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Approvisionnement de l’Espagne en gaz algérien Sonatrach veut revoir ses prix à la hausse

Il y a une année, alors que les prix des matières premières étaient à des niveaux ayant mis dans tous leurs états producteurs et consommateurs, Sonatrach et son client espagnol Naturgy avaient convenu, après une petite crise, de renégocier leurs contrats de gaz, les ajustant à la baisse, les Ibériques évoquant la difficile conjoncture financière induite par la pandémie. Mais ne voilà-t-il pas que mercredi dernier, plusieurs publications espagnoles ont relayé une information qui en dit long sur la fébrilité qui a gagné les pays consommateurs en manque de gaz au moment où le marché flambe.
En plus de la flambée des prix du gaz sur le marché mondial depuis plusieurs mois, c’est pour ainsi dire un autre dommage collatéral de la fermeture depuis le 31 octobre dernier du gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui est en train de prendre forme. Selon plusieurs titres de la presse espagnole, donc, Sonatrach, premier fournisseur de gaz de l'Espagne, veut «mettre à jour» les méga-contrats d’un montant de 20 milliards d’euros avec Naturgy.
En langage plus clair : Sonatrach veut revoir à la hausse le prix du gaz qu’elle livre à l’Espagne. Il est mis en relief dans les mêmes écrits le fait que bien que les autorités algériennes et espagnoles, au plus haut niveau, aient convenu que l'approvisionnement en gaz du marché espagnol par Sonatrach était garanti par l'autre gazoduc, le Medgaz, qui relie directement les deux pays sans passer par le Maroc, mais ce qui n’a pas été précisé par les deux parties, c'est à quel prix sera désormais cédé le gaz algérien à l’Espagne. Ainsi, la publication online Libremercado rappelait qu’il y a quelques semaines, la ministre de la Transition écologique et troisième vice-présidente du gouvernement, Teresa Ribera, promettait que l'approvisionnement en gaz en Espagne ne manquerait pas, mais elle n'a pas parlé de prix.
Pour une autre publication, Expansion pour ne pas la nommer, ses sources lui ont confié que ce qu’a demandé Sonatrach ce sont «des mises à jour de prix ordinaires» des méga-contrats que les deux sociétés ont signés.
Pour Expansion, la prochaine «mise à jour» doit se matérialiser à compter du 1er janvier 2022 et d’expliquer que Sonatrach veut désormais profiter de la hausse des prix du gaz sur le marché international pour coupler ces contrats à la nouvelle réalité du secteur, tout comme l'inverse s'est produit il y a un an, lorsque Naturgy et Sonatrach avaient renégocié leurs méga-contrats, les ajustant à la baisse à un moment de chute brutale des matières premières. «La négociation a été vécue comme une affaire d'État. Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, s'est rendu en Algérie pour servir de médiateur. Ensuite, l'Espagne a compris qu'elle payait des primes pour une matière première qui s'était effondrée sur les marchés internationaux à cause du Covid et de son effet domino.
La pandémie avait déclenché une forte baisse de l'activité économique, qui a engendré une baisse de la demande, qui, à son tour, a entraîné un effondrement des prix du gaz de près de 40% entre janvier et octobre. À l'automne de l'année dernière, il y avait dans le monde entier une offre excédentaire de gaz naturel liquéfié transporté par méthanier, avec des centaines de navires en itinérance à des prix d'aubaine. Cela a encore accentué les primes que l'Espagne payait à l'Algérie pour acheminer le gaz par les gazoducs GME et Medgaz», écrit Expansion avant de décrire l’état actuel du marché du gaz, totalement bouleversé pour aboutir à une situation, maintenant, tout le contraire de celle d’il y a un an. «Plus de demande que d'offre et une pression à la hausse sur les prix, c'est pourquoi Sonatrach veut revoir les prix, pour les augmenter», explique la publication en ligne dans son article daté de mercredi dernier.
Des craintes sérieuses sont émises par l’auteur de l’article qui souligne que les accords d'approvisionnement en gaz avec l'Algérie ont toujours été une question extrêmement délicate pour la fragile stabilité du système énergétique espagnol. «Pratiquement tout le gaz naturel consommé en Espagne provient de l'étranger. Parmi ces importations, la dépendance vis-à-vis du gaz algérien a diminué au fil des ans.
Mais l’Algérie reste le premier fournisseur. En 2020, sur cent mètres cubes de gaz entrant sur le marché espagnol, trente provenaient d'Algérie. Le deuxième exportateur de gaz vers l'Espagne l'année dernière étaient les États-Unis, avec 16%», nous apprend la publication selon laquelle «un problème d'approvisionnement en gaz (pour l’Espagne) n'a pas seulement un impact sur ce secteur mais également dans le système électrique, puisque certaines centrales électriques utilisent du gaz pour fonctionner. Une partie de la hausse des prix de l'électricité cette année est due précisément à la hausse du prix du gaz. En 2020, pour la troisième année consécutive, les approvisionnements en provenance d'Algérie sont tombés en dessous de 50%. Parmi les entrées de gaz vers l'Espagne, 62,7% l'ont été par méthaniers et 37,3% par gazoduc, notamment GME et Medgaz, bien qu'il y en ait aussi avec le Portugal et la France. C'est un pourcentage si élevé que la fermeture du GME a mis les nerfs à fleur de peau. Maintenant beaucoup plus si on ajoute la tension de la révision des prix.
C’est dire donc combien la demande de Sonatrach de réviser les prix du gaz est en train de mettre l’Espagne sous forte pression. L’Espagne, dont le gouvernement, doit-on le rappeler, eu égard à la facture des ménages qui a grimpé de 30% en une année à cause de la forte évolution du prix du gaz, a décidé de renoncer provisoirement au prélèvement de certaines taxes pour alléger la facture des consommateurs et, en contrepartie, de réclamer aux énergéticiens une contribution exceptionnelle sur leurs bénéfices. Autrement dit, il s’agira de limiter, de façon temporaire, les bénéfices des compagnies elles-mêmes impactées par la montée des prix du gaz.
Azedine Maktour

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