Actualit�s : LES CINQ PAYS DU COMITE DIRECTEUR NE L'ONT TOUJOURS PAS RATIFI�E
Le NEPAD boude la Convention contre la corruption


La Convention de l’Union africaine de pr�vention et de lutte contre la corruption et les crimes assimil�s a �t� adopt�e par les chefs d’Etat africains pr�sents au sommet de Maputo au Mozambique en juillet 2003. Si le processus de signature de la Convention n’avait pas d�but� lors de ce sommet, c’est parce qu’officiellement les chefs d’Etat ont d�clar� que l’ordre du jour des travaux �tait tr�s charg� et que ce n’�tait que partie remise.
Ce qui s’apparentait d�j� � l’�poque comme une volt-face avait laiss� perplexes nombre d’observateurs au fait des questions internationales de lutte contre la corruption. L’Union africaine essayera plus tard de rattraper ce couac en s’alignant sur le calendrier des Nations unies qui adoptera sa convention en octobre 2003 tout en lan�ant officiellement les signatures du 9 au 11 d�cembre 2003 � Merida, au Mexique. Mais l� aussi ce ne fut pas la ru�e des pays africains sur les signatures au si�ge de l’Union africaine � Addis Ab�ba. Plus grave encore, 16 mois apr�s l’adoption de la Convention africaine � Maputo, seuls 5 pays africains l’ont ratifi�e (� la date du 10 octobre 2004), � savoir les Comores, la Libye, Madagascar, la Namibie et le Rwanda ! Pour rappel, la Convention ne pourra entrer en vigueur qu’� l’issue du d�p�t de 15 ratifications. Nous sommes encore tr�s loin du compte. Si 32 pays africains l’ont sign�e � ce jour, l’�tape la plus importante reste la ratification du document par les pays signataires et surtout l’adaptation de leurs lois nationales aux dispositions de la Convention. Or les pays membres de l’Union africaine ne semblent pas manifester un engouement particulier pour la mise en œuvre de cette convention. On en veut pour preuve le tr�s faible nombre de ratifications � ce jour, et � voir de pr�s la liste des pays qui l’ont d�j� fait (�nonc�e plus haut), aucun des 5 pays fondateurs et animateurs du NEPAD ne figure dans cette tr�s courte liste, pays qui en sont les membres du comit� directeur, � savoir : l’Afrique du Sud, l’Alg�rie, l’Egypte, le Nigeria et le S�n�gal. Visiblement, ils ne donnent pas l’exemple � leurs pairs en tant que parrains du NEPAD. Ne se sentent-ils pas concern�s ou ont-ils d�cid� de bouder cette convention, d’un commun accord ? Par contre pour la Convention des Nations unies contre la corruption adopt�e pourtant quelques mois apr�s celle de l’Union africaine, sur 113 pays qui l’ont sign�e, on en a 31 d’Afrique. Sur cette liste de 31 pays africains, 7 l’ont ratifi�e (Alg�rie, B�nin, Kenya, Madagascar, Namibie, Sierra Leone et Ouganda) sur 10 pays hors Afrique et membres des Nations unies qui l’ont fait. Il faut quand m�me relever, malgr� le peu d’engouement l� aussi (notamment par les pays du Nord de la plan�te) que les pays africains sont pour le moment largement majoritaires dans les ratifications de la Convention des Nations unies, mais l� aussi presque pas de pays animateurs du NEPAD : seule l’Alg�rie sur les 5 pays parrains de l’initiative l’a fait. A signaler que deux pays africains se singularisent par rapport aux pays membres de l’Union africaine (plus d’une cinquantaine), en ayant ratifi� les deux conventions – africaine et onusienne, contre la corruption : Madagascar et la Namibie. Faut-il pr�ciser que la Convention africaine est plus contraignante que celle des Nations unies. Cette derni�re est plus permissive et donne aux pays qui la mettront en vigueur plus de souplesse et une marge de manœuvre assez large. Contrairement � celle des Nations unies, la Convention africaine introduit plus de rigueur dans les m�canismes de contr�le et de suivi d’application. Cela explique certainement en grande partie le peu d’empressement des pays d’Afrique, dont ceux qui dirigent le NEPAD, et l’extr�me lenteur dans le processus de ratification. A ce rythme, il est � craindre que les 15 ratifications n�cessaires � son entr�e effective en application ne soient atteintes qu’en 2006 ou jamais atteint ! Est-ce � dire que cette convention, pourtant adopt�e lors d’un sommet des chefs d’Etat africains, est d�j� lettre morte ? Il a fallu plusieurs ann�es aux experts de l’ex-OUA pour l’�laborer et la faire adopter lors du sommet de Maputo, au Mozambique. Cette convention fait visiblement peur aux pays africains. Alors, leur a-t-elle �t� impos�e par le G8 et les institutions financi�res internationales, et ils n’en veulent pas ou plus ? Nombre de gouvernements africains consid�rent m�me que cette “croisade” mondiale pour la lutte contre la corruption est le nouveau complot des pays riches contre les pays pauvres, � l’image, selon eux, de ce qu’�tait la question de la violation des droits de l’homme dans les ann�es 90. Et pourtant la lutte contre la corruption est inscrite dans les termes fondateurs du contrat du NEPAD, mais il est vrai au titre des “engagements des Etats du Nord” (!) o� figure cette notion : “Mettre en place des m�canismes coordonn�s de lutte contre la corruption et s’engager � rendre � l’Afrique tous les gains provenant de ces pratiques”. Est-ce que la lutte contre la corruption figurera � l’ordre du jour de la r�union des chefs d’Etat du NEPAD, qui s’ouvre aujourd’hui � Alger ? Peu probable, ce qui ne fera qu’aggraver le discr�dit sur l’initiative du NEPAD. Pour rappel, les pays africains sont tr�s mal class�s dans l’indice de perceptions de la corruption pour 2004 de Transparency International, indice annuel rendu public le 20 octobre dernier (voir Le Soir d’Alg�rie paru le 23 octobre 2004). Sur 36 pays africains qui y figurent (sur 146 pays class�s), 22 dont l’Alg�rie obtiennent un score inf�rieur � 3 sur 10, ce qui signifie un tr�s haut niveau de corruption dans ces pays, le Nigeria cl�turant la liste africaine avec la note d�sastreuse de 1,6 et la 144e place !
Djilali Hadjadj

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