�Nous manquons de tout et la situation est s�rieusement pr�occupante notamment en mati�re d’approvisionnement en denr�es qui font cruellement d�faut�, c’est le message des rares habitants de mechtas crois�s sur la route de Selma. C’est un fait rarissime dans la r�gion, nous dit-on.
Le paysage est sib�rien sur des kilom�tres � la ronde en allant de Texenna � la commune montagneuse et isol�e de Selma. Lors de notre vir�e p�destre dans la r�gion, � mesure que les �quipes des travaux publics et de l’arm�e nationale progressent nous observons des villages entiers o� vivent des centaines de familles � l’instar de ceux de Asseratou, Tazamourt, Tides, Sa�da, Ouled-Tahar, Aghedou recouverts d’un tapis blanc. Ces hommes qui bravent le froid et le danger nous livrent durant les cinq heures de marche que nous avions partag� avec eux leurs impressions. Une mani�re de nous faire partager cette aventure humaine et leurs soucis qui perdurent depuis plus d’une semaine. Des hommes qui se laissent glisser dans un continent de glace truff� de dangers lorsqu’on sait que le territoire est r�put� pour �tre un fief de terroristes. Ils se laissent glisser non sans trop de mal � raison d’un kilom�tre toutes les heures. Un trajet cahoteux. Pour le directeur de wilaya de la DLEP charg� du suivi des op�rations dans la r�gion. Il s’agit d’une v�ritable exp�dition humaine. �Notre objectif est de r�aliser une perc�e significative aujourd’hui (mardi, ndlr) dans ces blocs de glace afin d’arriver le plus t�t possible avant la tomb�e de la nuit � Selma�, nous explique-t-il. Les enginistes du bull et de la niveleuse r�quisitionn�s pour la circonstance font du bon travail malgr� la difficult� de l’acc�s. Au loin, sous un ciel mena�ant nous apercevons pour la premi�re fois deux h�licopt�res de l’arm�e entr�s en action pour larguer des vivres sur les localit�s isol�es et approvisionner les djounoud de la caserne de Djebel-El-Guern. L’axe Texenna-Selma est consid�r� comme �tant la principale p�n�trante pour acc�der � une autre commune, uniquement celle d’Erraguene accessible sauf par voie a�rienne. Pendant ce temps-l�, un commandant de l’ANP tente de rassurer un citoyen de la localit� de Asseratou qui a pu non sans mal s’extirper de la neige pour arriver jusqu’� la route. Les personnes crois�es en cet apr�s-midi de mardi, habitant des mechtas comme Aghedou, Kebaba, Asseratou, ont lanc� les m�mes appels � l’aide pour �tre ravitaill�es en denr�es et gaz butane. Certains le visage p�le, les yeux tir�s, nous ont fait part de leur inqui�tude quant au sort des familles vivant � Ouled- Tahar et Sa�da dont on est sans nouvelles depuis plus d’une semaine. Les anciens �moyens de locomotion�, nous dit-on, ne sont plus en mesure de ravitailler les coins recul�s recouverts d’une �paisse couche de neige de plus de 2 m. 115 bouteilles de gaz ont �t� distribu�es la veille dans des localit�s telles Hemara et Tareckecht, nous explique le DLEP. Pour le reste des villages assi�g�s, �a viendra au fur et � mesure, poursuitil. Les v�hicules de l’arm�e nationale qui accompagnent les �quipes de d�blaiement sont l�, pleins de vivres. Sans provisions depuis huit jours, certaines familles isol�es v�g�tent, affirme un citoyen, en s’alimentant en glands. Nous quittons la r�gion vers 16h non sans un pincement au cœur en pensant � ces familles livr�es � la faim et au froid et toutes ces personnes (djounoud, pompiers, cadres de la DTP, agents de la Sonelgaz...) qui conjuguent leurs efforts en poursuivant inlassablement cette aventure humaine � la conqu�te de Selma, qui sera sans doute grav�e � tout jamais dans la m�moire de chacun. Fouad Menia

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