Actualit�s : AMNISTIE G�N�RALE
Tremplin pour la r�conciliation nationale


Le pr�sident de la R�publique trouve une issue � son projet de "transformer la concorde civile en r�conciliation nationale". Le stratag�me arr�t� est simple : recourir � une amnistie g�n�rale afin d’exhorter une autre fois les terroristes des groupes islamiques d’abandonner le terrain de la violence arm�e contre d’�ventuels privil�ges dans le cadre de la r�conciliation nationale. C’est la seconde fois, en l’espace de trois ans, que le chef de l’Etat d�cide de mesures de cl�mence envers les hordes int�gristes : la gr�ce amnistiante d�cr�t�e en 2000 a permis particuli�rement � des milliers d’islamistes de l’Arm�e islamique du salut (AIS) de jouir pleinement de leurs droits civiques. Le pr�sent geste de cl�mence de Bouteflika est de toute �vidence adress� aux irr�ductibles du GIA et du GSPC. Retour sur une capitulation politique qui ne dit pas son nom.
Nadir Benseba - Alger (Le Soir) - Aucun signe avant-coureur, pourtant, ne s’est manifest� pour attirer l’attention des observateurs sur une pareille sortie du chef de l’Etat durant les festivit�s de comm�moration de la date du d�clenchement de la guerre de Lib�ration, le 1er Novembre 1954. Mieux encore, le pr�sident de la R�publique, qui �tait, mercredi dernier, l’h�te des d�put�s � l’Assembl�e nationale, s’est distingu� avec un ton des plus virulent � l’�gard des terroristes . Des terroristes qui ont pr�f�r� tourner le dos aux avantages accord�s par la gr�ce pr�sidentielle. "La c�l�bration du cinquanti�me anniversaire du d�clenchement de la R�volution sera l’occasion de remettre les pendules � l’heure et de lever toutes les ambigu�t�s. La lutte contre le terrorisme n’ob�it � aucun chantage ou calcul (…) la r�conciliation n'est nullement synonyme de soumission � ceux qui ont sem� le d�sordre et ont �t� � l'origine de l'effusion de sang et terni l'image de la religion. Que ceux qui ont commis des crimes contre le pays doivent l'admettre car la r�conciliation nationale signifie la r�conciliation des cœurs et doit permettre � chaque Alg�rien de voir en son fr�re le reflet de l'Alg�rie et de ses aspirations." Des d�clarations qui n’ont tenu que le temps de leur communication. Rien ne restait en effet de ce discours, quelques jours plus tard, � l’occasion du 1er Novembre, lorsque le pr�sident de la R�publique se pr�sente devant les cam�ras de la t�l�vision du pouvoir pour faire part aux Alg�riens de son intention d’aller vers l’organisation d’un r�f�rendum en faveur d’une amnistie g�n�rale. L’homme, qui a choisi ainsi cet �v�nement pour annoncer la nouvelle, ne fixe pas de date du d�roulement de cette consultation populaire. Fait-il courir le temps en attendant que la chose m�risse ou est-ce un rappel des troupes pour se pr�parer � accompagner cette d�cision ? Le concepteur de la d�marche prend le soin toutefois de donner l’impression d’un politique respectueux des formes l�gales. Il affirme � ce propos que "m�me avec le large score obtenu lors des �lections ceci ne lui donne pas carte blanche" pour affronter des situations "qui rel�ve de la souverainet� populaire". Mais le projet du pr�sident ne date pas d’aujourd’hui. L’id�e de passer de la loi sur la concorde civile � une situation de r�conciliation nationale globale a �t� abord�e avec insistance par Bouteflika lors de la campagne �lectorale aux derni�res �lections pr�sidentielles. Il en a fait m�me un des principaux th�mes de sa campagne. Saisissant ses multiples sortis � l’int�rieur du pays comme ses passages dans diff�rentes cha�nes de t�l�vision, le candidat d’alors au scrutin de 2004 n’a pas m�ch� ses mots pour affirmer en substance : "Les r�sultats de la concorde civile demeurent insuffisants afin de ramener la paix et il est temps d’aller plus loin dans nos efforts pour garantir une v�ritable r�conciliation nationale." En tout �tat de cause, le locataire du palais d’El- Mouradia n’a pas manqu� d’affirmer lors de son dernier discours � la nation que "la concorde civile a �t�, en toute franchise, le point de d�part vers une r�conciliation plus globale (…) Il s'agit de permettre � l'Alg�rien de surmonter ses frustrations et son d�sespoir, de d�passer la confrontation meurtri�re et la division pour vivre au sein d'une soci�t� o� r�gnent l'entraide, la paix civile, la s�curit� et la libert� politique et intellectuelle. Le but �tant d’amorcer, avec confiance, le d�veloppement �conomique et l'�dification civilisationnelle (…) Des projets modernes susceptibles d'avoir un impact positif sur la vie sociale et politique de la nation". Cela dit, durant la p�riode de pr�-campagne �lectorale d’avril dernier, des rumeurs ont �t� sciemment distill�es par des cercles proches du pouvoir �voquant la possibilit� d’organiser "des juridictions sp�ciales pour des repentis � l’origine de la disparition d’Alg�riens appartenant � la mouvance islamiste arm�e". D’o� cette conclusion, relativement admise chez les observateurs, qui assurent que "l’amnistie g�n�rale permettra, en plus de r�soudre l’�pineux probl�me des disparus, de mettre d�finitivement entre parenth�se la crise qui a secou� le pays depuis 1992, mais sans toutefois apporter des solutions partag�es par tout le monde". Les juristes contact�s, hier, attestent de leur c�t� que l’amnistie g�n�rale concerne des cat�gories de personnes qui ont particip� dans des �v�nements politiques contre l’Etat et ne concerne nullement les personnes emprisonn�es de droit commun ou impliqu�es dans des crimes de sang. Il reste toutefois que le pr�sident de la R�publique peut �ventuellement �tendre cette amnistie aux cat�gories de personnes incrimin�es dans des affaires �conomiques.
N. B.

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable