Le Soir Retraite : L’ALG�RIE OFFICIELLE A L’HEURE JAPONAISE
Un tiers des salari�s de la soci�t� Kato est constitu� de retrait�s


Cette PME de m�tallurgie a augment� sa productivit� en recrutant des plus de 65 ans, qui permettent de faire tourner l'usine les jours de cong�. Si l'on t�l�phone pendant le weekend, c'est la voix un peu chevrotante d'un homme �g� qu'on entend. La soci�t� Kato Seisakusho, une PME de m�tallurgie de 92 salari�s de Nakatsugawa, ville de 55 000 habitants au centre du Honshu, � l'est de Nagoya, est une entreprise pionni�re de la valorisation du travail des retrait�s, qui lui a valu un prix du minist�re du Travail et de la Sant�. Un tiers des salari�s a plus de 65 ans et les machines tournent aussi les jours de cong�.
Le vieillissement rapide de leur soci�t� est une pr�occupation majeure des Japonais, et le partage du temps de travail ainsi que l'emploi au-del� de la retraite sont des voies explor�es pour y rem�dier. Avec un modeste capital (20 millions de yens, soit pr�s de 150 000 euros) et un chiffre d'affaires de 1,7 milliard, la soci�t� Kato est le type m�me de ces PME familiales dont les deux tiers sont sur la corde raide au Japon. Aussi son pr�sident, Keiji Kato, 42 ans, qui a succ�d� � son p�re � la t�te de l'entreprise apr�s un d�but de carri�re internationale chez Toyota et Mitsubishi Electric, aux Etats- Unis et � Singapour, cherchait-il des id�es pour am�liorer la rentabilit� en r�duisant les co�ts fixes. “Les efforts en gain de productivit� avaient atteint une limite, explique-t-il. Il fallait trouver autre chose pour rentabiliser le capital fixe et gagner en flexibilit� pour r�pondre � la demande. Une enqu�te r�gionale faisait appara�tre que beaucoup de retrait�s voulaient continuer � travailler. J'ai pens� que faire tourner l'usine pendant le week-end et les jours ch�m�s avec des retrait�s pouvait �tre une solution.” M. Kato a pass� une annonce dans le journal local. “Lorsque j'ai vu qu'on recrutait des plus de 60 ans, j'ai cru qu'il y avait eu une erreur et qu'on voulait dire "moins" de 60 ans”, se rappelle Mme Matsui, 69 ans, une des premi�res embauch�es. Sur 50 candidats, 15 furent retenus. Aujourd'hui, 28 salari�s ont plus de 65 ans. “Tous ont eu une autre carri�re, poursuit M. Kato. Il y a des charpentiers, un ancien chef de gare, des commerciaux... Les employ�s exp�riment�s leur ont donn� une formation sur le tas pendant un mois dans l'atelier. Au d�but, il y avait sept salari�s permanents pour une quinzaine de retrait�s. Aujourd'hui, il n'y a plus que deux contrema�tres pour les encadrer et l'usine tourne tous les jours de l'ann�e, sauf pour le nouvel an et la f�te des anc�tres en ao�t.” Flexibles, les horaires des plus de 65 ans ne d�passent pas 28 heures par semaine afin de se conformer � la limite de dur�e du travail que peut effectuer un retrait� pour am�liorer ses revenus. Pay�s 800 yens l'heure (7 euros) — la r�mun�ration horaire du “petit boulot” au Japon —, ces salari�s b�n�ficient de l'assurance- maladie, de leur retraite et, en cas d'accident du travail, des prestations d'une caisse. “Apr�s deux ans, l'exp�rience est positive, estime M. Kato. Nous avons r�ussi � am�liorer la rentabilit� du capital fixe en faisant tourner davantage les machines.” Chez Kato, la moyenne d'�ge est d�sormais �lev�e mais il n'y a pas eu de mise � pied. D'ici quelques ann�es, les deux tiers du personnel auront plus de 65 ans, avance M. Kato, qui s'est engag� � r�embaucher apr�s la retraite ceux qui le d�sirent. La doyenne de l'entreprise, Mme Masutani, a 81 ans. Elle arrive le matin sur son scooter et travaille � la cantine. “Quand je me suis pr�sent�e, raconte-telle, je pensais qu'on ne me prendrait pas et je me suis efforc�e d'�tre souriante.” “Mme Masutani fait r�gner une bonne atmosph�re � la cantine, commente M. Kato. Il faut donner � chacun l'impression qu'il a un r�le important � jouer. Le sentiment que les autres ont besoin de vous rajeunit.” Pour les retrait�s masculins, la principale motivation est de rester dans une vie active. Pour les femmes, souvent veuves, c'est un moyen d'arrondir la demi-retraite de leur mari. S'il cherche � r�duire les co�ts et � rentabiliser le capital fixe de l'entreprise, M. Kato veut aussi se pr�parer � l'�volution d�mographique du pays, qui se traduira par la r�duction des jeunes sur le march� du travail. “Avant de penser � l'immigration, il faut utiliser les ressources que nous avons, dit M. Kato. Avec les retrait�s, nous avons une mine de savoir-faire n�glig�e, alors qu'on peut valoriser sans grands frais puisque ces personnes touchent d�j� une retraite.”

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