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Vaccin anti-Covid-19 : la course folle

Chinois, Américains, Russes, Européens et d’autres encore, tous s’y sont mis en injectant des moyens colossaux, aussi bien matériels et financiers que… politiques. C’est que la course au vaccin anti-Covid vaut le coup, tous les coups qui relèguent au rang de petite guéguerre les désormais mémorables prises de bec, des deux ou trois premiers mois de la pandémie, entre les défenseurs de la chloroquine et certains laboratoires.
Généralement, il faut des années pour développer un vaccin, mais les calendriers fixés au plus haut niveau des pouvoirs les plus puissants au monde, comme c’est le cas aux États-Unis où le Président Donald Trump ne s’est pas du tout gêné pour mettre dos au mur les laboratoires et les hommes les plus influents de l’industrie pharmaceutique pour leur imposer un agenda, pour trouver LE vaccin contre le Covid-19 dans des délais qui défient toutes les raisons scientifiques même si on est en plein dans une ère où il ne reste plus grand-chose relevant du domaine de l’impossible. «Warp Speed (à la vitesse de la lumière)» comme l’exige le slogan adopté par l’Administration Trump, donne lieu depuis plusieurs semaines aux informations les plus «invraisemblables», selon des scientifiques, sur les avancées enregistrées dans la recherche du fameux vaccin destiné à enrayer la maladie. Avant l’élection présidentielle de novembre pour laquelle le Président Trump n’y va comme s’il allait pour une balade de santé, à cause, entre autres, de sa démarche préventive contre la propagation du virus aux États-Unis qualifiée de catastrophique par plus d’un chroniqueur, voire même personnalité du même bord. Ceci, sans parler de l’enjeu financier pour lequel il ne faudrait pas être un génie afin de comprendre qu’il est immense, le plus gros coup financier de ce début de troisième millénaire.
Si l’on doit se fier à la très contestée Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de vaccins les plus «sérieux», ceux ayant passé des tests d’évaluation dans des essais cliniques sur l’homme, sont passés de 11 en juin à 25 à la fin juillet. Ainsi, et pour l’exemple, le 7 juillet dernier, les porte-parole de Donald Trump annonçaient avoir accordé 1,6 milliard de dollars à Novavax, la société américaine de développement de vaccins basée dans le Maryland, pour réserver aux États-Unis les 100 millions de premières doses de son vaccin en cas d’efficacité prouvée.
L’objectif de l’opération «Warp Speed» lancée par Trump est d’arriver à sortir 300 millions de doses d’un vaccin d’ici le début de l’année prochaine, destinées exclusivement aux Américains. Ceci n’est qu’un exemple, parce que les États-Unis se sont lancés dans une opération à plusieurs milliards de dollars dans des projets rivaux pour financer les essais cliniques des uns et des autres et éventuellement s’atteler à la construction de sites de production de ces vaccins. Une stratégie qui, s’il faut croire certaines publications américaines spécialisées, fonctionne bien puisque un vaccin d’une biotech américaine a été le premier des 160 vaccins «en course» dans les laboratoires à travers le monde à atteindre la phase 3 des tests cliniques. «L’opération Warp Speed crée un portefeuille de vaccins pour augmenter les chances que nous ayons au moins un vaccin sûr et efficace dès la fin de l’année», déclarait alors Alex Azar, le secrétaire US à la Santé et aux Services sociaux. Avant de se mettre en partenariat avec Novavax, l’Administration américaine s’était engagée pour plus de 2 milliards de dollars dans la recherche pour le vaccin anti-Covid 19 avec, entre autres laboratoires, ceux dont le monde entier ne cesse d’entendre parler ces toutes dernières semaines, à l’instar d’AstraZeneca pour plus d’un milliard de dollars et Moderna pour près d’un demi milliard de dollars.
Une course qui multiplie les chances que le vaccin soit trouvé même si, à fin juillet, le plus grand nombre des essais n’avaient pas encore dépassé la phase 1, consistant en l’évaluation de la sécurité du produit, au mieux la phase 2, celle où commencent les tests d’efficacité du produit. À ce «jeu», ils ne sont pas nombreux parmi la multitude de projets de vaccin à avoir donné satisfaction. Le passage à la phase 3, celle lors de laquelle l’efficacité du produit est mesurée à grande échelle, ne concerne pas plus de quatre vaccins candidats, aux dernières nouvelles. Il y a un peu plus d’une semaine, c’est le projet de la biotech Moderna qui doit entamer ses tests sur 30 000 personnes volontaires aux États-Unis. L’autre potentiel vaccin est le produit des intenses recherches des laboratoires d’AstraZeneca, associés à l’Université d’Oxford, qui ont étalé les essais de la phase 3 à travers la Grande-Bretagne, l’Afrique du Sud et le Brésil. Et puis, il y a les deux produits des laboratoires chinois Sinopharm, testés sur 15 000 volontaires, et Sinovac qui a prévu de voir les résultats sur 9 000 membres de personnels de la santé au Brésil, un des pays les plus touchés au monde par la pandémie.
Les Russes semblent, quant à eux, avoir pris de court tout leur monde. Là où l’on éprouve un mal fou à passer les phases requises pour les tests, malgré les millions de dollars dépensés et des formations d’alliances parfois surprenantes, les Russes ont réussi à mettre au point, en fait, deux vaccins. Le 21 juillet dernier, le vice-ministre de la Défense annonçait, en effet, que des «conclusions définitives des résultats des tests avaient été tirées» suite aux tests du vaccin développé par des virologues de l’armée avec le concours des spécialistes du centre d'épidémiologie et de microbiologie Gamaleïa. «Au moment de quitter l'hôpital, tous nos volontaires sans exception ayant constitué une immunité contre le coronavirus se portaient bien», affirmait l’officier supérieur russe dans des propos rapportés par la version online de Sputnik News. Il y a deux jours, lundi, le directeur général du Fonds russe pour les investissements directs (RFPI) annonçait, lui, que la Russie avait entamé des pourparlers pour la production de son vaccin au Brésil et en Inde. Ce n’est pas tout ! Le centre national russe de recherche en virologie et biotechnologie Vector est passé le 27 juillet dernier au stade des essais cliniques de son vaccin contre le Covid-19 sur 300 volontaires. Le laboratoire compte démarrer la production de son vaccin en novembre, a fait savoir son directeur général.
La course «folle», lancée à coups de millions de dollars, au vaccin miracle n’est pas finie avec l’avancée de la biotech Moderna et des autres vaccins admis à la phase 3 des tests. Des paris financiers monumentaux sont engagés, des alliances sont contractées par des laboratoires jusqu’à il y a à peine quelques mois n’étaient pas ce qu’on pourrait appeler des amis, des pays parmi les plus puissants qui se «chamaillent» comme l’ont fait les États-Unis et l’Allemagne lorsque Trump voulait offrir à l’Amérique la biotech CureVac, les partisans de techniques bien définies qui s’opposent pour arriver au vaccin tant recherché, tout cela augure des semaines très mouvementées dans un monde qui, finalement, découvre qu’entre la réalité et les scénarios dépeints par une multitude de fictions, la frontière n’est pas si grande que cela, au grand malheur des milliers de morts et des millions de contaminés d’autres potentielles victimes qui, maintenant, s’accrochent à la plus optimiste des prévisions, émise par l’Agence européenne du médicament (EMA), qui annonce un vaccin pour le début 2021 alors qu’aux États-Unis, par exemple, un vaccin anti-Covid19 cet automne n’est pas chimérique.
Azedine Maktour

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