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LA CRISE ATTISE LA CURIOSITÉ DES CITOYENS Questions orales aux abords de l’APN

Photo : Samir Sid
Photo : Samir Sid

La crise qui secoue l’APN a pris l’allure d’un véritable feuilleton qui n’est pas sans intéresser les Algériens. Car, tout autour de l’hémicyle, des scènes méconnues du grand public démontrent quotidiennement cette manière peu commune qu’ont adoptée des citoyens pour donner leur avis sur une affaire pas comme les autres.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Et il faut dire que cette matinée du jeudi 18 octobre intéresse un peu plus particulièrement l’opinion dans l’attente d’un «vainqueur». Dans la terminologie populaire, la question se pose cependant tout autrement : «Bouhadja a-t-il fait marche arrière ? S’est-il plié à la volonté de ceux qui lui demandent de démissionner, ou continue-t-il à leur tenir tête ? Est-il venu comme il l’avait promis.» Les personnes qui circulent tout autour du Parlement ne sont pas interrogées par les groupes de journalistes postés depuis des jours autour du Parlement. Ce sont eux qui viennent s’enquérir des faits auprès des représentants des médias et faire part de leurs interrogations. Un sexagénaire vêtu d’une longue gandoura verte traîne le pas pour se faire remarquer. Lorsque son regard croise celui d’une journaliste, il n’hésite pas à foncer : «Ce que je veux, c’est comprendre pourquoi ils font cela, est-ce parce qu’il leur a tenu tête, c’était pourtant leur ami ?» Une discussion s’enclenche immédiatement avec un autre citoyen tout aussi intéressé par le débat : «Ce Bouhadja, moi je ne le connais pas, mais ils ont réussi à le rendre sympathique aux yeux des Algériens parce qu’ils veulent le destituer illégalement. Vous connaissez notre société, les gens se dressent toujours du côté de la victime.» Conscient de cette réalité, le président de l’APN avait tenté de jouer sur cette corde sensible en allant s’attabler sur une terrasse pour y siroter un café peu de temps après que sa garde rapprochée lui eut été retirée. Très peu pour arrêter la machine en place…
Un feuilleton pas comme les autres
Des policiers chargés de monter la garde devant la porte principale de l’Assemblée confient être quotidiennement harcelés de questions de passants sur ce qu’ils appellent «le feuilleton». Comme tous, ils assistent à des scènes qu’ignore le grand public. Celle qui consiste par exemple à voir des véhicules ralentir et des chauffeurs sortir leur tête pour provoquer des députés qui se font interviewer par des chaînes de télévision. «Alors, il n’est toujours pas parti ?» D’autres klaxonnent ou lancent ouvertement le nom du président de l’APN. Ces scènes ne provoquent aucune réaction des députés qui se font interviewer par les chaînes de télévision. Pas plus que celle des policiers davantage affairés à faire respecter l’interdiction d’entrer des journalistes au sein du Parlement si ces derniers ne sont pas accompagnés de députés. Informés de la présence en masse des médias, certains citoyens n’hésitent pas non plus à faire le déplacement pour exposer leurs problèmes. Une femme avoue être spécialement venue de Bachdjarrah pour demander «aux autorités» de l’inscrire dans le programme de relogement. «S’il vous plaît, dites-leur de venir nous voir, j’habite depuis plus de vingt ans dans un bidonville, mon mari est sans emploi, j’ai trois enfants. Nous vivons avec les rats. Venez prendre des photos, je mets des bidons emplis de tessons (bouts de verre) devant les lits pour piéger ces sales bêtes… Dites-leur, c’est la famille…» Des passants l’écoutent, lancent des regards curieux. Le bâtiment abritant le Parlement s’est transformé en grand lieu d’attraction où les journalistes campent depuis plus de deux semaines. Aujourd’hui, l’animation est beaucoup plus intense. Des équipes s’affairent à remplacer les emblèmes de la nation en prévision du 1er Novembre. Sous l’œil des caméras, des députés se saisissent des drapeaux encore enroulés pour y déposer un baiser. Des chauffeurs rattachés à l’APN lustrent les véhicules luxueux tout en gardant les yeux fixés sur les scènes qui se déroulent aux abords de l’institution. Les journalistes des télévisions très suivies par les Algériens ont la cote et se font questionner sur les évènements en cours. Ce matin, un débat sérieux a été enclenché pour tenter d’élucider le «mystère des chaînes» placées pour empêcher Saïd Bouhadja d’accéder au Parlement. Les images de cette situation ont été, dit-on, diffusées à l’échelle internationale. Sur la chaîne Echourouk, un député de l’alliance anti-Bouhadja affirme en direct qu’elles ont été placées par un employé de l’APN. Piqué au vif, un responsable nie catégoriquement les faits. Des journalistes l’écoutent attentivement. Puis tous s’écartent pour laisser passer les députés qui sont de plus en plus nombreux à arriver. La commission juridique doit se réunir à 14h pour se prononcer sur «la vacance du poste de président de l’APN» décrétée la veille par le Bureau de l’Assemblée. L’agence gouvernementale (APS) avait elle aussi diffusé une dépêche reprenant le «constat». Des noms circulent, ceux d’anciens ministres connus pour leur proximité avec les cercles de décideurs et pouvant remplacer le président déchu. Depuis lundi dernier, celui-ci n’a plus été revu à l’APN. Des groupes de députés se sont rassemblés mardi matin devant la porte de l’hémicycle afin de l’empêcher d’y accéder. Dans une déclaration à plusieurs médias, il avait, cependant, annoncé son intention de se présenter à son bureau. Mais un message clair lui avait été adressé par ses opposants : «Il vaudrait mieux qu’il ne se déplace pas pour éviter tout dérapage.»
A. C.

 

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