Actualit�s : RENCONTRE AU S�NAT FRAN�AIS SUR LES LIBERT�S PUBLIQUES ET LA LIBERT� DE LA PRESSE EN ALG�RIE
Le pluralisme de fa�ade ne fait plus illusion
De notre bureau � Paris, K. Baba-Ahmed


�Nous ne pouvons nous taire : la libert� de la presse et les libert�s publiques sont aujourd’hui menac�es et il ne faut surtout pas rester silencieux face � cette situation car nous en sommes un peu responsables �. C’est en ces termes que la s�natrice des Verts, Alima Boumediene Thierry, a ouvert la rencontre organis�e vendredi soir au S�nat fran�ais et consacr�e aux libert�s publiques et � la libert� de la presse en Alg�rie et plus largement au Maghreb.
Beaucoup de journalistes fran�ais et alg�riens, des hommes politiques, des hommes de culture ont fait le d�placement pour exprimer leur engagement et leur solidarit� en faveur des libert�s de presse et d’opinion. En ouverture de cette rencontre, organis�e conjointement par Alima Boumediene, Robert M�nard, pr�sident de Reporters sans fronti�res, et le Collectif pour la libert� de la presse en Alg�rie � Paris et � sa t�te Fatiha Benchicou, l’�pouse de notre confr�re d�tenu depuis maintenant neufs mois, les organisateurs ont exprim� leur solidarit� et leur totale mobilisation en faveur de Florence Aubenas, journaliste de Lib�ration, son guide irakien Hussein Hanoun et Giuliana Sgr�na, journaliste du quotidien italien de gauche Il Manifesto, tous d�tenus en Irak. Pour les uns comme pour les autres, c’est l’expression, la libre opinion et la d�mocratie que les ennemis de la libert� veulent �touffer. Et dans le pire des cas, assassiner. Mais il fut naturellement beaucoup question de Mohamed Benchicou et des “tentatives de maquillage de sa condamnation en affaire de droit commun. Si ces tentatives du pouvoir alg�rien ont pu tromper quelques journalistes fran�ais au d�part, la manœuvre a �t� tr�s vite d�masqu�e et plus personne n’est dupe aujourd’hui”, a dit Robert M�nard. “Les d�lits d’opinion s’aggravent pour des motifs fallacieux, voire saugrenus et la r�union de jeudi a, encore une fois, permis de d�rouler tout le syst�me d’instrumentalisation de la justice pour une mise au pas d’une presse libre, dont la corporation a pay� tr�s cher sa libert�”. Dans leurs interventions respectives, Mme Fatiha Benchicou et Me Salah Hanoun, membre du collectif d’avocats de d�fense de Mohamed Benchicou, ont fortement insist� sur le fait que la condamnation de Benchicou est une d�cision politique et sa lib�ration ne peut �tre que politique. C’est la ligne �ditoriale du Matin qui a conduit notre confr�re dans les ge�les d’El Harrach. “Nous sommes tr�s loin de l’Etat de droit et de justice, fix� comme objectif dans la d�claration du 1er Novembre 54 et dans la plateforme de la Soummam et pour lequel tant d’Alg�riens et d’amis de la libert� s’�taient engag�s dans la lutte”. Celui qui parle ainsi est le chanteur compositeur, interpr�te, Claude Vinci, membre du collectif pour la libert� de la presse en Alg�rie et qui s’�tait illustr� en 1956 en d�sertant l’arm�e fran�aise en Alg�rie, ce qui lui avait valu la clandestinit�, jusqu’� l’ind�pendance de l’Alg�rie et qui a amen� l’Alg�rie � lui d�cerner, il y a quelques ann�es, le titre de moudjahid. Et c’est aussi l’homme qui n’a jamais reni� ses engagements et ses convictions et qui a refus�, en novembre dernier, l’invitation des autorit�s de l’ambassade alg�rienne � se rendre � Alger pour les comm�morations du 50e anniversaire, exprimant, ainsi, son indignation du sort fait � la libert� d’expression et d’opinion et � l’incarc�ration des journalistes. Apr�s avoir rappel� que Benchicou a �t�, ces trois derniers mois, extrait 24 fois de sa prison pour �tre pr�sent� au tribunal pour de nombreuses affaires de d�lits de presse, Claude Vinci insiste sur les r�pressions qui ne s’arr�tent pas, et notamment sur le risque de suspension qui p�se sur le quotidien Le Soir d’Alg�rie et les nombreuses amendes prononc�es “pour asphyxier les titres g�neurs”. Toutes ces sanctions, devait-il poursuivre “sont un moyen de dissuasion des forces sociales qui pourraient s’opposer � la mise en coupe de l’Alg�rie”. Le secr�taire g�n�ral du syndicat autonome des fonctionnaires SNAPAP, a, � son tour, longuement d�velopp� sur les nombreuses entraves que son syndicat et tous les syndicats autonomes trouvent sur leur parcours et la multitude d’interdictions et d’emb�ches, qui vont jusqu’� l’interdiction de la gr�ve et le d�ni de reconnaissance d’existence, auxquels ils sont confront�s journellement. Au-del� de la presse, c’est toute le soci�t� civile qui est menac�e, dira-t- il. Le pluralisme de fa�ade affich� par le pouvoir alg�rien ne fait plus illusion et il y va des droits d�mocratiques de toute une soci�t� pour le mettre � nu, en poursuivant la mobilisation et en d�non�ant partout ces entraves aux libert�s. Robert M�nard trouve “sid�rante” l’attitude complaisante des autorit�s fran�aises face aux pratiques du pouvoir alg�rien et de Bouteflika en particulier qui se retrouve dans une situation o� il a les coud�es franches. Pour Alima Boumediene, les autorit�s alg�riennes, dont elle a eu � rencontrer certains au cours de son s�jour de d�cembre dernier � Alger, sont au contraire assez pr�occup�es “de notre regard et du jugement des �lus fran�ais”. Chacun des intervenants est cependant convaincu qu’il faut partout continuer la mobilisation et l’�largir � l’Europe. Rappelant que les accords eurom�diterran�ens de Barcelone f�tent leur dixi�me anniversaire cette ann�e et que ses membres veulent relancer le partenariat Nord- Sud, le journaliste Paul Balta propose des actions pour exiger, pour tout accord, le respect du volet 3 de ces accords, consacr� aux droits de l’homme et au respect de la soci�t� civile. A l’issue d’un d�bat tr�s anim�, port� par des orateurs d�cid�s � mobiliser sur la gravit� de la situation et la n�cessit� de mettre un frein � la situation catastrophique des libert�s dans notre pays, le pr�sident de RSF a convenu avec Madame Benchicou et le collectif pour la libert� de la presse de se voir, d�s le d�but de la semaine prochaine, pour mettre au point le programme d’action pour la concr�tisation duquel Robert M�nard et son organisation se sont engag�s non seulement � porter mais aussi � faciliter, en mettant � disposition toutes les ressources et moyens de RSF.
K. B.-A.

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