi, un sexagénaire venu «participer à une fête nationale, une victoire de la démocratie».
«Arrêtez de vous lamenter ou de critiquer ! Soyez à la hauteur de cette chance de voter en toute liberté», s'est exclamé un septuagénaire, Mokhtar Salami, appuyé sur sa canne.
Les Tunisiens sont avant tout préoccupés par la crise sociale dans un pays sous perfusion du Fonds monétaire international (FMI), où le chômage ronge les rêves de nombreux jeunes, et où le coût de la vie a nettement augmenté ces dernières années, alimenté par une inflation frôlant les 7%.
M. Chahed est handicapé par le bilan controversé de ses trois années au pouvoir, marquées par une nette amélioration de la sécurité mais une dégradation du pouvoir d'achat.
Face à lui, Nabil Karoui, qualifié de «populiste» et d'«escroc» par ses détracteurs, a gagné en popularité ces dernières années en organisant des distributions caritatives dans les régions défavorisées, médiatisées par la chaîne de télévision qu'il a fondée, Nessma.
Sous le coup d'une enquête pour blanchiment et évasion fiscale depuis 2017, il a été arrêté dix jours avant le début de la campagne électorale, et accuse, depuis, le pouvoir d'avoir instrumentalisé la justice pour l'écarter de la course.
Sa femme, Salwa Smaoui, qui a assuré sa campagne, est allée voter à Tunis. «Je suis sortie, malgré ma tristesse, pour voter pour lui», a-t-elle déclaré.

Test
Le scrutin est un «test» pour la jeune démocratie tunisienne car il «pourrait nécessiter d'accepter la victoire d'un candidat clivant», a souligné la chercheuse Isabelle Werenfels.
La plupart des 13 000 bureaux de vote ferment à 18h (17h GMT).
Environ 70 000 membres des forces de sécurité sont mobilisés, selon le ministère de l'Intérieur. Et des milliers d'observateurs ont été déployés par les partis et des institutions internationales dans les bureaux de vote. Des estimations et sondages sont attendus dans la nuit de dimanche soir, mais les résultats préliminaires ne seront annoncés que mardi par l'Isie.
A moins qu'un candidat n'obtienne la majorité absolue dès le premier tour, les partis seront ensuite face au défi de préparer simultanément les législatives du 6 octobre et le second tour de la présidentielle, qui devrait se tenir d'ici le 23 octobre.
Le calendrier a été chamboulé par la mort, le 25 juillet, du chef de l'Etat Béji Caïd Essebsi, 92 ans, qui a contraint à anticiper un scrutin présidentiel initialement programmé en fin d'année.
L'épouse de M. Caïd Essebsi, Chadlia Caïd Essebsi, 83 ans, est à son tour décédée ce dimanche, jour du premier tour de la présidentielle, a annoncé en matinée leur fils Hafedh.

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