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Rubrique Actualités

ÉCOLE Soulagement et appréhensions

Par Ahmed Tessa
Le suspense a pris fin pour les millions d’élèves, leurs parents et les personnels de l’éducation. Le Conseil des ministres a entériné la décision portant sur les modalités de reprise scolaire.
Que peut-on tirer de cette décision ? De prime abord, un soulagement. Mais au-delà, bien des zones d’ombre persistent qui méritent d’être éclaircies. Il y va de la crédibilité des prestations de notre institution éducative dont l’image est peu reluisante auprès de l’opinion publique. Et ce, depuis quelques décennies. La décision politique ainsi prise, il revient de lire ses motivations et ses impacts.
A l’évidence – et ça se justifie — elle a été dictée par la situation sanitaire qui prévaut dans le pays. La gestion de l’épidémie – même si celle-ci n’est pas aussi dramatique que dans d’autres pays – a souffert d’un cafouillage suite à l’ouverture de certains commerces. S’en est suivie une situation au fil du rasoir. L’absence de discipline tant individuelle que collective a fait planer un effet de nappe (propagation géographique). Ajoutez à cela, l’impuissance d’un système de santé malmené par des décennies de précarité logistique et qui ne peut compter que sur la formidable mobilisation de son personnel.
Dans un tel contexte de fragilité structurelle, le pouvoir politique ne pouvait envoyer au charbon des millions d’élèves et des centaines de milliers de personnels de l’éducation. D’où le soulagement des parents et des partenaires sociaux Cela est triste pour nos enfants mais c'est la seule décision à prendre au vu de l'inconscience de certains citoyens et la faiblesse des moyens de prévention sanitaire dans nos établissements scolaires. Mais, il nous faut savoir raison garder. Des problèmes inévitables vont se présenter. S’il est plus facile de confiner – quoique partiellement – toutefois reprendre le travail sera plus ardu et complexe. Outre les exigences sanitaires, il y a des problèmes d’ordre psychologique et pédagogique.

Problèmes
Avec un retour en septembre, cela fera une rallonge de vacances forcées de six mois pleins. Une durée anormale qui pourra engendrer des conséquences fâcheuses sur le devenir scolaire d’une certaine catégorie d’élèves. Deux spectres à éviter à tout prix : les décrochages scolaires, refus de retourner à l’école et l’illettrisme, baisse drastique du niveau des apprentissages engrangés jusque-là. Les spécialistes en chronobiologie dédiés aux rythmes scolaires prédisent cette baisse/altération du niveau des connaissances/apprentissages scolaires. C’est un cas de figure qui apparaît lors de toute rupture prolongée du lien scolaire/éducatif. L’élève algérien est en plein dedans. Que faire pour éviter ces deux obstacles ?
Annonce a été faite d’une télévision éducative. Idée pertinente qui sommeille depuis 2010. Quoique la date trop rapprochée de son lancement, le 19 mai, a de quoi laisser perplexe. Espérons seulement que ses initiateurs ont eu la latitude de répondre aux exigences d’un cahier des charges approprié en la matière. Il s’agit d’un défi difficile mais passionnant que celui qui consiste à accrocher un auditoire de niveaux hétérogènes. En particulier les élèves éligibles au décrochage. Pour ce faire, il faut les intéresser, les amener à se concentrer, à se remotiver pour la chose scolaire et de façon attrayante. Concernant les programmes télévisé futurs, il ne s’agira pas de leçons du 3e trimestre mais de révisions des trimestres déjà entamés, voire des notions fondamentales des années scolaires précédentes. L’objectif réel est de remettre à niveau les élèves. D’ailleurs, la décision de reporter les deux examens du brevet et du bac sonne comme un désaveu/disqualification des cours dispensés par le ministère de l’Education nationale via Youtube et la télévision.
Si par malheur, cette télévision éducative venait à rater son lancement et ainsi, voir les élèves s’en détourner, le relai serait pris par les charlatans/commerçants. Ces vendeurs de cours sauvages qui travaillent en clandestins depuis belle lurette dans les caves, garages et appartements, voire au sein même des établissements scolaires et autres infrastructures de l’État. Sans foi, ni loi, ces vautours peuvent braver le Covid au nom du dieu dinar. Ils jouent sur l’irresponsabilité des parents et l’angoisse des enfants.
Et il paraîtrait que le confinement actuel ne les a pas mis au chômage. A moins d’une vigilance, jusque-là absente, des services concernés par la fraude fiscale et le commerce sauvage : les impôts, les services de sécurité, d’hygiène des APC, l’administration du registre de commerce. A la satisfaction quasi générale devant la suppression de l’examen de 5e AP (en attendant celle du BEM), répond la douloureuse question du crédit à accorder aux deux autres examens. Avec deux trimestres bouclés mais chahutés par les six mois de « diète » et un troisième trimestre hypothétique, les résultats risquent d’envoyer au palier supérieur (lycée et université) des lauréats handicapés lourdement. Ils auront été les victimes d’une situation inédite et indépendante de toute volonté.
A moins de réfléchir dès maintenant au protocole pédagogique pour la reprise de septembre et réduire le nombre de jours et d’épreuves. Et comme suggéré par certains syndicats, ne laisser que les disciplines de spécialité indispensables pour la poursuite des études dans le cycle supérieur.
Toutefois, les périodes de passation de ces examens telles que fixées en Conseil des ministres ne laissent pas d’espace horaire pour une bonne préparation à ces deux échéances. A moins de mettre à profit le temps qui nous sépare de septembre pour affiner le dispositif et les protocoles pédagogiques et sanitaires. Il reste les élèves des autres classes non concernés par les examens de fin de cycle. Il est impératif de leur accorder une période de révision avant de leur faire entamer les leçons essentielles du 3e trimestre, à la rentrée de septembre. Dans une émission à la Chaîne 2, Meziane Meriane, S/G du Snapest, suggère d’avancer cette rentrée à la dernière semaine d’août. Idée intéressante qu’il faut creuser.
Nos enfants ont aussi besoin d’accompagnement psychologique. Cette TV éducative pourrait en être le relais idoine avec des émissions faisant intervenir des spécialistes en sciences psy. Les autres médias lourds ont, malheureusement, brillé par leur absence dans ce travail – ô combien utile – de sensibilisation dite de thérapie. Il est vrai que ce n’est pas dans leurs cordes de mettre en avant l’intelligence algérienne. Et on s’étonne que celle-ci préfère s’exiler pour enrichir un ailleurs plus clément. Nos TV et journaux dits privés sont préoccupés par le « salut » de leurs téléspectateurs : prêches en veux-tu en voilà, des émissions de voyeurisme social, d’interprétation des rêves, de rokia. En conclusion, à quelque chose malheur est bon.
Faisons en sorte de déclencher une réflexion de fond pour évaluer ladite réforme de l’école algérienne et changer de cap pour aller vers une réelle refondation. Dépassé et archaïque, l’actuel paradigme pédagogique et organisationnel qui dicte le tempo à nos pauvres têtes brunes et blondes. Et pour preuve, cet imbroglio des examens et de la reprise des cours.
A. T.

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