Le Soir Retraite : PLUS DE 100 000 RETRAITES ALG�RIENS VIVENT EN FRANCE DANS UNE GRANDE PRECARITE
Droits bafou�s et terrifiante discrimination


Dans un avis remis au gouvernement fran�ais, jeudi 17 mars 2005, le Haut- Conseil � l'int�gration pointe l'�tat d'isolement dans lequel se trouve cette population. L'inattention de la soci�t� � l'�gard des personnes �g�es a �clat� lors de la canicule de l'�t� 2003, mais il est une population plus ignor�e encore, celle des “travailleurs migrants �g�s”.

Le Haut-Conseil � l'int�gration (HCI) appelle les pouvoirs publics � d�velopper une v�ritable politique envers ces “oubli�s de l'int�gration”, qui ont jou� un r�le essentiel pour le d�veloppement de la France d'apr�s-guerre. Le sujet prend une acuit� particuli�re avec l'augmentation du nombre de personnes concern�es. Au dernier recensement de 1999, on comptait 537 000 �trangers �g�s de plus de 60 ans. Et cette statistique ne refl�te pas toute la r�alit� des travailleurs immigr�s �g�s, car elle exclut ceux qui ont acquis la nationalit� fran�aise. Pour beaucoup, c�libataires (bien plus que ne l'est la population vieillissante fran�aise), ces vieux travailleurs vivent aujourd'hui isol�s, dans des foyers peu adapt�s � la vie � la retraite et � la perte d'autonomie, mais aussi, pour nombre d'entre eux, dans des logements ordinaires bien souvent insalubres. Ayant connu une vie professionnelle souvent discontinue, faite d'emplois peu qualifi�s, pr�caires, ils touchent une petite retraite et nombre d'entre eux per�oivent le minimum vieillesse. Mais pour pouvoir b�n�ficier de cette allocation suppl�mentaire, la loi les soumet � une obligation de r�sidence en France. Leur existence est d�s lors rythm�e par d'incessants allers-retours entre leur pays d'origine et la France. “Cette obligation de r�sidence peut conduire certains immigr�s retrait�s � choisir de ne pas retourner vivre au pays alors qu'ils le souhaiteraient”, souligne le HCI, insistant sur le fait que cela “occasionne en retour � la communaut� nationale des frais d'h�bergement importants”.
Vieillissement pr�coce
C'est aussi l'impossibilit� dans laquelle ils sont, en rentrant au pays, de se faire soigner en France pour des maladies chroniques, qui les porte � rester dans l'Hexagone. En effet, la “carte de s�jour retrait�”, attribu�e aux �trangers ne r�sidant plus en France, permet d'avoir une couverture maladie mais uniquement pour des “soins imm�diats”. Pour le HCI, les titulaires de cette carte retrait� devraient pouvoir garder l'ensemble des droits dont ils b�n�ficiaient en France. D'autant, qu'ayant occup� des emplois p�nibles, tr�s expos�s aux risques professionnels et aux al�as climatiques, les travailleurs immigr�s �g�s vieillissent pr�matur�ment et souffrent, plus que d'autres, de certaines pathologies. Pour autant, “la consommation de soins des populations immigr�s est relativement plus faible. La personne maghr�bine consulte environ trois fois moins que la personne d'origine fran�aise”, souligne le HCI, battant en br�che une id�e re�ue selon laquelle les immigr�s �g�s gr�veraient le budget de la S�curit� sociale. Soumis � une usure pr�coce, les vieux immigr�s “basculent” aussi plus t�t dans un �tat de d�pendance : d�s l'�ge de 79,5 ans (et m�me 75,3 pour les personnes originaires du Maghreb), contre 82 ans pour celles n�es en France. Les travailleurs migrants �g�s ont cependant peu acc�s aux services d'aides � domicile. Faute d'en conna�tre l'existence mais aussi essuyant des refus de la part des personnels soignants et sociaux, parfois r�ticents � venir travailler dans les foyers ou � se rendre dans des immeubles d�grad�s. “Les travailleurs immigr�s �g�s doivent pouvoir int�gralement b�n�ficier des politiques de droit commun. Mais une d�marche particuli�re est n�cessaire pour faciliter leur acc�s � des prestations ou politiques sociales”, insiste le HCI, qui adresse un “appel pressant” � l'Etat, mais aussi aux collectivit�s locales, lesquelles “ont un r�le fondamental � jouer”.

 

Evolution des �trangers de plus de 65 ans par nationalit� entre 1990 et 1999,
et vivant en France

 

Ensemble

UE

Alg�rie

Maroc

Tunisie

Afrique SS

1990

280 184

179 099

27 796

6 140

3 620

62 872

1999

359 500

213 982

63 532

19 033

6 842

53 336

1999/1990

+28,3%

+19,5%

+128,6%

+210,0%

+89,0%

-15,2%

Propositions du HCI en mati�re de retraite

Tout d’abord, le Haut-Conseil estime n�cessaire que la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) d�veloppe des services sp�cialis�s d’information et d’aide au sein de son r�seau r�gional, services auxquels cette population pourrait faire appel en cas de difficult�s non r�solues dans le cadre de l’accueil de droit commun. Les textes r�glementaires pr�vus par la loi doivent �tre r�dig�s afin que les caisses r�gionales harmonisent leurs pratiques, notamment pour l’obligation de r�sidence et sa dur�e. La dur�e de r�sidence devrait �tre fix�e � six mois par an et l’obligation de r�sidence ne doit pas �tre comprise comme une obligation de r�sidence continue, afin de tenir compte des pratiques de vie faites de va-et-vient entre le pays d’origine et la France. Les d�crets d’application de l’ordonnance simplifiant le minimum vieillesse n’ayant pas encore �t� pris, il existe l� une r�elle opportunit� r�glementaire que le Haut-Conseil � l’Int�gration voudrait voir utilis�e.

Pour en savoir plus :
L’avis du HCI est diffus� int�gralement sur le site Internet suivant
< www.premierministre. gouv.fr >

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