Actualit�s : SINISTRES DE BOUMERDES
Des chalets au ghetto


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1er Partie
DOSSIER REALISE PAR ABACHI L.

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Ins�curit�, manque d’eau et d’hygi�ne, maladies, ch�mage � plus de 80%, promiscuit� — certaines familles s’entassent � 12 personnes dans un 36 m�tres carr�s —, et maux sociaux dont la consommation des drogues pour fuir une malvie des chalets “transform�s sous la chaleur caniculaire de l’�t� en v�ritables cocottes-minute”, pour paraphraser un occupant de Bordj- Mena�el. Des cas de prostitution clandestine nous ont �t� signal�s notamment � Bordj- Mena�el o� des islamistes sont de retour pour moraliser les sinistr�s qui se seraient �cart�s du droit chemin.
“Depuis la remise des cl�s dans des conditions que vous savez, l’Etat nous a d�laiss�s.” Alors que la situation commandait de mettre des instruments fiables et des hommes courageux pour g�rer une situation exceptionnelle, l’opacit� et l’impr�cision ont g�n�r� des trafics concernant l’attribution des chalets. A ce jour, aucune liste de b�n�ficiaires n’est disponible dans aucune commune, l'allocation de l’aide de 200.000 DA, destin�e aux sinistr�s qui ont vu leurs habitations effondr�es et qui ont perdu leurs affaires personnelles a �t� une aubaine pour certains �lus pour se servir et servir leurs proches. Aujourd’hui encore, les travaux de confortement ne sont pas termin�s. Pis, 15 mois apr�s la secousse tellurique, des d�cisions de d�molition de certains immeubles qui font courir des risques aux voisinages et aux passants dans une rue tr�s fr�quent�e notamment � Bordj-Mena�el ne sont pas ex�cut�es. A ce jour, des familles sont toujours h�berg�es sous des tentes au douar Benouali de cap Djenet. S’agissant du relogement d�finitif, la majorit� les h�berg�s dans le pr�fabriqu� ne se font pas d’illusions ; les plus optimistes tablent sur un s�jour qui avoisinerait le quinquennat, tout au plus 20 % des sinistr�s seraient relog�s selon l’engagement gouvernemental sit�t le programme des constructions lanc�es r�cemment r�alis�. “Le reste de la population sera, je le crains fort, rattrap�, sous les m�mes toits, par la prochaine d�cennie”, estime un jeune universitaire d’un camp de Corso. Par ailleurs, le sentiment d’abandon est exacerb� par l’absence de l’Etat, la d�sertion du mouvement associatif et le m�pris affich�, aux dires des citoyens, par les �lus locaux d�cri�s par tous les rescap�s du 21 mai. Interrog� sur la situation de la wilaya post-s�isme, un �lu du FFS � l’APW de Boumerd�s d�plore la mauvaise gestion : “L’argent est disponible mais c’est la gestion rationnelle qui fait d�faut. De plus les APC n’ont plus de moyens et la majorit� des entreprises sollicit�es ne jouent pas le jeu ; elles ne sont int�ress�es que par le gain facile et rapide.” De son c�t�, cette assembl�e de wilaya ne cache pas ses appr�hensions. A cet effet, elle fait appel � l’intervention du premier magistrat du pays. Dans le rapport consacr� au s�isme, on peut lire : “A l’avenir, la situation se compliquera davantage d’autant plus que les besoins sociaux iront en augmentant. Nous craignons le ralentissement du d�veloppement de notre wilaya, voire sa r�gression par rapport aux autres r�gions…” Certes, il y a bien des responsables qui d�ploient quotidiennement des efforts colossaux pour prendre en charge les dol�ances des sinistr�s, cependant, ces autorit�s r�gionales ne sont pas soutenues par un tissu institutionnel performant et de base cr�dible. De plus, ces efforts ne s’ins�rent pas dans un programme national transparent et assum� par tous. D�s lors, leur labeur devient � chaque fois un coup d’�p�e dans l’eau. La crainte de voir � terme les 101 sites de plus de 20.000 chalets se transformer en ghettos, d’autant plus que la majorit� des sinistr�s sont issus des cit�s, quartiers populaires ou des villages et hameaux d�j� atteints par la pr�carit� due � la crise �conomique durable, n’est pas un risque encouru seulement par la seule wilaya de Boumerd�s. En effet, si des mesures radicales ne sont pas prises, ces camps deviendront de v�ritables poudri�res pour tout le pays. L’argent � lui seul ne suffit pas, avouait, au sujet de la prise en charge des difficult�s de citoyens, M. Zerhouni, ministre d’Etat, ministre de l’Int�rieur et des Collectivit�s locales. Cette confession manifeste d’une haute autorit� int�ress�e par la gestion de l’apr�s-s�isme laisse supposer qu’il manque de la technicit� et de l’action dans la d�marche gouvernementale. A chacun d’assumer ses remises en cause. Nous avons visit�, en d�but de semaine, des sites de plusieurs communes. Pour les sinistr�s rencontr�s, le constat est malheureusement amer.
A. L.

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BORDJ-MENAIEL
Les boissons alcoolis�es vendues aux portes des chalets

A l’entr�e du site des 400 chalets de la ZI construits � l’ouest de la ville, deux baraques en roseaux et t�le ont �t� �rig�es � quelques pas des habitations en pr�fabriqu�. Elles servent de commerce aux boissons alcoolis�es, d’apr�s les dires du voisinage.

Plus loin, un commer�ant clandestin a carr�ment bouch� un chemin pour am�nager un troisi�me d�bit de boissons qui fait face, � une dizaine de m�tres, � l’entr�e d’une caserne militaire. Selon les sinistr�s du site, aucune autorit� ne s’inqui�te de ces lieux tout � fait illicites et source de beaucoup de probl�mes. A propos de l’�coulement des drogues, la r�ponse nous est venue d’un confr�re : “C’est le Chicago de la drogue.” Faisant allusion � plusieurs sites de la localit�. Un autre sinistr� du site de la ferme-pilote mitoyenne de la BCR comprenant 300 chalets nous d�clare : ”Un chalet est utilis� sp�cialement pour �couler de la drogue.” Questionn�s, plusieurs sinistr�s n’ont pas d�menti des informations faisant �tat d’habitations utilis�es comme lieux de prostitution. “Nous n’avons pas d’�lus ni d’APC”, nous a dit avec une vive col�re M. Hamzoui , 37 ans, p�re de 4 enfants, licenci� de l’APC pour avoir, selon lui, d�fendu ses droits de sinistr�. Il en veut particuli�rement au vice-pr�sident de cette institution, le docteur Ouzeriat. “Pour avoir manqu� de respect � ma m�re, nous en sommes venus aux mains. Il avait dit � ma m�re : "Va, que la mer t’emporte !"” affirme l’homme en col�re. Il nous d�crira par la suite le calvaire quotidien de sa famille et de ses voisins. “Ces chalets sont de v�ritables cocottes-minute. La chaleur est � l’origine de beaucoup de maladies, particuli�rement l’asthme, qui est tr�s r�pandu, l’hypertension caus�e par le stress qui est toujours vivace et les difficult�s quotidiennes. Voyez l’hygi�ne ! Les ordures s’entassent, les citernes d’eau sont vides et non conformes pour le transport de l’eau potable. Quand il pleut, les chalets deviennent des marres d’eau. Les r�seaux d’assainissement mal faits d�gagent des odeurs naus�abondes !” Sur la plupart des sites que nous avons visit�s ce vendredi, les travaux de viabilisation sont toujours en cours. La promiscuit� est un probl�me qu’affrontent bon nombre de familles comme celle de M. Bouarif Rabah, 59 ans. “Nous sommes 11 personnes, dont un de mes enfants mari�, � vivre dans le m�me chalet de 36 m�tres carr�s”, se plaint-il. A ces difficult�s s’ajoutent des probl�mes de transport surtout pour les coll�giens et les coll�giennes. “Sous la canicule ou sous la pluie, ils attendent les bus dans un terrain d�pourvu de toute s�curit�.” Concernant les petits, une �cole de 6 classes est en cours de construction. Selon le conducteur des travaux, elles devaient �tre livr�es avant la rentr�e scolaire de septembre ; mais ce technicien reste �vasif s’agissant des travaux annexes, � savoir les murs de sout�nement, la cl�ture… A rappeler que plusieurs �l�ves du primaire faisaient quotidiennement plus de neuf kilom�tres pour rejoindre leurs classes � Tizi n’Ali Slimane. M. Hamzaoui revient � la charge pour mettre en exergue la mauvaise gestion de l’APC en posant une question qui sous-entend bien des choses : ”O� sont pass�es les tonnes de dons de m�dicaments ?” Et d’ajouter : “La majorit� des b�n�ficiaires de chalets ne sont pas des sinistr�s et ne sont m�me pas des enfants de Bordj.” Pour �tayer ses dires au sujet de cas de hograsubis par certaines familles de la ville, il nous citera le malheur d’une dame, Mme Tahanouti Yamina, sinistr�e, et � qui, selon lui, une habitation de secours aurait �t� refus�e. Pas loin du site des 300 chalets de la fermepilote, 120 habitations en pr�fabriqu� avec des sanitaires collectifs sont en cours de construction mais le chantier est � l’arr�t au motif, d’apr�s un �lu de l’APW, que l’argent manque. Sur le point de quitter les lieux, nous avons rencontr� M. Hadri Mohamed, 45 ans, journalier et p�re de 5 enfants, dont une fillette de 9 ans handicap�e � 100%. “La pauvre, elle a endur� toute la canicule � l’int�rieur du chalet. Si nous avions une chaise roulante, ses fr�res pourraient la faire sortir de temps � autre pour prendre l’air.” Questionn� sur l’aide du mouvement associatif local, c’est M. Hamzaoui qui r�pondra : “Les associations sont pr�sentes uniquement lorsqu’il y a un int�r�t pour les responsables.” Au centreville de Bordj-Mena�el, la situation n’est gu�re reluisante. Et pour cause, les rues de march�, pas loin du th��tre o� active le c�l�bre dramaturge Fetmouche, sont jonch�es d’ordures. Il s’y d�gage une mauvaise odeur de sardines pourries devant les commerces de la rue Amirouche. Justement dans cette grande rue, � hauteur du march�, sur le trottoir sud, six b�tisses pr�sentent un danger certain pour les passants de cette avenue tr�s fr�quent�e. En effet, dans les locaux du rez-de-chauss�e de ces b�tisses coll�es les unes contre les autres, les commer�ants activent toujours, alors que les murs du premier �tage de ces vieux b�timents qui donnent sur le trottoir se sont effondr�s et de grosses pierres qui risquent de tomber � tout moment sont rest�s en l’�tat. Selon des indiscr�tions, les propri�taires des lieux ont vu leurs maisons class�es rouge par le CTC, tandis que les locataires des locaux commerciaux auraient eu des fiches du m�me CTC au vert, ce qui ne les obligerait pas � �vacuer les locaux. Par contre, les ex-occupants du premier �tage qui ont quitt� leurs logements auraient �t�, bien entendu, class�s rouge. “C’est � ne rien comprendre aux techniques du b�timent”, s’exclame un ancien Bordjien. Ce dernier nous montre l’�norme hangar en ruine appartenant � une soci�t� priv�e. La partie du b�timent rest�e debout est lugubre et risque de s’�crouler sur plusieurs villas occup�es par des familles. “M�me le tribunal risque d’en p�tir en cas d’effondrement”, pr�cise notre guide. De plus, malgr� son �tat, le hangar est utilis�, � en croire notre vis-�-vis, pour stocker des marchandises exposant ainsi les manutentionnaires aux multiples dangers. Attabl� � la terrasse d’un caf�, M. Ikherbine, ancien �lu de l’APW, nous montre les grandes fissurations d’une maison situ�e sur la grande avenue puis conclut : “La majorit� de ces b�tisses qui ont 134 ans d’�ge ont �t� class�es au rouge ; par cons�quent, elles doivent �tre d�molies � titre pr�ventif. Mais c’est la fuite des responsabilit�s et aucune autorit�s ne prend la d�cision. L’Etat est absent et nous n’avons plus d’APC !”, dit-il avec amertume. Le Tout-Bordj parle des 200 000 DA affect�s, en violation des articles du d�cret ex�cutif r�gissant la gestion de cette aide, aux proches des �lus. D’ailleurs, le chef du gouvernement a �t� saisi � ce sujet par lettre dont une copie est en notre possession. A ce propos, on nous a cit� le cas de la cit� de la For�t class�e rouge mais qui ne s’est pas effondr�e. Pour le reste, les commer�ants du rez-de-chauss�e demeurent sur place. Le b�timent comprend 66 studios, mais l’Etat aurait d�bours�, selon nos informations, 200 000 DA � chacun des 135 b�n�ficiaires suppos�s r�sidants de cette cit�. Une simple soustraction r�v�lera aux communs des mortels qu’il y aurait 69 attributaires en trop. Par ailleurs, plusieurs studios ont �t� squatt�s ces derniers jours.
A. L.

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HAOUCH BENOUALI CAP-DJENET
Des familles toujours sous les tentes

Au d�but du mois d’octobre 2003, lorsque nous nous pr�sent�mes au village pour nous enqu�rir aupr�s des habitants de ce bourg des difficult�s relatives � la prise en charge par les autorit�s des s�quelles du s�isme, pour toute r�ponse un jeune de la localit� avait tenu ces propos � la hauteur de la frustration ressentie et de la col�re r�elle : “Nous sommes limog�s de la soci�t�.” Depuis cette date, la situation a-telle chang� pour ces villageois ? Pas �vident, puisque � ce jour des familles sinistr�es occupent des tentes. En compagnie d’un confr�re d’un quotidien r�gional arabophone, nous avions rendu visite aux Benabri. En effet, le p�re et ses deux rejetons, tous les deux mari�s, occupent deux tentes �rig�es au milieu du haouch familial subitement devenu d�sertique apr�s le tremblement de terre du 21 mai. Selon l’une des jeunes femmes, les trois familles se composent de 9 personnes entre enfants et adultes. A l’interieur des tentes dans lesquelles ces familles dorment et font leur cuisine, elles ont construit une chaumi�re en terre et roseaux. M. Saddedine Mohamed occupe avec ses 8 enfants quelques restes de baraque que son vieux p�re lui a c�d�e aux c�t�s d’une �table d’o� se d�gagent de tr�s fortes odeurs. Sous un hangar, une tente a �t� dress�e. Personne ne pourrait rester plus de dix minutes dans ce lieu. Le fils, Noreddine, 19 ans, nous a expliqu� que les autorit�s avaient class� leur ancienne maison � l’orange IV mais vu son �tat d�labr� son p�re dut se r�soudre � la d�molir pour reconstruire. “Nous devions normalement toucher 700 000 DA de l’Etat, cependant, seuls 290 000 DA nous ont �t� vers�s. Le reste aurait �t� revers� au bureau d’�tudes, nous dit-on.” Effectivement, la nouvelle construction comprend uniquement le parterre et les murs. A noter que tous les sinistr�s de la wilaya se plaignent de cette aide au confortement qui est amput�e constamment d’une partie du montant. De son c�t�, Sebbagh Redouane, handicap� � 100%, s’estime l�s� par les techniciens du CTC, puisque, selon lui, son unique pi�ce qu’il occupait avec sa femme et son enfant, situ�e � l’int�rieur du haouch familial, a �t� d�truite par le s�isme mais class�e vert II d’apr�s le diagnostic fait � la b�tisse parentale. Mme Guesbi Yamna, 80 ans, mais toujours en verve, quant � elle, ne d�col�re pas contre les autorit�s qui, dit-elle, l’ont compl�tement abandonn�e. Dans ce village de plusieurs milliers d’habitants, tous les ingr�dients de la ghetto�sation sont r�unis : exclusion, ch�mage malvie des jeunes, pauvret�, absence d’infrastructures communes (sant�, �cole, activit�s socioculturelles,..), la majorit� des habitations sont construites avec des mat�riaux rudimentaires (terre, t�le en zinc et roseaux). A l’origine, ces villageois occupaient les hameaux qui cernaient les hauteurs de la commune de cap Djenet et qui �taient tr�s pauvres, l’arm�e coloniale les avait regroup�s dans cette cuvette isol�e au pied du massif de Sahel Bouberak.
A. L.

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ZEMMOURI
Pas d’eau depuis 15 jours

Au site des chalets de Saf-Saf Nabi install� � la limite ouest de la commune de Zemmouri et qui regroupe les sinistr�s des zones �parses de la commune, c’est le manque de s�curit� et d’eau qui revient couramment dans les discussions avec les rescap�s du 21 mai 2003. 450 familles dont 150 parmi celles qui ont perdu leurs maisons occupent l’endroit. Interrog� sur la pr�sence de l’APC, Loun�s El-Fellah, p�cheur de son �tat, estime qu’on ne pouvait rien attendre de cette institution : “Elle est sinistr�e, elle ne dispose d’aucun moyen !” Par la suite, il nous fera part de ses inqui�tudes en mati�re de s�curit�. “ Il y a trop de bagarres et d’incivilit�s”, proteste-t-il avant de faire �tat d’un incendie qui avait ravag� un chalet sans que les sapeurs-pompiers puissent intervenir. Il nous montre les bouches d’incendie qui ne sont pas raccord�es au r�seau d’AEP et qui ne servent absolument � rien. “Ce sont des millions de dinars gaspill�s.” Il nous signale un d�faut commun � tous les chalets, il s’agit des infiltrations des eaux de pluie. Questionn� sur l’aide � la reconstruction accord�e aux sinistr�s ayant une habitation individuelle, le p�cheur, rejoint par l’un de ses voisins, reste dans l’expectative : “Nous ne savons rien et nous risquons de rencontrer un obstacle relatif � la possession de l’acte de propri�t�.”
A. L.

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BOUDOUAOU
Un l�ger mieux

Rencontr� dans son modeste bureau, au centre culturel de la ville, qui lui sert de lieu de travail, M. Mahsas, l’un des rares maires � mettre de l’ardeur et de la passion pour mieux pr�sider aux affaires de sa commune, se montre optimiste concernant sa localit�. “Nous avons distribu� pas moins de 1300 chalets dans 10 sites que compte la commune. Quelques chalets seront attribu�s aux cas sociaux. Les probl�mes qui subsistent � ce jour se rapportent aux travaux de confortement et aux diff�rentes indemnisations aux sinistr�s”, nous a-t-il d�clar�. M. Mahsas est conscient que tous les h�berg�s sous les chalets ne seront pas relog�s avant la fin de l’ann�e prochaine puisque, pour l’heure, sa commune n’a b�n�fici� que d’un quota de 950 logements en dur dont les travaux viennent � peine d’�tre entam�s. Toutefois, cette APC ne reste pas les bras crois�s. Elle compte exploiter au maximum la manne financi�re d�vers�e par l’Etat pour lancer un programme de r�habilitation de la ville en mati�re de route, AEP, assainissement,… Chez les sinistr�s de cette commune, surtout ceux du site du Plateau � l’ouest de la ville, l’usure du temps pass� sous les tentes et les difficult�s quotidiennes dans les chalets commencent � produire leur effet sur le mental de ces citoyens. “Ce pays nous a us�s !” crie avec col�re Amar, un p�re de 5 enfants. Ses voisins l’ont rejoint et ils ne se sont pas priv�s pour nous relater leur calvaire durant cet �t�. “La chaleur est insupportable. Beaucoup de maladies sont apparues comme l’asthme, le diab�te, l’hypertension, les maladies cardiovasculaires… Et la pauvret� !” Les anciens habitants de la cit� des 605-Logements, photos � l’appui, s’en prennent au CTC et � l’OPGI qui leur demande, semble-t-il, de regagner leur domicile. “Jamais ! M�me si on me tuait ! Regardez le travail b�cl� et le trafic ! Quelles garanties de s�curit� ai-je pour rentrer chez moi ?” Effectivement, les photos montrent des murs en b�ton cisaill�s au milieu. Un autre nous relate une aberration, selon lui, des services techniques se rapportant � une b�tisse class�e rouge. Le permis de d�molition aurait �t� �tabli, mais, d’apr�s lui, cette demeure a �t� confort�e avec des d�fauts criants. Aucun d’eux ne s’attend � quitter les chalets avant plusieurs ann�es. Ils d�plorent, en outre, l’absence des ONG et le manque de s�curit�.
A. L.

BOUMERDES
Manque de s�curit� et de transport

“D�s les fins d’apr�s-midi, les mauvaises odeurs qui arrivent � nous deviennent plus fortes que les gaz de Saddam Hussein”, ironise un habitant du site Derriche de 200 chalets qui sont mont�s � quelques dizaines de m�tres de la station d’�puration des eaux us�es de Boumerd�s. Un peu plus loin, au sud et � l’est de ce site, deux grands poulaillers sont install�s. Les r�sidants montrent l’�tat de la route qui est dans un �tat de d�gradation avanc�e. “Une fois qu’elle subira les averses hivernales, elle sera impraticable. De plus les travaux autour des chalets, notamment les palissades, ont �t� abandonn�s.” Tel est le diagnostic qui nous a �t� �tabli par un groupe de jeunes de la cit�. Les �coliers, quant � eux, �prouvent mille et une difficult�s pour rejoindre leurs classes au centre-ville, � quelques kilom�tres. “Nous esp�rons que les responsables se pencheront sur le probl�me du transport d’autant que l’hiver approche.” “En outre, des �nergum�nes r�dent dans les environs pour importuner les lyc�ennes alors que les gendarmes ne font que des rondes espac�es”, ajoutent ces jeunes. Au camp de Seghirat, abritant les sinistr�s de Boumerd�s, majoritairement des agents de Sonatrach ainsi que des sinistr�s de la commune de Thenia, le sentiment d’abandon est fort. “ A chaque fois que l’�lectricit� est coup�e, nos enfants sont terroris�s et commencent � sangloter car le site est vraiment isol�”, raconte une m�re de famille ? Les chalets sont sans cl�ture. Par cons�quent, d�s que les occupants ouvrent leurs portes, ils se retrouvent directement soit dans la rue soit sur un terrain vague. Leur intimit� n’est point pr�serv�e et leur s�curit� non assur�e. Apr�s avoir d�clin� notre identit�, une famille compos�e uniquement de femmes nous invite chez elle. La m�re, d’un �ge avanc�, est malade. Dans cette famille de 5 personnes, deux filles sont handicap�es et abandonn�es par leur p�re. C’est une famille qui venait de la cit� des 1200- Logements de Boumerd�s. Les probl�mes de cette famille sont ceux de toutes celles des camps de chalets, � savoir le sentiment d’injustice et d’abandon v�cu de mani�re tangible quotidiennement. Lorsque l’on avait pos� la question � l’une des jeunes femmes, �tudiante en droit � Ben Aknoun, sur la prochaine rentr�e, cette derni�re fit une moue qui en disait long sur ce qu’elle pensait au sujet de cette rentr�e.
A. L.

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CORSO
Camp des 188 chalets, site mod�le

C’est l’un des premiers villages en pr�fabriqu� � accueillir les rescap�s du s�isme. B�ti dans une ancienne EAC, il est bien am�nag� et propre. En plus des commodit�s courantes, les autorit�s ont install� une antenne du Croissant-Rouge alg�rien qui a r�ceptionn� des �quipements pour ouvrir, � l’intention des jeunes filles sinistr�es, des ateliers de formation de coiffure pour dames, de couture et de broderie. Une association d’aide psychologique a install� ces quartiers dans un chalet qui lui a �t� attribu�. De m�me que l’association �cologique de Boumerd�s active en direction de l’enfance et des personnes �g�es. L’�tat des lieux se distingue par la propret� et la bonne tenue des environs. Et pour cause, ce site a eu le privil�ge de recevoir le chef de l’Etat lors de sa tourn�e dans la wilaya la veille de l’A�d El Kebir et � quelques mois du scrutin d’avril. Une autre personalit�, M. Nycolas Sarkosy en l’occurrence, du temps o� il �tait ministre d’Etat, ministre de l’Int�rieur et candidat potentiel en 2007 � l’Elys�e, avait rendu visite � ce camp et s’est entretenu avec un sinistr� qui se trouve �tre un �lu � l’APW de Boumerd�s. D’ailleurs, M. Sarkosy qui �tait accompagn� de plusieurs repr�sentants des m�dias fran�ais n’avait pas manqu� de f�liciter, � l’occasion, les autorit�s alg�riennes pour leur promptitude � prendre en charge les s�quelles du s�isme du 21 mai 2003.
A. L.

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