R�gions Est : ANNABA
Les “oubli�s” de la Coquette


Annaba, boulevard du 1er-Novembre. Les belles boutiques align�es, les voitures rutilantes, les enfants de riches qui se pavanent arborant leurs portables, se prenant en photos les uns les autres en riant aux �clats heureux.
Beaus�jour, Saint- Cloud, Chapuis, quartiers hupp�s de somptueuses villas aux jardins fleuris et bien entretenus, quartiers r�sidentiels o� il fait bon y vivre et o� le bruit est interdit de s�jour. Sidi-Brahim, Tabaccop, ici, c’est une autre dimension, un autre monde, un sous-d�veloppement qui s’exprime dans toute sa “splendeur”, la mis�re y a �lu domicile et mord � belles dents dans des corps fr�les que m�me les rayons de soleil n’arrivent pas � toucher. Une inscription en noir dans les deux langues sur un mur d�labr� et l�zard� par des fissures qui courent le long de tout l’�difice. “Ici bidonville. O� sont les autorit�s ?” renseigne sur la d�tresse des habitants. Au cœur de la Coquette, les bienfaits de l’ind�pendance n’ont pas encore cours et en constatant les conditions de vie de ces gens, on est tent� de croire qu’ils font partie de ces Intouchables dont on parle en Inde. Un semblant de porte en bois vermoulu avec un bout de fil de fer pour enfermer 24 familles (pr�s de 120 personnes) et les soustraire du regard. A l'int�rieur, des abris de fortunes en t�les ondul�es, fournaises en �t� et glaci�res en hiver. Une petite fontaine d’o� coule un mince filet d’eau situ�e au centre d’une courette minuscule et au fond des toilettes collectives, o� le matin on fait la cha�ne pour se soulager. Les habitants que nous avons rencontr�s, certains sont l� depuis 1962 sont tous d�sesp�r�s et ne croient plus en rien. Pour la vielle Fatma, m�re de six enfants, dont le plus jeune est �g� de 27 ans : “Je vis dans cette baraque depuis pr�s d’un demisi�cle, mes enfants n’ont jamais connu l’intimit� d’une chambre bien � eux, des promesses, nous en avons eu � sati�t� et nous n’y croyons plus, on en est gav�s et nous attendons que le Bon Dieu veuille bien nous aider.” Pour Hocine, 26 ans un beau jeune homme blond, il n’y a plus d’espoir “je suis fianc� depuis 5 ans et je ne peux pas me marier, je ne peux pas ramener ma femme vivre dans ces conditions et avoir des enfants, ce serait un crime !”. Le premier �tage d’une b�tisse v�tuste menace ruine et risque de s’effondrer � tout moment sur ses occupants. “J’ai peur de dormir moi et le vieux dans cette baraque, alors chaque soir, je vais chez les voisins qui m’h�bergent.” Lors de la derni�re visite du pr�sident � Annaba, les services de s�curit� ont fait effacer les inscriptions et interdit aux habitants de sortir. En novembre 2001, le pr�sident de l’APC avait promis � ces familles de les recaser dans les 15 jours qui suivaient sa visite mais cela n’avait pas �t� fait. Le nouveau maire, s’est lui aussi d�plac� sur les lieux et avait ordonn� le recensement des habitants pour les recaser, mais l� encore c’est rest� � l’�tat de promesse. Nous avons tent� � deux reprises d’avoir � ce sujet une entrevue avec le premier magistrat de la ville en vain. A la wilaya, on nous dit qu’une �quipe de techniciens de la DUC avait recens� les habitations qui menacent ruine et que cela sera trait� au cas par cas. Pour le recasement des autres, certains seront int�gr�s dans le programme du logement participatif et les autres b�n�ficiaires bient�t et selon les disponibilit�s de logements sociaux. Ces 24 familles ont beaucoup souffert et continuent de souffrir, ne peut-on pas pour une fois, leur rendre la joie de vivre et redessiner le sourire sur la bouche des adultes comme pour les enfants, pour qu’ils puissent eux aussi rire aux �clats et �tre heureux de vivre dans cette Alg�rie qui s’appr�te � f�ter le 50e anniversaire de la R�volution ?
M. Rahmani

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