Actualit�s : LES COLONNES DU SAMEDI
On ne parle pas la bouche pleine


Par Nacer Belhadjoudja nacer@hotmail.com
Il est incorrigible. Aucune le�on ne semble devoir le faire renoncer au double discours. Ainsi est fait le pouvoir alg�rien. Si vous osez lui apporter la contradiction, il vous rejette forc�ment dans le camp du mal puisque, depuis longtemps, il s’est autoproclam� repr�sentant l�gitime du bien.
Au lendemain du 8 avril 2004, le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, affirmait avec force conviction que l’Alg�rie majoritaire a vot� pour le pr�sident-candidat et n’a pas suivi les aventuriers et ceux qui sont totalement d�connect�s des r�alit�s de leur pays. Moins d’une ann�e apr�s, lorsque cette m�me Alg�rie profonde n’en peut plus du prix et de la raret� de la bouteille de gaz butane, le m�me Ouyahia l’accuse d’�tre manipul�e par des forces "politiciennes". Alors de deux choses l’une : soit on nous a menti sur le score fleuve de Bouteflika lors des derni�res pr�sidentielles, soit il existe une force politique cach�e mais capable de manipuler tout un peuple. Dans la deuxi�me hypoth�se, il faut croire que cette force aujourd’hui "politicienne" a tout fait le 8 avril 2004 pour que l’Alg�rien glisse le bulletin de Bouteflika dans l’urne. Mais � quoi bon tout cet exercice puisque on sait depuis longtemps d�j� que ce pouvoir n’est pas � une contradiction pr�s.
Le couperet de la guillotine risque de tomber. Un procureur de la R�publique a requis six mois de suspension � l’encontre du Soir d’Alg�rie. Motif ? Diffamation. M�me l’accusation d’outrage au pr�sident de la R�publique n’a pas suscit� un aussi s�v�re r�quisitoire. Certains “amis” pensent que ce n’est l� qu’un simple avertissement pour ce titre qui ne veut pas se “normaliser” Personnellement, je commence � me m�fier des amis qui nous veulent du bien. Surtout depuis avril 2004. Sans verser dans la psychose de celui qui voit le mal partout, il para�t de plus en plus plausible que ce pouvoir-l� n’est pas pr�s d’accepter la contradiction. Sauf que dans le cas pr�sent s’il venait � confirmer ce r�quisitoire, sa presse “exemplaire” devra trouver d’autres explications � l’incarc�ration de Mohamed Benchicou que celle d’un d�lit de droit commun. Mais quel que soit le verdict qui sera rendu dans quelques semaines, l’histoire retiendra qu’un magistrat n’a pas dit le droit et cela restera comme une plaie ouverte dans le corps de la justice alg�rienne, n’en d�plaise au pr�sident du syndicat des magistrats.
Ici et l�, on ne s’est pas risqu�.
Lorsque le naufrage du Batnaet du B�chars’est produit, il ne s’est pas trouv� beaucoup de monde pour d�noncer la non-assistance � personnes en danger. Qui mieux que les catastrophes naturelles pour engloutir la b�tise et l’incomp�tence des hommes ? Lorsque Le Soir publia des photos in�dites de ce naufrage, il s’est trouv� des �mes sensibles pour crier au montage et � la manipulation politicienne (encore une). Et maintenant que la justice vient de placer sous mandat de d�p�t plusieurs cadres de la CNAN, ces m�mes personnes volent au secours de cette d�cision. Il reste � savoir maintenant si cette nouvelle chronique judiciaire va satisfaire, ceux qui n’ont plus quoi se mettre sous la dent depuis qu’ils ont �puis� le maigre “stock judiciaire” que laissait filer l’affaire Khalifa. Mais, ceux l�, nous ont souvent habitu�s � parler m�me la bouche pleine.
N. B.

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