P�riscoop : BAZOOKA
PAR MOHAMED BOUHAMIDI mbouhamidi2001@yahoo.fr
Alger, minuit


Alger, centre-ville. Le 31 octobre au soir. Dans le silence, des dizaines d’enfants forment une longue file sous les arcades des immeubles du Front-de-Mer pr�s de la Wilaya. Ils attendent minuit, le minuit d’il y a cinquante ans, le minuit qu’ont choisi des hommes durs, d�termin�s, volontaires pour d�clencher la guerre de Lib�ration. De ces hommes, ils ne savent rien. A peine le nom de quelques-uns. Ils ne savent rien non plus des hommes qui ont pr�par� les attaques du 1er Novembre.
Et vous-m�me d’ailleurs, connaissez-vous leurs noms ? Je ne vous parle pas des dirigeants, des chefs. Je vous parle des djounoud. Ils n’�taient pas des milliers et pourtant nul ne poss�de la liste de leurs noms, une simple liste de quelques dizaines d’hommes mal arm�s qui allaient affronter une grande puissance militaire. Qui �taient-ils ? Que pensaient-ils ? D’o� venait leur conviction ? De quoi r�vaientils ? Ailleurs, dans Alger, d’autres enfants attendaient minuit. Dans des Maisons de jeunes ou sur les places publiques. Ils donnaient des spectacles : chorales, chants patriotiques, fanfares. Les parents faisaient le plein des salles et des places. C’est plus sympathique que les enfants tenus en discipline dans le froid et c’est plus porteur. Vous avez beau faire, la comparaison s’impose d’elle-m�me. Pour les �lections ou pour le football, Alger a connu des atmosph�res de liesse et de foule nettement plus importantes. Nous avons vu plus de drapeaux et d’embl�mes de la nation pour des rencontres de sport. Dans les mains des jeunes comme sur les balcons. Pourtant El- Bahdja, radio tr�s �cout�e, a invit� les gens � pavoiser et � aller chercher ou acheter des drapeaux s’ils n’en avaient pas. Vous me direz que la diff�rence saute aux yeux. Le foot, c’est une affaire populaire, organis�e, v�cue, anim�e par le peuple lui-m�me. Les mairies ont beau faire, cela reste une organisation bureaucratique, ob�issant � des directives avec les structures et les moyens habituels. Bon, je vous comprends, mais n’allez pas me dire que dans les faits nous sommes oblig�s de constater que ce cinquanti�me anniversaire n’a pas �t� une f�te populaire. Ce serait terrible et tout aussi terrible d’en comprendre le pourquoi.
M. B.

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