Actualit�s : BOUTEFLIKA AUX FEMMES
“Si j’avais vingt Louiza Hanoune...”


C’est un discours contrast� que Abdelaziz Bouteflika a “servi” aux femmes alg�riennes lundi dernier � l’h�tel El-Aurassi � l’occasion de la Journ�e mondiale du 8 mars. Un discours par endroits moderniste, parfois r�aliste mais souvent � connotation... int�griste !
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Un signe qui ne trompe pas : parmi l’assistance quasi exclusivement f�minine, le cercle du collectif du MSP, reconnaissables “� l’uniforme” qu’elle portaient, �tait l’endroit d’o� fusaient applaudissement nourris, youyous, et m�me des chants en l’honneur du pr�sident. De tout le c�r�monial festif, les femmes MSP ont en fait retenu juste l’essentiel : le maintien de la polygamie et du tutorat pour l’�pouse lors du mariage que Bouteflika a r�introduit dans l’avant-projet de loi portant r�vision du code de la famille. Prenant donc la parole en succession � Mme Fatma Zohra Drif (veuve de l’ex-pr�sident de l’APN, le d�funt Rabah Bitat), Bouteflika a choisi l’offensive comme strat�gie. Mme Bitat jugeait appr�ciables, mais insuffisants “les progr�s” r�alis�s par la femme alg�rienne qui n’a pas encore acc�d�, soutenait-elle, aux hautes fonctions de l’Etat. C’est sous la forme d’une r�ponse directe � cette dame, tr�s �cout�e par lui, que Bouteflika entame son discours. “A ma sœur (Mme Bitat, ndlr) qui me susurrait � l’oreille il y a quelques instants, je dis que moi je te r�pondrais franchement et publiquement”. Il se tourne vers elle, la fixe du regard et lui lancera effectivement : “Ne te presse pas !” “Oui, pas de pr�cipitation. La politique est un art. Un art qui n’est pas � la port�e de tout le monde. Je tiens d’ailleurs � rendre un hommage particulier � une femme qui n’est pas dans cette salle, mais qui m�rite tous les �gards. Il s’agit de Mme Louiza Hanoune (...) Voil� une femme qui ma�trise bien l’art de la politique. Je dis bien la politique, pas de militantisme ou le djihad ou je ne sais quoi.” Toujours � l’adresse de Mme Bitat. “Trouve-moi une vingtaine de Louiza Hanoune et je te les mettrais toutes au gouvernement.” Est-ce � dire que la “Louiza Hanoune unique” est sur le point d’int�grer le gouvernement ? En tout cas, Bouteflika a confirm� la “proximit�” de Louiza Hanoune et du PT de la Pr�sidence. Le PT n’a-t-il pas particip� aux locales et l�gislatives 2002 alors que la Kabylie br�lait ? Louiza n’a-t-elle pas, en outre fait une campagne �lectorale “d’appoint” � celle de Bouteflika en avril 2004 ? “Avez-vous jamais vu un pr�sident de la R�publique faire campagne pour l’opposition” ? Fixant � nouveau Mme Bitat du regard, Bouteflika encha�ne : “Tu as d�j� eu � choisir des gens et je ne t’ai jamais d��ue” (...) “Et puis, cessez de pleurnicher ! Toutes les artistes qui viennent de se produire ce soir n’ont fait que pleurnicher. Assez ! On est venu ici pour se d�fouler un peu et voil� que nos mouchoirs sont inond�s de larmes” ! “Ecoutez, n’oublions pas que nous n’avons que 40 ans d’ind�pendance. Et nous avons boulevers� les rapports de forces. D’une soci�t� d’hommes, nous sommes m�me devenus une soci�t� de femmes. Car, la femme en plus de ses droits, elle a le privil�ge du favoritisme d� aux femmes !” Bouteflika tentera par la suite de convaincre ses interlocuteurs de s’astreindre � un certain r�alisme. “Prendre davantage de postes au gouvernement ne se d�cr�te pas. Ne vous attendez pas � ce que, moi, je d�cide qu’il y ait un gouvernement de parit�” (...) “Pr�sentez-vous � des �lections” (...). Puis l’orateur aborde le code de la famille. “Il y a des versets coraniques non n�gociables. Moi, je suis issu du peuple et de ce pays. Je ne suis pas ici pour imiter X ou Y, et vous savez tr�s bien � qui je fais allusion.” Sans doute, aux Tunisiens et aux Marocains. S’il maintient, la polygamie dans le code de la famille, le pr�sident tente de “l’att�nuer” avec cette plaisanterie � l’adresse de la gent masculine : “Il y a des hommes qui “montent” quatre femmes, d’autres trois ou deux, mais le plus grand des hommes est celui qui “monte” juste une seule femme” ! Saisissant l’occasion du 8 Mars, Bouteflika annonce, enfin, des mesures de gr�ce qui b�n�ficieront � des “femmes mineures et celle ayant plus de 60 ans”, de m�me que la constitution prochaine d’un “Conseil national de la femme”.
K. A.

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