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QUATRE SEMAINES APRÈS LE DÉBUT DES MANIFESTATIONS CONTRE LE POUVOIR EN PLACE Quand les Algériens renouent avec la politique

Photo : Samir Sid
Photo : Samir Sid

Les événements en cours sont au centre des discussions des Algériens. Dans les quartiers, les cafés, au travail, à la sortie des écoles et même au sein des familles, tout le monde commente les dernières marches, l’évolution de la situation et les nouveaux appels à manifester.
Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Depuis maintenant plus de quatre semaines, les Algériens ne jurent que par les manifestations menées contre le 5e mandat et le pouvoir en place, puis contre les dernières propositions de Bouteflika. Etudiants, chômeurs, fonctionnaires, intellectuels, ouvriers, femmes au foyer, enfants, tout le monde s’y met. Désormais, la politique est la discussion favorite de tous. Aucun lieu n’est exclu : dans les transports, les bureaux, les cafés, les quartiers et même au sein des familles.
Médecin spécialiste dans un établissement de santé public, Amel assiste au quotidien à de longues discussions sur ce sujet. «Au boulot, tout le monde parle des derniers événements, même les patients. Tout le monde veut que le système change et que ceux qui sont au pouvoir partent», dit-elle.
Ce médecin se rappelle particulièrement d’un patient octogénaire passionné de politique. «Durant toute son auscultation, il n’a pas cessé de parler de Bouteflika. Il a évoqué l’histoire en me disant qu’il se souvient parfaitement quand il s’est esquivé à la fin des années 1970 et maintenant, il ne veut pas partir», rapporte-t-elle.
Selon elle, nombre de ses patients doutent que Bouteflika soit toujours en vie. «Tout le monde se pose cette question», ajoute-t-elle.
Amel assure que même ses enfants s’y intéressent. «Au collège, mon fils a eu un cours d’éducation civique sur la démocratie. Il m’a raconté que les élèves ont alors demandé à l’enseignante si cette démocratie est comme celle de Bouteflika», dit-elle.
Idem, poursuit-elle, pour sa fille âgée de 7 ans qui lui dit tout le temps que «Bouteflika est trop vieux et doit partir».
Les derniers événements sont au centre des discussions de Fazia et son mari. «Nous ne parlons que des marches, de la situation politique actuelle et de l’évolution de la situation et nous nous posons beaucoup de questions», dira cette fonctionnaire.
Depuis le 22 février dernier, début des marches en Algérie, ce couple a adopté un nouveau programme pour ses soirées.
«J’ai complètement zappé mes séries turques préférées et les émissions de cuisine. Depuis trois semaines, nous ne suivons à la télé que les informations et les émissions de politique. Le soir avant de dormir, je regarde sur mon smartphone des vidéos des marches et tout ce qui est lié à la situation politique en Algérie», souligne-t-elle. Même ma belle-mère Faïza y participe. «Elle me répète toujours que ce pouvoir ne va pas facilement partir et craint justement qu’il y ait des dérapages et des victimes», dit-elle encore.
Dans les quartiers, les jeunes n’ont plus les mêmes discussions. Finies les passionnantes discussions sur les matchs de football et les aventures de harragas.
A Sidi M’hamed, les jeunes hittistes ne dérogent pas à la règle. Ils évoquent les marches contre le pouvoir en place avec fierté. Ils citent tantôt leur participation aux différentes manifestations et leur contribution dans le nettoyage des rues après les marches et rassemblements. Tantôt, ils reviennent sur les nouveaux slogans ou visionnent les vidéos nouvellement postées.
«Aujourd’hui, l’avenir de l’Algérie est plus important que tout autre», dira Amine, un jeune des Groupes. La preuve, poursuit-il, «le derby USMA-MCA de jeudi dernier, à la veille de la marche du 15 mars, a été boudé par les supporters. Les vidéos publiées montrent les tribunes du stade 5-Juillet quasiment vides, chose qui ne serait jamais arrivée en d’autres temps».
Ry. N.

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