Actualit�s : 3 ANS APR�S LES INONDATIONS
Les blessures pans�es de Bab-El-Oued


Trois ann�es se sont �coul�es depuis la d�ferlante et aucune trace ou presque n’est visible de la trag�die de Bab-El-Oued.Dans les quartiers o� des centaines de corps ont �t� engloutis par les eaux en furie, o� plusieurs habitations ont �t� ensevelies, trois ann�es plus tard, ces m�mes quartiers qui ont refait peau neuve, ne gardent plus de s�quelles. A quelques jours de l’A�d- El-Fitr, la rue Rachid- Kouache, le boulevard Colonel-Lotfi grouillent de monde.
Magasins de chaussures et de v�tement sont pris d’assaut par des p�res et m�res de familles paniqu�s de n’avoir pas encore trouv� la tenue de leurs petits. Les vendeurs, quant � eux, ne sachant plus o� donner de la t�te, ont presque oubli�, que le 10 novembre 2001 dans ces m�mes rues et venelles, les montagnes de glaise, avaient happ� bon nombre d’�choppes. C’est par bribes , entre deux clients, qu’ils r�pondent � nos questions. “Bien s�r, l’on se souvient de cette nuit du vendredi � samedi, tous ces v�hicules emport�s par les crues en furie, tous ces morts flottants sur des eaux boueuses, mais, comme vous pouvez le constater, il n’y a aucune empreinte du drame. Des immeubles ont �t� d�molis, des placettes, des espaces verts, des stades, construits, ce qui du reste est une bonne chose, car Bab-El-Oued respire dans ce nouveau d�cor, et avec le temps, on a tendance � chasser de nos esprits les horribles souvenirs, seules les familles qui ont perdu les leurs, continuent � les pleurer”. Les passants, pressant le pas, trop pr�occup�s � remplir leurs couffins ou � �cumer les articles d’habillement ou de chaussures, �voquent furtivement l’apocalypse. “Le 10 novembre, qui peut oublier ? mais le temps panse les blessures”. Les femmes, pour leur part, surtout celles qui ont enterr� des proches sont inconsolables. “Nul ne peut �teindre la braise qui br�le le cœur de toutes ces m�res qui ont perdu leurs enfants noy�s dans les eaux, mais que voulez-vous, la vie est plus forte, et c’est gr�ce � notre foi que nous continuons � survivre. Les gens comme � chaque fin de Ramadhan, font leurs emplettes pour accueillir l’A�d-El-Fitr, sans oublier de se recueillir sur la tombe des disparus”, nous dira non sans une pointe de tristesse Zahia, une vieille dame. Le malheur l’a �pargn�e, mais elle compatit profond�ment avec celles dont le cœur est meurtri. Kamel, la vingtaine, ne peut s’habituer � son nouveau lieu de r�sidence � Birtouta : “Je ne peux me passer, ne serait-ce qu’une journ�e, de venir revoir mes copains de quartier. Je suis n� ici, j’y ai v�cu, ce n’est pas facile de se retrouver en pleine campagne loin de l’ambiance de Bab-El-Oued”, nous confie-t-il sur un ton de nostalgie. Karim, ce jeune vendeur d’articles de sanitaires, ne risque pas d’oublier le 10 novembre : “Je devais partir en voyage, mon passeport �tait rang� dans le tiroir d’un bureau, le local ayant re�u plus de cinquante centim�tres d’eau, il a failli �tre emport� par les flots. Mon premier souci �tait de le r�cup�rer. Il a �t� �pargn� de justesse. Ce serait faux de dire que la page a �t� tourn�e sur ce samedi noir, d’autant que des jeunes du m�me quartier ont p�ri ce jour-l�”, il n’oublie pas le 10 novembre, car lui aussi a d�gag� avec ses copains de la boue qui couvrait rues et trottoirs. Au centre commercial Sa�d-Touati o� ont �t� transf�r�s bon nombre de commer�ants de l’ancien march� de Triolet, les commer�ants sont d��us, � l’instar de cet ancien moudjahid. D�pit�, il regarde tristement, son �talage. “Je n’ai rien vendu depuis ce matin, hormis quelques paires de chaussettes. Depuis que nous sommes install�s dans ce centre, c’est presque la faillite. Nous payons un loyer de 6 000 DA, dans un centre, situ� en face du cimeti�re et qui ferme d�s que la nuit tombe, ce n’est gu�re fait pour vendre”. Pour lui, rien n’est comparable au march� de Triolet, o� tout se vendait � des prix imbattables et o� la location des espaces ne d�passait pas les 700,00 DA. Si les avenues, boulevards ou rues, qui n’�chappaient pas � l’œil, les s�quelles du drame ne sont plus visibles, en revanche sur les hauteurs de Triolet, que l’on ne voit pas, la fange est toujours pr�sente. La raison c’est que dans les quartiers de Montplaisant et Beaufraisier endommag�s par les inondations, les travaux de r�fection tra�nent toujours. Depuis le 10 novembre, les routes se d�gradent chaque jour un peu plus, les rendant impraticables. Ceci, malgr� des fonds d�bloqu�s il y a de cela quelque temps. Les habitants sont ainsi persuad�s et souffrent le calvaire depuis trois ann�es.
N. Y.

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