Un avocat et deux journalistes sont les lauréats de la 19e édition du Prix international Omar Ourtilane de la liberté de la presse : maître Khaled Bourayou, Hakim Laâlam, chroniqueur du quotidien Le Soir d’Algérie et Saïd Bouakba, chroniqueur au quotidien arabophone El Khabar. Après les tribunaux et les bancs des accusés, ils se sont retrouvés sur le podium des consécrations.
Me Bourayou, qui a accompagné et défendu la presse indépendante depuis sa naissance et ses difficiles premiers pas au début des années 1990, a dédié son prix aux journalistes assassinés par le terrorisme.
L’avocat a défendu devant les tribunaux un grand nombre de journalistes dont Hakim Laâlam et le caricaturiste Dilem. D’ailleurs, en recevant le Prix spécial des mains de la moudjahida Louisette Ighilahriz, samedi soir, à la salle Essilouane, mitoyenne à la Bibliothèque nationale d’Algérie à El-Hamma, il a raconté certains épisodes et anecdotes de ces années difficiles, notamment quand il avait fait remarquer que dans sa chronique incriminée intitulée «La fessée» Hakim Laâlam faisait preuve d’ironie et non de «sarcasme» comme l’avait prétendu le procureur. En conclusion, samedi soir, Me Bourayou a déclaré que la liberté de la presse est peut-être l’unique acquis irréversible aujourd’hui en Algérie.
Saïd Bouakba, animateur de la chronique «Noqtat Nidham» (Point d’ordre) au quotidien El Khabar, a reçu sa distinction des mains de Zoubir Souissi, président de la Fondation Omar Ourtilane.
«Ce prix qui m’a été décerné par des confrères a une valeur et une saveur spéciales», a déclaré celui qui est souvent surnommé «El Serdouq» (le Coq) depuis sa chronique «Bi richet Serdouq» (Avec la plume d’un coq).
Mme Zakia Ourtilane, secrétaire générale de la Fondation Omar Ourtilane a remis le grand prix à Reda Belhadjoudja, qui signe la chronique quotidienne «Pousse avec eux» de son pseudonyme Hakim Laâlam. En recevant sa statuette (une hirondelle, symbole de la liberté), il a eu une pensée au journaliste d’El Khabar, Mohamed Cheraq «Abdelqadous», décédé la matinée du même jour (samedi) à l’âge de 41 ans. Il a également tenu à exprimer sa compassion avec la famille du journaliste, sa deuxième famille du journal El Khabar et sa grande famille de la presse.
«Le terrorisme a tué tant de journalistes… Je dédie ce prix à tous ceux qui refusent que la page soit tournée, selon les desiderata de certains. Je dédie ce prix également à tous ceux quand la page est déchirée, ils la ramassent et recollent les morceaux», a également déclaré celui qui continuera à fumer du thé, pour rester éveillé, tant que le cauchemar continuera.
Le prix Omar Ourtilane de la liberté de la presse est organisé annuellement par le journal El Khabar. Le prix porte le nom du journaliste co-fondateur et rédacteur en chef du quotidien arabophone El Khabar, assassiné le 3 octobre 1995 par des terroristes à Alger. La lauréate 2017 du prix est la journaliste du quotidien Le Soir d’Algérie Naïma Yachir.
Kader B.
