Le base-ball touché de plein fouet par le dopage, le
basketball par la violence et le hockey sur glace par une grève pour une
affaire de gros sous : l'image des "grands" sports américains est
bien ternie en cette fin d'année 2004. Seul le football américain semble
échapper à la tourmente.
Le base-ball a terminé sa saison fin octobre sous
forme d'un conte de fées, avec la victoire des Boston Red Sox, qui ont mis fin
à une malédiction de 86 ans, qui plus est face aux richissimes New York
Yankees. Mais la belle histoire a tourné au cauchemar pour le passe-temps
favori des Américains au fil des révélations dans l'affaire Balco, ce
laboratoire californien qui fait l'objet d'une enquête pour production et
distribution de produits dopants dont le désormais célèbre "THG",
stéroïde indécelable jusqu'à l'automne dernier. D'abord, les révélations
du quotidien San Francisco Chronicle sur des aveux de dopage de Jason Giambi,
une vedette de la batte avec les Yankees, face à un grand jury fédéral qui a
entendu moult sportifs de renom dont l'athlète Marion Jones. Ce même journal
affirmait le lendemain que Barry Bonds, le meilleur frappeur de l'histoire de la
Ligue nord-américaine de base-ball (MLB), avait aussi reconnu l'utilisation de
produits interdits, mais à son insu.
Bagarre générale
Ce fut enfin Victor Conte, le sulfureux patron de Balco, qui
a dévoilé des faits et des estimations alarmantes sur le base-ball après
avoir accusé directement Marion Jones d'avoir triché aux Jeux de Sydney.
"J'estime que plus de 50% des joueurs de base-ball ont recours à des
stéroïdes et même plus de 80% prennent des sortes de stimulants avant chaque
match", a déclaré Conte lors de l'entretien exclusif diffusé il y a une
semaine sur la chaîne ABC. Le syndicat des joueurs de base-ball pourrait enfin
reconnaître que le programme de lutte contre le dopage doit être amélioré.
D'autant que la pression a été mise par l'influent sénateur John McCain qui
compte légiférer en matière de lutte antidopage. En attendant, il est
difficile d'envisager des sanctions pour les cas passés, sachant que la MLB
n'avait pas de programme antidopage jusqu'en 2004. Les contrôles effectués en
2003 ne l'étaient que dans le cadre d'une enquête. Le championnat
nord-américain de basket-ball (NBA) flirte parfois avec la marijuana et la
cocaïne, mais presque jamais avec des produits tels que les stéroïdes. Le
problème en NBA est né d'une soudaine montée de violence et d'un accrochage
entre joueurs qui a dégénéré dans le public lors de la rencontre entre
Indianapolis et Detroit le 19 novembre.
Carrures incroyables
La NBA a sanctionné, durement, allant jusqu'à suspendre Ron
Artest, le principal acteur, jusqu'à la fin de saison. L'enquête a débordé
le cadre du sport et des poursuites pénales sont attendues contre les joueurs
et les spectateurs impliqués. Habituée des bagarres sur la glace mais très
peu concernée par le dopage, la Ligue nord-américaine de hockey (LNH) est sous
silence là où elle devrait être en action depuis le début octobre. Patrons
et joueurs ne sont pas d'accord sur l'idée d'un cap salarial. Etrangement, le
football américain se dirige, lui, paisiblement vers le 39e Super Bowl de son
histoire. Certes, il y a eu quelques bagarres sur le terrain mais seulement chez
les universitaires. On imagine mal le public provoquer des joueurs aussi
massifs, dotés de carrures dont on a du mal à penser qu'elles soient le
produit de la simple musculation. Peut-être attend-on, comme pour le base-ball,
la fin de la saison avant de s'attaquer au sujet. Ou alors, comme le disait un
présentateur de la chaîne sportive américaine: "On peut se demander si
le public est vraiment choqué par ces histoires de dopage ou s'il s'en moque et
veut tout simplement voir des coups de batte puissants et des chocs entre
montagnes de muscle"