Panorama : LETTRE DE PROVINCE

Faire voyager une chronique d’un journal � l’autre n’est certainement pas la marque d’une grande innovation. Elle serait m�me, dit-on, celle de la paresse intellectuelle. Cette "lettre…" qui d�m�nage du Matin pour se r�-installer au Soir porte, il est vrai, en elle une patine, mais qui n’est gu�re le grand lustrage du temps. Celui qui bonifie. Car rien n’est plus �ph�m�re qu’un d�lit d’�criture trop dat� pour qu’il pr�tende � la dur�e. En v�rit�, cette lettre n’est rien d’autre qu’un proc�d� de presse.
Un tour de passepasse afin de poursuivre un travail d’�clairage journalistique avec les limites qui sont les n�tres. Ce nomadisme expliqu� et justifi�, pourquoi avoir emprunt� cet intitul� d’�pistolier un peu vieillot ? L� aussi le clin d’œil ironique est destin� aux bonnes �mes qui pensent toujours que trop de nuances culturelles s�parent les r�sidants de la capitale de ceux de l’int�rieur des terres. Assertion t�tue parce que commode alors qu’elle ne recouvre aucune de nos r�alit�s. Car, dans ce pays longtemps soumis aux nivellements appauvrissants les singularit�s r�gionales furent gomm�es. Pour �tre clair et court, disons que les provinces n’existent d�j� plus. Le jacobinisme au rabais de l’appareil d’Etat a fait l’essentiel dans ce domaine au point que nos villes, villages et r�gions en sont devenus interchangeables. Un d�racinement culturel au sens de d�sertification. Au pays de la d�sh�rence o� les provinces n’existent que comme des �pitaphes, il n’y a pas d’�tat de lieu � faire, seule l’omnipotence de l’Etat central nous berce de ses �chos. On l’aura compris cette "lettre de province" ne sera pas une missive exotique, mais une revisitation � distance des querelles du s�rail. Une "lettre de province" n’est pas un courrier sur la province.



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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2004/12/04/article.php?sid=16460&cid=8