Actualit�s : BELA�D ABRIKA AU "SOIR D'ALGERIE"
“Pourquoi nous allons au dialogue”


La derni�re sortie du chef du gouvernement appelant les arouch � reprendre le dialogue autour de la mise en œuvre de la plate-forme d’El-Kseur polarise encore l’actualit� politique en Kabylie. Surprenant soit-il, cet appel fait r�agir diff�remment � travers des questionnements la rue y compris parmi les principaux concern�s. Bela�d Abrika �lucide � travers cet entretien un certain nombre de points en rapport direct avec le round de dialogue de ce vendredi avec les repr�sentants de l’Etat et bien d’autres questions inh�rentes au mouvement citoyen.

Le Soir : Comment expliquez-vous l’appel assez surprenant du chef du gouvernement pour reprendre langue avec la structure des arouch ?
B. Abrika :
Au moment o� le mouvement a achev� sa r�flexion et mis en application le document de r�flexion qui a dur� presque 4 mois, nous avons commenc� � reprendre les activit�s de contestation. Sachant que le mouvement est une force de protestation, chose qui, � notre avis, a amen� les repr�sentants de l’Etat � revenir � la charge et r�pondre positivement � la position du mouvement arr�t�e lors du dernier conclave, concernant la question du dialogue, o� nous avons demand� des explications quant � la non-application des incidences et la lev�e du r�f�rendum, cet appel r�pond largement aux exigences du mouvement, comme il y a engagement � appliquer les incidences qui ont connu un d�but d’application.
Pourquoi le chef du gouvernement a-t-il mis toute une ann�e pour relancer les n�gociations ?

Apr�s les �lections du 8 avril, il y avait beaucoup d’appels pour le dialogue. Le mouvement s’est positionn�, nous avons constat� qu’il n’y avait pas suffisamment de volont� � travers ces mutations pour reprendre le dialogue. Le pouvoir a aussi mis� sur l’essoufflement du mouvement. Des objectifs qu’il n’a pu atteindre. A partir du moment o� le mouvement est rest� vigilant et a continu� � mener ses activit�s ponctu�es par l’organisation des caravanes de sensibilisation, les actions de solidarit� avec les �v�nements de T’Kout, du Sud et d’autres actions de soutien � la presse. Apr�s cette p�riode, o� le politique a recul�, le mouvement a, plut�t, choisi d’analyser la situation pour arriver � conclure que seule la mobilisation pourrait nous aider � faire aboutir nos revendications.
Avant cet appel, existe- t-il r�ellement des contacts informels entre les deux parties ?
Pour nous, la situation est claire. Nous avons une position publique et nous avons re�u une r�ponse publique. Ce dialogue entre dans le cadre des positions du mouvement. On esp�re que ce sera l� une occasion qui mettra un terme � cette crise et satisfera nos revendications. Pour ce qui est des contacts informels, depuis la naissance du mouvement, on ne parle que de cela. Le mouvement est une vitrine transparente. Nous avons des positions et un mode de fonctionnement connus de tout le monde. Ce qui compte pour nous, c’est de faire avancer nos revendications.
D’aucuns diront que cette invitation cache mal une arri�re-pens�e politique.
Le mouvement a des principes sur lesquels il restera intransigeant et se r�sumant en la d�mocratisation de notre soci�t�, l’ind�pendance de la justice. Maintenant s’il y a arri�re-fond politique, le mouvement est suffisamment m�r pour d�jouer les manœuvres.
Doit-on penser que cet �pisode de dialogue s’inscrit dans la d�marche r�conciliatrice du pr�sident, avec son corollaire, le projet d’amnistie g�n�rale ?
De notre c�t�, nous avons privil�gi� le dialogue depuis le d�but. Au moment m�me o� il y a �coulement de sang, nous avons � maintes occasions sollicit� le pouvoir pour discuter. Aujourd’hui qu’il accepte ces vertus (du dialogue) cela nous r�jouit. Nous sommes pour un v�ritable dialogue qui apportera des solutions, non pas pour biaiser nos revendications.
Le pouvoir se pr�pare � un autre examen �lectoral qu’est la r�vision de la Constitution. Mettra-t-il tous les moyens pour ramener la structure des arouch, jusque-l� hostile � toute organisation des �lections, � accepter et � adh�rer � sa d�marche ?
Si on r�gle la crise avant la r�vision constitutionnelle, tant mieux, on ne cherche que cela. L'objectif est d’arriver � la satisfaction de nos revendications. Maintenant, quant � la r�vision de la Constituion, ce discours n’est pas nouveau. A notre niveau, la question n’est pas � l’ordre du jour.
Si on revenait aux incidences ?
L� dessus, nous sommes clairs. Dans la feuille de route que nous avons engag�e, il s’agit d’actualiser les incidences, notamment la lib�ration des d�tenus de T’kout, du Sud, des �tudiants arr�t�s, des journalistes incarc�r�s et bien d’autres questions. Nous n’allons pas rediscuter du protocole d’accord d�j� sign�. Il y a eu un engagement, il faut le respecter. Aujourd’hui, (mercredi 12 janvier, ndlr), on vient d’apprendre que le DG de l’ENTV, a fait ses excuses sur ce qui a �t� fait et dit lors de la marche du 14 juin 2001, et cela d�montre qu’il y a un d�but de volont� pour l’application des incidences. Maintenant que cette institution pr�sente des excuses cela rel�ve d’une avanc�e consid�rable pour nous et une reconnaissance vis-�-vis du mouvement, de ce qu’il repr�sente et de sa nature d�mocratique.
A la veille de la tenue des n�gociations avec le pouvoir, des remous ont �t� enregistr�s au sein de la structure des arouch.

Nous avons une feuille de route, elle parle des incidences � actualiser et des accords sur la plateforme. Nous allons nous concerter en tant que d�l�gation � partir d’aujourd’hui, et il est possible que la rencontre soit pr�vue pour vendredi. Pour nous, il y a une strat�gie interne � adopter selon les recommandations de la pl�ni�re de l’interwilayas.
Hier, c’�tait la f�te de Yennayer. Toutes les entit�s politiques, sociales ou culturelles demandent sa l�galisation en tant que journ�e f�ri�e. En marge de ce dialogue, le pouvoir va-t-il vous la conc�der et sera-t-elle inscrite dans l’une de ses concessions ?

Lors du dernier dialogue, Yennayer a �t� accept�e et propos�e comme une journ�e f�ri�e. Comme il y a eu blocage et les discussions n’ont pas abouti, elle demeure pour nous une revendication historique, identitaire et l�gitime qui va r�concilier le peuple alg�rien avec son histoire.
Le document de r�flexion a �t� �vacu� lors du dernier sommet de l’interwilayas. L’invitation au dialogue prime-t-elle sur d’autres questions ?
Le document de r�flexion demeure d’actualit�. Il n’y a pas de priorit�, le dialogue est une solution politique, la structure est un moyen d’action, les deux vont ensemble. La structure, la nouvelle r�flexion � imposer, doit �tre renforc�e et le dialogue est un moyen de lutte pour faire aboutir les revendications. Le mouvement a toujours comme pr�occupation de renforcer ses rangs et de les ressouder. L’ann�e 2005 va �tre justement celle des changements. Maintenant, qu’il y a des fr�res � la marge du mouvement, nous continuerons � les solliciter et � leur souhaiter la bienvenue. Cette ann�e sera celle du renforcement des structures ; la conscience est en train de s’�veiller ailleurs pour consolider notre citoyennet�. Pour nous, la plate-forme d’El- Kseur demeure l’ultime solution � la crise que traverse le pays.
Entretien r�alis� par J. L. Hassani

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