Actualit�s : CHASSE ILL�GALE DE L'OUTARDE
Ridicule verdict du tribunal d’El Abadla


Le verdict rendu mardi dernier par le tribunal d’El- Abadla, dans la wilaya de B�char, � l’encontre des quatre Kowe�tiens poursuivis par la justice alg�rienne pour chasse ill�gale, est diversement interpr�t� par les sp�cialistes et les professionnels de la protection de la nature � qui nous avons demand� d’appr�cier cette sentence. Pour les uns �qu’est-ce que deux mois de prison avec sursis et 20 000 dinars d’amendes pour ces richissimes moyen-orientaux qui font de la chasse de l’outarde un plaisir qui n’a pas de prix ?� Pour les autres, ce proc�s, quel que soit le verdict, �est une premi�re�.
Sa�da Azzouz - Alger (Le Soir) - Pour tous ceux que nous avons contact�s, le jugement rendu par le tribunal d’El- Abadla n’aura aucune retomb�e positive car en aucun cas dissuasif pour �les touristes� qui s’adonnent � la chasse � l’outarde. �Il y aura certainement r�cidive, peut-�tre pas par ces deux touristes qui ont quitt� B�char pour Alger, le jour m�me du proc�s et qui ont d� �tre expuls�s depuis. Mais par de nombreux autres qui, comme ces deux Kowe�tiens, entrent en Alg�rie par la fronti�re marocaine. Quoi qu’il en soit, c’est d�j� une premi�re, qui laisse penser que le gouvernement s’est enfin d�cid� � prendre s�rieusement en charge ces pratiques aux cons�quences d�sastreuses sur la nature en g�n�ral et sur cette esp�ce d’oiseaux�, commente un garde forestier que nous avons joint mercredi dernier et qui a tenu � nous pr�ciser que l’outarde est une esp�ce prot�g�e par des conventions internationales et que l’Alg�rie a ratifi�es depuis fort longtemps. Il nous fait remarquer aussi que ce ne sont pas ces deux aventuriers arr�t�s par des gendarmes le 19 novembre dernier � 90 km de B�char qui constituent le danger, mais ces �mirs arabes qui s�journent durant des mois avec tout un arsenal et la b�n�diction des autorit�s du pays qui exigent des autorit�s locales et des corps de s�curit� de leur faciliter la t�che. �Ces “touristes” enfreignent la loi depuis plus de deux d�cennies, mais qui va trouver � redire ? Je crois que la sentence prononc�e par le tribunal d’ El-Abadla le 22 novembre dernier est politique. Elle est destin�e � une consommation externe. Les deux ressortissants �trangers ont �cop� de la plus petite peine que pr�voit la r�cente loi sur la chasse�, estime un membre du Haut-Conseil de la chasse (HCC) qui fait remarquer que le juge aurait pu demander la peine maximum, pr�vue par cette m�me loi : r�glementation publi�e au Journal officiel en ao�t dernier qui d�taille les infractions et les peines en mati�re de chasse. �Selon les informations en ma possession, ces deux Kowe�tiens sont entr�s en Alg�rie, de mani�re ill�gale, par la fronti�re marocaine. C’est l� une premi�re transgression tr�s grave � laquelle on ajoute le fait que toutes les dispositions de l’article 16 de la loi 04/07 du 14 ao�t 2004 ont �t� bafou�es, notamment celle qui dit que les chasseurs �trangers doivent imp�rativement passer par une agence touristique qui, elle-m�me doit r�pondre � un certain nombre de crit�res�, et � notre interlocuteur de relever au moins cinq articles de cette loi relative � la chasse, publi�e au Journal officiel num�ro 51 du 15 ao�t dernier. Il citera entre autres l’article 23 concernant les moyens de chasse et de capture. Pour rappel, les deux Kowe�tiens chassaient � bord de deux Toyota et se servaient de deux faucons. Faucons qui, a-t-on appris, ont �t� remis au jardin public de B�char. Il �voquera aussi ceux relatifs � la chasse des esp�ces prot�g�es. �Si le verdict avait �t� plus s�v�re, il aurait pu dissuader les autres aventuriers. Cela aurait signifi� la fin des privil�ges pour les �mirs chasseurs �, indique notre interlocuteur, qui pr�cise avoir �t� un des initiateurs du projet que le Haut-Conseil � la chasse avait pr�par� en 2002 pour codifier la chasse touristique en vue de prot�ger les esp�ces animales en voie de disparition telles que la gazelle et l’outarde. Partant du fait que �ces chasseurs ont commis pr�s d’une dizaine d’infractions, en plus du crime de chasser el houbara (outarde), le juge avait de quoi prononcer ais�ment la peine maximum, c’est-�-dire jusqu'� trois ans de prison ferme. Parce qu’� mon sens, quel que soit le montant de l’amende, il ne pourrait �tre dissuasif�, poursuit ce membre du HCC qui consid�re, qu’en l’absence d’une r�elle d�cision politique pour mettre fin au braconnage, aucun texte de loi, quand bien m�me il serait strictement appliqu�, ne pourrait dissuader les �mirs et les dignitaires arabes chasseurs. Un point de vue que partage un fonctionnaire de la Direction g�n�rale des for�ts. �C’est un verdict ridicule, le juge a requis la plus petite peine que pr�voit la nouvelle loi. Un des articles relatif aux infractions et aux peines en mati�re de chasse pr�voit entre 50 000 et 100 000 dinars d’amende. Pourquoi le tribunal s’est content� de demander 20 000 dinars ?�, s’est interrog� ce cadre qui se dit sceptique quant � l’application de cette nouvelle loi qui ne fait pas de distinction entre chasseurs alg�riens et �trangers. Pour lui, les nationaux ne sont pas chasseurs d’outardes et de gazelles et donc ne pr�sentent aucune menace sur cette esp�ce en voie de disparition. Il estime que cette loi, projet du d�partement de Sa�d Barkat dont d�pend sa direction, et le proc�s des Kowe�tiens ne sont qu’une parade pour r�pondre aux attentes des Occidentaux tr�s pointilleux en mati�re de pr�servation des esp�ces animales en voie de disparition. Il citera � ce propos un rapport de la FAO sur les produits forestiers non ligneux, qui fait ressortir que �depuis 1990, un animal tr�s r�pandu dans la zone semi-aride, au sud de la cha�ne montagneuse de l’Atlas tellien ainsi que dans le Sud jusqu’� Gharda�a, El-Gol�a et A�n-Salah o� l’outarde �tait importante dans les ann�es 70 et 80, a connu une tr�s grande r�gression ces vingt derni�res ann�es�. Un autre rapport, indique notre interlocuteur, impute le massacre de cette race d’oiseaux aux exp�ditions de chasseurs moyen-orientaux. Il ressort des commentaires et des appr�ciations de ces professionnels de la nature, qu’il ne sert � rien de faire semblant. �Il faut gu�rir le mal � la racine. C’est-�-dire ne plus inviter les �mirs arabes � venir chasser. Les petits chasseurs on en viendra facilement � bout�. Il suffirait d’appliquer, et strictement, la loi.
S. A.

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