Actualit�s : DISCOURS DU CHEF DE L'�TAT
Le cœur et la raison
Par Ma�mar Farah


Les Alg�riens et les Arabes d’une mani�re g�n�rale qui ont suivi l’allocution du pr�sident de la R�publique n’auront pas �t� d��us ! Dans un monde arabe qui a perdu honneur et dignit� depuis longtemps et o� la courbette devant Bush devient la principale occupation de certains dirigeants — heureusement pas tous ! —, les mots de Bouteflika ont retenti comme un tonnerre dans un ciel noirci par la l�chet� des uns et le silence complice des autres.
Cela fait belle lurette qu’on ne leur a pas parl� de cette mani�re, avec cette franchise et cet engagement qui ont longtemps caract�ris� le discours arabe, avant que celui-ci ne sombre dans la m�diocrit� et le repl�trage, sous couvert de r�alisme et de pragmatisme. L’intervention du chef de l’Etat, retransmise en direct dans la quasi-totalit� des pays arabes et par les cha�nes d’information internationales, a �t� marqu�e par un sens autocritique aigu qui rappelle aux Arabes leur condition r�elle, loin des sentiments, des passions et des relents nostalgiques. Elle a fait un large tour d’horizon sur les probl�mes de l’heure, en insistant sur les grands dossiers qui doivent mobiliser toutes les �nergies arabes. A commencer par la Palestine que certains veulent brader dans une op�ration douteuse o� les Arabes multiplieront les concessions sans contrepartie. �La paix contre la terre�, principe conducteur du plan du prince Abdallah d’Arabie, adopt� par le Sommet de Beyrouth, reste plus que jamais l’�l�ment central de toute n�gociation avec l’Etat h�breu et toute autre tentative ne vise qu’� perp�tuer l’ordre �tabli au seul avantage d’Isra�l. Bouteflika a r�affirm� solennellement l’engagement des Arabes pour la paix. Mais pas n’importe quelle paix ! Une paix juste et durable qui permettra enfin au Moyen-Orient de sortir d�finitivement de l’�tat de guerre qui l’emp�che depuis des d�cades de jouir des bienfaits du d�veloppement socio-�conomique. Ce n’est pas � Alger que l’on dira autre chose et ce n’est pas � Alger que l’on bradera la cause palestinienne pour faire plaisir aux sponsors des sionistes ! A ce titre, certaines absences sont injustifiables � un moment o� le navire a besoin de tout son �quipage pour ne pas couler dans les eaux p�rilleuses des nouvelles recompositions g�ostrat�giques. Sur l’Irak, le pr�sident Bouteflika parlera d’ind�pendance, mot tabou que certains dirigeants arabes oublient ou feignent d’oublier en ces temps o� tout �cart peut co�ter cher � ses auteurs. Il rappellera �galement l’occupation de la Syrie et du Liban, comme il citera le Soudan, la Somalie et d’autres points chauds o� les Arabes ont fort � faire pour aider leurs fr�res qui souffrent et attendent… Dans un geste d’une rare noblesse, le pr�sident Bouteflika �vitera d’�voquer la question du Sahara occidental par �gard pour Sa Majest� Mohammed VI dont la visite en Alg�rie est la premi�re d’un souverain marocain depuis treize ann�es ! Puisse cet esprit constructif continuer � guider la diplomatie alg�rienne dans ses retrouvailles avec ce pays fr�re pour que la question du Sahara ne soit plus cet �ternel emp�cheur de tourner en rond. Sur toutes les autres questions, le chef de l’Etat aura �t� remarquable. Si nous avons pour habitude de critiquer durement les options internes du pr�sident, — auxquelles nous restons du reste fermement oppos�s —, comme la privatisation et l’amnistie g�n�rale, le devoir de v�rit� nous impose aujourd’hui de reconna�tre que M. Bouteflika vient de prononcer son meilleur discours depuis son investiture. Un discours qui nous r�concilie avec nous-m�mes, avec nos engagements pass�s, notre lutte s�culaire et l’image que gardent de nous les peuples arabes. Nous avons retrouv� le Bouteflika des ann�es soixante-dix, avec moins de ferveur r�volutionnaire peut-�tre, plus de sagesse certainement, mais toujours avec cet accent de sinc�rit� et cet engagement qui ne recule devant rien pour dire notre soif de justice, d’�galit� et de paix ! Hier, j’avais comme l’impression d’entendre Boumediene et c’est tout dire... Demain ou apr�s-demain, nous aurons l’occasion de revenir � l’amnistie, � la r�conciliation et � notre sauce interne. Mais aujourd’hui, laissez-moi vous dire que je suis fier d’�tre alg�rien !
M. F.



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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2005/03/23/article.php?sid=20842&cid=2