Actualités : DIALOGUE AROUCH-POUVOIR
Le point avec Abrika


Les acquis qui se dessinent concrètement à travers l’interminable dialogue engagé entre la chefferie du gouvernement et la délégation des arouch redonnent de l’espoir à beaucoup de citoyens, potentiels bénéficiaires des mesures annoncées ou que l’on s’apprête à rendre publiques d’ici jeudi sur la mise en œuvre de la plateforme d’El-Kseur, selon Belaïd Abrika.
Outre, ce qui pourrait être annoncé à Alger à l’issue de la rencontre du comité de suivi, la CADC organisera jeudi un meeting populaire au théâtre communal Kateb-Yacine de Tizi-Ouzou pour un compte-rendu sur le bilan du dialogue qui se poursuit depuis deux mois. La permanence de la CADC installée à la cantine communale à côté de la Maison de l’artisanat connaît, ces derniers jours, une animation de rush où les citoyens victimes, à un titre ou à un autre, de la tragédie de Kabylie, viennent exposer leurs doléances. Les premiers résultats concrets portant sur les incidences sont en train de redynamiser la CADC animée par Abrika en attendant la suite des discussions en cours sur la mise en œuvre des quinze points de la plate-forme d’El-Kseur. Questionné sur les résultats obtenus et à quoi l’on pourrait s’attendre dans les prochains jours, Belaïd Abrika déclare : “Nous avons déjà annoncé les premiers résultats concrets qui ont connu une application totale ou partielle concernant notamment les incidences et cinq points de la plateforme d’El-Kseur. Nous avons demandé la libération des détenus, certains sont déjà sortis et on attend la libération des autres, notamment celle de Mohamed Benchicou. Un bon nombre de poursuites judiciaires ont été traitées, les travailleurs licenciés pour leur participation au mouvement ont réintégré leurs postes avec le paiement des arriérés. A propos de la question de l’électricité, nous avons tous pu suivre l’ENTV s’excuser pour la couverture qu’elle avait faite de la marche du 14 juin et la prise en charge de la facture d’électricité jusqu’au 31 décembre 2004. Concernant les impôts, les commissions ont été installées et ont commencé à travailler. Quelques résultats ont été déjà annoncés particulièrement sur les forfaitaires ; les autres questions sont en discussion au sein des commissions de wilaya. La dernière incidence concernant les indus élus, l’application est une question de temps, il y a un engagement à passer à la dissolution des assemblées au cas où il n’y aurait pas de retrait total. Pour ce qui est de la mise en œuvre de la plateforme d’El-Kseur, certains points ont été traités. Nous sommes parvenus à nous mettre d’accord, dans le premier round, sur le jugement des assassins par les tribunaux civils, ce qui constitue un acquis historique depuis l’indépendance ; c’est une première réparation vis-à-vis des familles des martyrs de toute une région martyrisée. Nous sommes tombés d’accord également sur la réparation due à ceux qui ont perdu des biens au cours des événements et arrêté un bon nombre de questions, concernant le recensement des martyrs et blessés pour la prise en charge de ces derniers. Nous sommes quand même avancés suffisamment sur deux chapitres. Aujourd’hui, lundi 14, nous allons reprendre les travaux dans le comité de suivi pour finaliser les deux premiers chapitres et passer aux autres afin d’annoncer de bons résultats. Je pourrais vous dire d’ores et déjà qu’il y aura beaucoup de résultats et que nous avons avancé suffisamment dans le cadre du comité de mise en œuvre qui reprendra ses travaux suite à la première séance de mercredi passé”. Il va annoncer énormément de résultats qui étonneront les nombreux citoyens qui ne croyaient pas en ce dialogue. L’insistance sur le départ des “indus élus” n’est pas le fait de la délégation mais une revendication de la base citoyenne au regard des conditions qui ont présidé aux élections, répond Abrika à notre question qui consiste à savoir si le mouvement n’entrait pas dans le jeu du pouvoir, visant la recomposition du champ politique régional aux dépens des partis politiques traditionnellement implantés en Kabylie. Le mouvement citoyen est autonome et transpartisan, il ne s’inscrit dans aucune stratégie visant à nuire à aucun parti. Il milite, au contraire, pour le plein épanouissement des partis, pour qu’ils aient la possibilité et les moyens de s’exprimer en toute liberté et démocratie, explique-t-il, en réponse à notre question. Au cours des élections partielles, les partis auront la possibilité de confirmer et d’élargir leur audience et de légitimer leur représentation au sein des assemblées, ajoute notre interlocuteur, qui déplore la dégradation totale de la gestion des collectivités issues des élections du 10 octobre 2002 et l’inaptitude des indus élus, non mandatés, à représenter la population de la région. La dissolution de ces assemblées n’est que la réparation vis-à-vis des conditions qui ont prévalu à leur mise en place. Le mouvement n’a pas rejeté les élections pour nuire aux partis politiques mais par rapport à la situation de l’époque. Nous pensons qu’il est grand temps de retourner à la souveraineté populaire pour servir la citoyenneté au niveau local, déclare en substance B. Abrika pour conclure ce court entretien. A la lecture des déclarations du porte-parole de la délégation des arouch et en attendant que les accords sur, au moins, les deux premiers chapitres en voie de finalisation soient rendus publics, on est forcé de constater que les deux mois de négociations auront été nécessaires pour confirmer l’accord sur les incidences datant déjà d’une année. Les discussions paraissent très ardues avec un vis-à-vis plutôt coriace sur la signification de chaque terme à l’exemple du statut de martyr réclamé pour les 121 jeunes assassinés au cours des tragiques événements de Kabylie sur lequel le pouvoir ne veut pas céder.
B. T.



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