Actualit�s : GRANDS BLESSES DU TREMBLEMENT DE TERRE DE MAI 2003
Victimes du s�isme et de l’oubli de l’Etat


DOSSIER REALISE PAR ABACHI L.
2e PARTIE ET FIN

 

Quelle frustration devrait �tre celle que ressentent les bless�s du 21 mai 2003 ? On constate que des citoyens qui ont perdu des biens ont �t� aid�s, dans le cadre de la solidarit� nationale, par l’Etat tandis qu’eux, qui ont �t� atteints dans leur chair et qui ont perdu, pour certains, � jamais leur autonomie, sont les grands oubli�s de cette manne financi�re d�vers�e par les pouvoirs publics.
Questionn� � ce sujet M. Derdache, le directeur de l’action sociale (DAS) de la wilaya de Boumerd�s, nous dit que pour le moment les hautes autorit�s du pays n’ont donn� aucune instruction au sujet de ces bless�s. Nous avions rencontr� deux d’entre eux, et en d�pit des difficult�s li�es � la vie de tous les jours et aux s�quelles de leurs blessures, nous n’avons senti aucune animosit� de leur part � l’endroit des institutions de l’Etat. Mad�ne Rabah, 49 ans, �tait ing�nieur dans le secteur du b�timent chez un priv� de la commune de Bordj Menaiel. Ce p�re de 5 enfants avait sauv� la vie � plusieurs membres de sa familles — il avait malheureusement perdu 3 des siens — avant qu’il soit ne rattrap� par la d�ferlante du 21 mai. “Apr�s avoir port� secours aux victimes, c’�tait � mon tour d’�tre secouru. Et je ne devais la vie sauve qu’� l’intervention de mon �pouse”, nous confie-t-il avec une teinte de fiert� et d’affection pour celle qui partage des jours � combien difficiles pour eux � cause de son handicap qu’il esp�re passager mais long, sinon impossible � gu�rir. En effet, le jour du s�isme, un mur lui est tomb� sur le bassin causant un �crasement de cette partie du corps. Une hospitalisation de 7 mois � Tizi Ouzou et des op�rations chirurgicales ne sont pas venues � bout de son mal. Il ne se fait malheureusement pas des illusions quant � la gu�rison imm�diate, mais ce sont plus les d�penses qu’il n’arrive plus � assurer qui l’inqui�tent davantage. “Je suis rest� 18 mois sans le moindre revenu ; c’est gr�ce � la solidarit� que je pouvais r�gler mensuellement les 5000 � 6000 DA pour l’achat des m�dicaments en plus de deux scanners. De plus je dois subir une autre op�ration pour l’extraction de deux plaques, cela co�tera une fortune. La caisse de s�curit� sociale m’a pay� uniquement les trois mois d’assurance (juin, juillet et ao�t 2003) puis plus rien. Quant � mon employeur, il est tout simplement aux abonn�s absents”, dit-il avec beaucoup de dignit� et sans col�re. En effet, le salaire de son �pouse enseignante ne suffit pas � subvenir aux besoins de la famille qui compte cinq enfants scolaris�s dont un � l’universit�. Pour lui il n’est pas question de c�der � la fatalit� : “Mentalement, je suis pr�t � reprendre mon travail pour mettre mes 14 ann�es d’exp�rience au service de mon pays, mais c’est physiquement que je ne pourrai pas le faire.” Pour lui si l’Etat lui a permis d’occuper une habitation en pr�fabriqu� avec sa famille, il aurait pu lui venir en aide pour faire face aux difficult�s �conomiques induites par son immobilisation et faire face aux d�penses exorbitantes pour les soins : “J’ai introduit un dossier aupr�s de la da�ra de Bordj Menaiel, mais la r�ponse est � l’heure actuelle n�gative.” La seconde victime, Bouchiba Djillali, 56 ans, p�re de 5 enfants lui aussi, fellah, membre d’une EAC � Corso, a �t� amput�e du pied gauche. Bouchiba ne travaille pas actuellement, mais sa situation �conomique n’est pas dramatique gr�ce � une partie des b�n�fices que lui versent, jusqu’� pr�sent, ses associ�s. Il avait introduit, selon lui, un dossier aupr�s de la Casnos, caisse d’assurance pour les fonctions lib�rales, la r�ponse qui lui avait �t� signifi�e : vous n’�tes pas handicap� � 100%. S’agissant de l’indemnisation, de la part de l’Etat, aucune information ne lui est parvenue � ce jour. A. L.

 

 

LES SINISTRES CLASSES ORANGE III ET IV REFUSENT D'EVACUER LES CHALETS
J’y suis, j’y reste !

Un bras de force entre les pouvoirs publics et les sinistr�s dont les logements class�s orange III et IV et lesquels �taient en confortement pointe � l’horizon. En effet, plusieurs de ces logements ont �t� r�ceptionn�s d�s le mois de juillet dernier, notamment � Boumerd�s et Zemouri, et ont �t� remis aux locataires et propri�taires sans que ces derniers eussent restitu� les chalets qui leur ont �t� affect�s provisoirement. A Boudouaou, des sinistr�s nous ont jur� qu’ils ne c�deront pas les habitations en pr�fabriqu� “quoi qu’il advienne, m�me si on me passerait sur le corps !” Avait promis l’un d’eux sous l’approbation unanime de ses voisins. La raison invoqu�e : les travaux de confortement de leurs habitations de la cit� des 605-Logements sont mal faits et n’offrent pas suffisamment de s�curit�. Mais si l’argument tient quelque peu la route, la motivation r�elle, par contre, est � chercher ailleurs. C’est connu, la crise de logement que le pays tra�ne comme un boulet depuis des d�cennies avait r�duit les espaces vitaux des familles qui se sont retrouv�es � vivre � plusieurs entit�s sous un m�me toit. Le TOL (taux d’occupation des logements) avoisinait dans la wiaya de Boumerd�s les 7 personnes par logement, et ce, bien avant le s�isme. Ce taux est consid�r� comme tr�s �lev� par rapport aux normes nationales. Par ailleurs, certains sinistr�s, m�pris�s et frustr�s depuis longtemps, se sentent en position de force pour s’adjuger ce que les pouvoirs publics leur avaient refus�. D’ailleurs � la suite de discussion avec bon nombre de ces citoyens, il s’est av�r� que le probl�me de promiscuit� est la raison qui pousse ces attributaires � s’accrocher � cette perspective qui pourrait aussi se transformer en logement en dur : “Et puis, je suis alg�rien et je n’ai b�n�fici� de rien dans ce pays.” C’est invariablement l’argument d�fendu par la majorit� de ces citoyens r�calcitrants. A. L.

 

INDEMNISATION DES PARENTS DES VICTIMES DECEDEES LORS DU SEISME
1 469 dossiers apur�s � Boumerd�s

Selon le chiffre qui nous a �t� communiqu� par M. Derdache, directeur de l’action sociale (DAS) de la wilaya de Boumerd�s, 1 469 dossiers relatifs � l’indemnisation des ayants droit des victimes d�c�d�es lors du s�isme du 21 mai 2003 ont �t� apur�s. Rappelons que le d�cret ex�cutif n� 03/284, instaurant une indemnisation de 700 000 DA pour chaque victime d�c�d�e, a �t� sign� tr�s rapidement apr�s la catastrophe qui a ravag� le centre du pays. Interrog� sur le sort des orphelins laiss�s apr�s ce drame, le directeur de l’action sociale ne cache pas sa satisfaction : “Dans ce domaine la solidarit� familiale a jou� pleinement au profit des enfants qui avaient perdu leurs parents et qui ont �t� tous pris en charge par leurs proches familles. D’ailleurs, c’�tait la solution privil�gi�e par nous et par la justice qui �tait la tutrice l�gale de ces enfants pendant un laps de temps.” Concernant l’aide � l’installation de 200 000 DA, en application du d�cret pr�cit�, 10 491 demandes ont �t� r�gularis�es, et la liste n’est pas close. Or, selon le bilan officiel rendu public par la wilaya de Boumerd�s, seules 9 416 habitations se sont effondr�es ou class�es rouge. Bien que cette indemnit� soit attribu�e aux termes de l’article 4 dudit d�cret aux seules familles ayant “perdu leurs �quipements et effets suite au s�isme”, et avec des dossiers pr�cis�ment valid�s, selon M. Derdache, par les commissions au niveau des neuf da�ras de la wilaya, ce nombre �lev� par rapport � la r�alit� sera diversement interpr�t�. Pour les uns, plusieurs familles habitaient sous le m�me toit, pour d’autres se fut un cr�neau juteux pour certains. On nous cite volontiers l’exemple de cet �lu qui a fait passer 6 dossiers dans deux communes de la m�me da�ra en son nom, au nom de son �pouse et de sa prog�niture. Une autre indemnit� a �t� attribu�e aux sinistr�s qui souhaitaient louer un logement en attendant d’�tre relog�s d�finitivement. Dans la wilaya de Boumerd�s, 3 057 demandes ont �t� fianc�es. A rappeler que selon les articles 6 et 7 du d�cret cit� plus haut, cette indemnit� qui �quivaut � 15 000 DA/mois pour le milieu urbain et 8 000 DA/mois en zone rurale, est vers�e pour une p�riode de 18 mois sur pr�sentation d’un re�u de loyer. L� aussi, comme dit la vox populi, il y a � boire et � manger. En effet, nous avons � constater un cas concret d’un citoyen qui dit avoir �t� l�s� par le CTC qui avait inscrit sa modeste demeure, qu’il occupe toujours d’ailleurs, vert II au lieu de l’orange IV. En cours de discussion, il s’est av�r� qu’il a b�n�fici� de cette allocation dite de logement provisoire. L’Etat “�lectoraliste” avait g�n�reusement d�li� les cordons de sa bourse. A. L.

 

SITES DES CHALETS DE BORDJ-MENAIEL
Retour des milices islamistes ?

Un citoyen de Bordj-Menaiel nous a appel� par t�l�phone au d�but du mois d’ao�t pour nous faire part de ses inqui�tudes concernant des islamistes qui tentaient d’instaurer une gestion s�curitaire au sein des sites de chalets de Bordj-Menaiel de fa�on � imposer, selon notre vis-�- vis, leur discours id�ologique. A vrai dire cette information ne nous a pas �t� confirm�e par d’autres sources. N�anmoins lors de notre passage dans cette localit�, au d�but de la semaine derni�re, cette question a �t� abord�e avec plusieurs citoyens. Il y a ceux qui avaient d�menti et d’autres qui �vitaient de nous donner une r�ponse claire. Or, un �lu dans une institution importante, lui-m�me sinistr� et qui a insist� pour garder l’anonymat, a �t� plus loquace : “Effectivement, ils sont venus deux fois, toujours de nuit, dans deux sites � la recherche, selon eux, de voleurs qui �cument les demeures de sinistr�s. Ils �taient tous barbus et portaient des kamis. Ils sont probablement une trentaine repartis en trois groupes. Ils ont dit qu’ils auraient �t� autoris�s par la police mais je ne les ai pas vu exhiber de papiers. Contrairement � leur habitude, ils n’ont souffl� aucun mot aux deux vendeurs clandestins de boissons alcoolis�es ; c’�tait un peu paradoxal.” Est-ce le retour programm� des milices islamistes ou tout simplement une tentative vaine de se r�approprier un terrain rendu accessible par la conjoncture difficile dans une localit� travers�e par une p�riode rendue p�nible par l’absence sur le terrain de certaines institutions, civiles, alors que les services de s�curit� ont fort � faire face aux terroristes du GSPC, singuli�rement dans cette ville ? Il y a lieu de rappeler que les islamistes avaient saisi l’occasion du retard mis par les pouvoirs publics � l’�poque pour se d�ployer sur le terrain aux cot�s des sinistr�s pour justement, essayer, au lendemain du s�isme, de reprendre l’initiative sur le terrain de l’action sociale mais ils ont �t� tr�s vite submerg�s par l’�lan de solidarit� venu de tous les coins d’Alg�rie. A. L.

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