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Le professeur Bouzid au soir d’Algérie à propos des transferts pour soins à l’étranger : «Que cesse cette mascarade !»

Le professeur Kamel Bouzid, chef du service d’oncologie du CPMC et président de la Société algérienne d’oncologie médicale, avait l’habitude de frapper sur la table pour défendre les intérêts des malades atteints du cancer. Mais, cette fois, la colère de ce professeur a été soulevée par la dernière décision relative à la ratification du protocole relatif aux soins des ressortissants algériens dans les hôpitaux français. Il estime tout simplement que ce protocole n’a pas lieu d’être. Pourquoi ? Aucune raison ne justifie, selon lui, le transfert de patient en France puisque l’ensemble des actes médicaux et chirurgicaux peuvent être assurés en Algérie. Pas seulement puisque, dénonce-t-il, ce protocole ne profitera qu’à une certaine frange de la population qu’il nomme la «nomenklatura» et non à l’ensemble des assurés sociaux. Sa seule raison d’être, c’est donc de justifier les transferts de soins accordés pour une certaine classe de la population. Pire, Kamel Bouzid estime que ce protocole a «massacré le système de santé algérien depuis 1968» et il n’y a aucune raison valable pour le remettre sur la table en 2018. Il estime que l’Algérie regorge de compétences. D’ailleurs, souligne-t-il, ces patients transférés aux hôpitaux français seront pris en charge par des médecins algériens.
Sortant de ses gonds, le président de la Société algérienne d’oncologie médicale dit que la Caisse de Sécurité sociale qui se dit déficitaire «et s’étonne de rembourser des médicaments», trouve pourtant les moyens pour payer les hôpitaux français. La Cnas pourra très bien faire des économies, dit-il, si cet argent est investi pour établir des conventions pour la prise en charge des patients dans des cliniques privées. D’ailleurs, précise-t-il, «nous avons demandé un bilan auprès de la commission nationale médicale pour les soins à l’étranger, il n’y a eu aucun bilan à ce jour sur les personnes qui ont bénéficié de transfert ni comment». Hors de lui, le professeur Bouzid appelle à ce que cesse cette «mascarade». «Il faut que ça s’arrête, ils trouvent que c’est normal de mourir à Paris et pas à Alger.»

Propos recueillis par Salima Akkouche
Le Soir d’Algérie : Vous dénoncez le nouveau protocole relatif aux soins de santé programmés dispensés en France aux ressortissants algériens assurés sociaux et résidant en Algérie, pour quelles raisons ?
Pr Bouzid
: La seule raison est que ces soins sont assurés en Algérie.

Vous ne partagez pas l’avis de certains de vos confrères qui affirment que le nouveau protocole a été ratifié uniquement pour apporter de l’ordre par rapport aux transferts pour des soins à l’étranger ?
Vous faites allusion à un de mes confrères dont la spécialité est historiquement un grand pourvoyeur de transferts de soins à l’étranger, (TSE), ce qui a permis à nos collègues français d’apprendre la chirurgie cardiaque sur la tête de nos orphelins financés par la Cnas. De plus, si c’est pour apporter de l’ordre, c’est qu’il y avait du désordre. L’autre moyen est d’arrêter ces TSE. Je vous signale que la grande majorité des confrères, tous grades confondus et toutes spécialités confondues, m’ont félicité pour les deux contributions que j’ai faites à ce sujet.

Sur quels critères se base la commission nationale médicale pour les soins à l’étranger pour décider du transfert d’un patient ?
Il faut poser la question à la commission. Le seul nouveau critère que j’ai retenu est celui du préfet d’un département français qui doit vérifier que les soins n’existent pas en Algérie. Ce qui nous met dans un statut de DOM-TOM. Dommage pour l’Algérie.

Y a-t-il eu des transferts ces dernières années ? Si oui pour quelles pathologies ?
Après consultation des collègues sur le territoire dans la spécialité, aucune prise en charge n’a été demandée depuis au moins dix ans.

Est-ce que tous les actes médicaux et chirurgicaux peuvent être pris en charge en Algérie ? Sachant que vous-même ne cessez de dénoncer le manque de moyens.
J’ai, en effet, dénoncé, en temps et heures, le manque de moyens notamment en radiothérapie. Depuis, un effort gigantesque a été fait par l’Etat et par le secteur que vous appelez privé. Et, en radiothérapie, nous sommes en passe de voir le bout du tunnel. Tous les actes médicaux et chirurgicaux sont faits en Algérie.

Si les hôpitaux publics manquent de moyens pour prendre en charge certains actes médicaux et pathologies, pensez-vous que le privé est en mesure de tout assurer ?
Les hôpitaux publics souffrent de moyens de financement. Il faut savoir que le soi-disant forfait de la Cnas représente 31 euros journaliers par patient, ce qui est ridicule. Ce que vous appelez privé fait partie intégrante du système national de santé et devrait bénéficier du remboursement au coût réel de ses actes et pas sur une nomenclature qui date de 1987. La Cnas le fait pour la France et trouve anormal de ne pas le faire pour le secteur privé algérien. Cherchez l’anomalie.
Pour conclure, au nom de quelle justice sociale 5 millions de cotisants prélevés à la source devraient payer les soins d’autres Algériens ? Sans aucune transparence et ceci depuis 1968. Avec, en prime, l’humiliation faite sciemment à l’Algérie sur la dette dite privée. De plus, avec l’appel d’air pour les spécialistes algériens de novembre 2017, les patients qui partent seront soignés par des Algériens en France. Que cesse cette mascarade.
S. A.

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