Depuis 6 mois sans salaire, le pr�sident du Syndicat national des officiers de la marine marchande (SNOMMAR), M. Sa�d Zermoun, vit une situation dramatique. Commandant avec plusieurs ann�es d’exp�rience, il se retrouve aujourd’hui, � l’instar de 9 membres du bureau national, suspendu �en toute ill�galit� par son employeur qui est l’Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV). Dans cet entretien, M. Zermoun revient sur le mouvement de gr�ve d�clench� par son syndicat et ses retomb�es.
Le Soir d’Alg�rie : Pouvez-vous pr�senter le SNOMMAR ?
Sa�d Zermoun : Cr�� en mars 2002, notre syndicat est
pr�sent dans les quatre entreprises maritimes. Il s’agit de Hyproc Shipping
Company, CALTRAM (compagnie alg�rolibyenne de transport), CNAN Group et de l’ENTMV.
La seule section syndicale SNOMMAR � activer r�ellement est celle de l’ENTMV.
Pour CNAN Group, la section existe depuis avril 2004 mais elle n’a jamais
�t� accept�e par le P-DG, malgr� notre forte repr�sentativit� au sein de
cette entreprise. Le P-DG de la CNAN ne veut pas l’installer. Les documents en
notre possession ainsi que les diff�rentes correspondances en t�moignent. En
ce qui concerne CALTRAM, la section existe depuis plus d’une ann�e. Pour
Hyproc, la section n’a pu encore r�unir les 20% d’adh�rents sur le terrain
et ne peut activer donc. L’objectif de notre syndicat est la revalorisation du
poste d’officier de la marine marchande qui est compl�tement d�favoris� et
de mani�re effrayante et dont les cons�quences ternissent compl�tement l’image
du pavillon national � l’�tranger. Il s’agit essentiellement des
conditions de vie socioprofessionnelles � bord, la prise en charge notamment
m�dicale de l’officier � bord et � l’�tranger, les salaires qui sont
ind�cents et en de�� des normes internationales exig�es par l’Organisation
internationale du Travail (OIT). Des points pourtant consacr�s par les
diff�rentes conventions ratifi�es par l’Alg�rie. Ajoutez � cela, et plus
grave encore, la r�duction dramatique des pr�rogatives et des responsabilit�s
des �tats-majors (commandants de bord et leurs officiers) en les r�duisant �
de simples agents ex�cutants de l’entreprise maritime.
L. S : Que voulez-vous dire ?
Le navire est une entit� autonome r�gie par le code
maritime et les conventions internationales. A son bord, seul l’�tat-major
peut prendre les d�cisions. Cependant, avec l’interf�rence de l’administration,
dans plusieurs cas, les membres de l’�tat-major se retrouvent �tre les seuls
responsables devant les institutions nationales et internationales. Avec cette
interf�rence, l’entreprise nous rend tr�s vuln�rables dans nos actes.
Le 9 juin 2003, vous avez �labor� une plateforme de
revendications d�pos�e � l’ENTMV. Qu’en est-il aujourd’hui ?
La plate-forme contient 22 points qui vont de la simple
revendication purement salariale et sociale jusqu’aux revendications
techniques et r�glementaires. Quand nous avons commenc� les n�gociations, l’ambiance
�tait saine dans un premier temps. Par la suite, nous sommes entr�s en litige
concernant la classification des postes de travail selon la r�glementation
internationale. En f�vrier 2004, l’Inspection de travail, saisie du conflit,
nous a d�livr� un P-V de non-conciliation. A partir de l�, nous avons
d�pos� un pr�avis de gr�ve pour le 19 mars. Dix jours avant, le ministre des
Transports nous a contact�s pour tenter �une m�diation � pendant la p�riode
�lectorale, par le biais de l’inspecteur g�n�ral du minist�re des
Transports et du directeur de la marine marchande. Ceux-ci se sont port�s
garants quant au r�glement du point en litige apr�s la campagne �lectorale,
reconnaissant par l�, la l�gitimit� de nos revendications. Ceci, en nous
demandant de surseoir � la gr�ve. Ce que nous avons fait. Le 24 mars, nous
avons repris les n�gociations en pr�sence du directeur de la marine marchande.
Dans un �crit, le P-DG de l’ENTMV a accept� le r�glement du probl�me avant
de faire volte-face, c�dant aux pressions qui seraient exerc�es sur lui. Le 26
juin, suite � une assembl�e g�n�rale, nous avons entam� le mouvement de
gr�ve, conform�ment aux proc�dures contenues dans la loi 90/08 qui r�git les
conflits du travail. Au 1er jour, les 33 officiers gr�vistes ont �t�
d�barqu�s de force et remplac�s par des officiers CNAN. Et ceci, en
infraction avec la loi 90/08 dans son article 33 qui interdit toute affectation
de travailleurs par voie de recrutement ou autre et destin� � pourvoir aux
remplacements des travailleurs en gr�ve. Plus grave encore, les navires se
trouvaient dans une situation tr�s dangereuse car ayant � leur bord des
officiers CNAN qui n’�taient pas familiaris�s avec les navires. Des
officiers qui �taient en nombre insuffisant (Safe Maining) et ISM code et STCW
95. Un autre pas a �t� encore franchi dans la violation des conventions
internationales pendant une dizaine de jours. Le 4 juillet, suite � une plainte
d�pos�e par la direction de l’ENTMV en r�f�r� d’heure en heure, un
jugement est rendu d�clarant �la gr�ve ill�gale� et la reprise du travail.
Le 7 juillet, les officiers se sont conform�s � cette d�cision de justice et
se sont pr�sent�s � leurs postes pour reprendre leur embarquement. Une fin de
non-recevoir leur a �t� signifi�e. Les navires ont continu� � �tre
exploit�s dans une situation de plus en plus critique. Apr�s appel de cette
ordonnance, le 1er septembre, la cour d’Alger supprime le caract�re d’ill�galit�
et maintient la suspension de la gr�ve. A partir de cette date, plus de 50
officiers se sont retrouv�s dans une situation des plus confuses et
arbitraires. Nous �tions tous sans salaire depuis le mois de juin.
Actuellement, il ne reste que les 10 membres du bureau, parmi 12, qui sont
toujours sans travail et sans salaire.
Qu’en est-il pour les deux autres membres ?
Le secr�taire g�n�ral de la section ENTMV et le deuxi�me
vice-pr�sident s’�taient d�marqu�s du syndicat et ont repris le travail.
Aucun jour de salaire ne leur a �t� d�falqu�. L’Inspection du travail, en
ce qui nous concerne, a proc�d� � une r�union de r�conciliation dans
laquelle elle demandait de lever les suspensions. Celles-ci �tant injustifi�es
et ill�gales dans trois correspondances. Rien n’a �t� fait, dans ce sens,
jusqu’� maintenant.
Vous avez fait plusieurs d�clarations publiques sur le
naufrage du B�char et l’�chouage du Batna. Y-a-t-il eu des retomb�es ?
Nous pensons bien comprendre le pourquoi du maintien de cette
situation. Le SNOMMAR en tant que syndicat de corporation g�ne. Nous avons
saisi le ministre des Transports par �crit pour l’interpeller sur les
d�passements ill�gaux dont nous sommes victimes. Nous avons d�pos� une
demande d’audience mais sans r�sultats. Nous sommes �tonn�s qu’au moment
o� nous sommes re�us partout et soutenus par des institutions �tatiques,
notre tutelle ne l’a pas fait. Le message que nous voulons lancer est que le
SNOMMAR est un acquis r�publicain et non n�gociable.
Propos recueillis par Meriem Ouyahia