Actualit�s : Dure ann�e pour la presse ind�pendante

Incarc�rations, interpellations, arrestations dans les r�dactions, plaintes, poursuites judiciaires, condamnations hebdomadaires pour diffamation, outrages, injures et offense au pr�sident de la R�publique, harc�lement administratif, redressement fiscal, �descentes� des agents du fisc et des inspecteurs du travail aux si�ges des journaux ind�pendants, suspensions de titres et retour officiel du monopole sur la publicit�. Toute une artillerie d�ploy�e pour paralyser les plumes rebelles et mettre au pas les journaux r�calcitrants. Tous les moyens ont �t� utilis�s pour venir � bout d’une presse, qui, parfois, d�range, durant cette ann�e qui s’ach�ve, et qui a vu la r��lection de Abdelaziz Bouteflika.
Sa�da Azzouz- Alger (Le Soir) Dure, aura �t� cette ann�e ! La suspension d’un certain nombre de titres dont Le Matin, El Djarida, Le Nouvel Actualit�, Kaoualiss et Es Sabah a consid�rablement r�duit l’espace d’expression libre. Heureusement qu’elle se termine par une note d’espoir �veill� par le prix que Reporters sans fronti�res (RSF) vient de d�cerner, histoire de reconna�tre le combat des journalistes alg�riens pour la libert� d’expression, � Hafnaoui Ben Ameur Ghoul. Ce correspondant de presse de Djelfa que l’on a incarc�r� le 24 mai 2004, suite � des plaintes pour diffamation, condamn� � des peines de prison ferme, pour ce m�me d�lit et remis en libert� provisoire le 25 novembre dernier. Soit six mois d’emprisonnement pour �d�lits� de presse, pour ce journaliste qui, dans un de ses �crits, avait d�nonc� la corruption, la pauvret�, la marginalisation, la mauvaise gestion de la ville, du secteur de la sant�, de l‘�ducation et l’illettrisme de certains pr�sidents d’Assembl�es populaires communales de la wilaya de Djelfa. Hafnaoui Ghoul, qui est aussi responsable du bureau local de la Ligue alg�rienne de la d�fense des droits de l’homme (Laddh), avait aussi en mai dernier fait �clater le scandale de la mort suspecte de 13 nourrissons dans le service n�onatale de l’h�pital de Djelfa. Il s’�tait offusqu� de l’indiff�rence des pouvoirs publics face � la d�tresse de certains entrepreneurs de cette ville des hauts plateaux dont l’un d’entre eux a choisi de s’immoler � la Maison de la presse Tahar-Djaout pour crier sa d�tresse. En somme, il avait fait son travail de journaliste dont le devoir est de porter sur la sc�ne publique la d�tresse de ses concitoyens. Seulement, les diff�rents proc�s pour diffamation intent�s � plusieurs titres de la presse priv�e, proc�s tr�s souvent sold�s par des condamnations, laissent supposer que l‘on veut retirer ce devoir au journaliste. Au long de toute l’ann�e 2004, que ce soit au cours de proc�s, devant les agents de police, les procureurs ou les juges d’instruction, le reporter ou le r�dacteur de presse se retrouve � justifier un article �crit sur la base d’un communiqu�, fond� sur des d�clarations, des faits av�r�s ou encore d’un entretien et m�me d’une photo. Cette ann�e la diffamation s’est banalis�e: mardi dernier, 28 d�cembre 2004, pas moins de cinq directeurs de journaux et autant de journalistes se sont retrouv�s � la barre, alors que d’autres �taient chez le juge d’instruction. Il en fut ainsi durant toute l’ann�e. Les magistrats qui se succ�dent tous les mardis au tribunal �chambre des d�lits de presse� se retrouvent � poser les m�mes questions aux journalistes, qui ont toujours le m�me �dernier mot� : �J’ai fait mon devoir et si c’�tait � refaire je le referais�. �J’en assume la responsabilit� �, d�clarent quant � eux les directeurs du Matin, El Watan, Libert�, El Khabar et Le Soir d’Alg�rie. Il faut dire que ce sont ces cinq titres qui caracolent � la t�te du �hit-parade des d�lits de presse�. A eux cinq et selon leurs avocats, ils ont pour cette ann�e plus d’une centaine d’affaires entre proc�s et instructions, et ce, � Alger seulement. De nombreux proc�s concernant les correspondants locaux les ont fait se d�placer dans plusieurs villes du pays. Les chroniqueurs et les caricaturistes particuli�rement cibl�s Ils se sont aussi et souvent retrouv�s, � la barre, c�te � c�te avec leurs chroniqueurs et leurs caricaturistes pour �offense au chef de l’Etat�. In�s Chahinez, Hakim La�lam, Mohamed Bouhamidi, Ali Dilem et le Hic ont eu souvent toutes les peines du monde � expliquer un mot, une phrase, un dessin, jug�s par le minist�re public vexants � l’�gard du pr�sident de la R�publique. Pr�s d’une dizaine de proc�s concernant l’outrage au premier magistrat du pays ont �t� trait�s au cours de l’an qui s’ach�ve avec la condamnation, pour ce d�lit de quatre journalistes du Soir d’Alg�rie � une ann�e de prison avec sursis et une amende de 2 millions 500 mille dinars pour la publication. Pour ce m�me d�lit dans une autre affaire de justice, le procureur de la R�publique a requis une ann�e de prison ferme � l’encontre de Hakim La�lam et Fouad Boughanem. Verdict le 11 janvier prochain. C’est aussi en 2005 que seront tr�s certainement enr�l�es les affaires pour d�lit de presse en cours d’instruction. Le mois qui s’annonce pourrait �tre tr�s �prouvant pour les journalistes convoqu�s par la justice. C’est que la corporation garde un tr�s mauvais souvenir de janvier 2004. Un mois o� il avait plu des convocations de police sur presque toutes les r�dactions, particuli�rement sur celles qui, � la veille des �lections pr�sidentielles, avaient affich� un soutien � un autre candidat que Abdelaziz Bouteflika. Chaque jour, des journalistes �taient interpell�s, arr�t�s et conduits au si�ge de la S�ret� de wilaya d’Alger pour y �tre interrog�s des heures durant, parfois toute la journ�e, par les officiers du service des atteintes aux �personnes� sur une chronique, une caricature ou un �ditorial. Ahmed Fattani, directeur de L’Expression, a �t� arr�t� au si�ge de la publication qu’il dirige. Fouad Boughanem, Hakim La�lam, Mohamed Bouhamidi et Kamel Amarni le seront au sein de la r�daction du journal, ou � l’entr�e de la Maison de la presse Tahar - Djaout. Mohamed Benchicou et Ali Dilem seront interpell�s au sortir de leur domicile, dans leur voiture, et m�me dans une superette pour l’irr�v�rencieux caricaturiste de Libert�. Sommairement, il en a �t� ainsi de 2004, une ann�e o� la presse ind�pendante a �t� mise � rude �preuve avec l’incarc�ration de Ahmed Benaoum, Mohamed Benchicou et Hafnaoui Ghoul. En sera-t-il de m�me pour l’ann�e qui s’annonce ? On l’esp�re, bien que rien ne le laisse supposer.
S. A.

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