Actualit�s : CE MONDE QUI BOUGE
Le “Printemps arabe”
Par Hassane Zerrouky


Le 2 f�vrier pass�, le pr�sident Bush annon�ait que �des r�formes pleines d’espoir sont d�j� en train de prendre pied dans un arc allant du Maroc � la Jordanie et � Bahre�n�. Les �lections irakiennes malgr� une violence extr�me, l’�lection pr�sidentielle en Palestine conjugu�es aux manifestations anti-syriennes au Liban pour exiger des �lections l�gislatives en dehors de toute pression ext�rieure font dire � certains commentateurs des grands m�dias am�ricains que l’on assiste � un � Printemps arabe � dans les pays du Proche-Orient et au Maghreb.
Et dont le d�tonateur serait la chute du r�gime de Saddam Hussein. En v�rit�, si les pays arabes ne peuvent t�t ou tard �chapper au vent d�mocratique qui souffle sur une partie de la plan�te, le �Printemps arabe� n’est pas encore une r�alit�. Et si le Sommet d’Alger a pudiquement ignor� la question d�mocratique, cela ne signifie nullement que l’histoire ne finira pas par rattraper des pays gouvern�s par des r�gimes autoritaires et antid�mocratiques. Pour l’heure, les r�gimes arabes pensent qu’il suffit de jeter par-dessus bord l’�conomie administr�e, d’opter pour le n�olib�ralisme, mais en mettant entre parenth�se la d�mocratie et les libert�s, pour rattraper leur retard. Or, la citoyennet� sociale et politique, loin d’�tre un luxe, comme le note un rapport du PNUD, est une condition d�mocratique et un gage de l’efficacit� �conomique. Par cons�quent, tenir les peuples arabes en dehors des d�cisions qui les concernent ne peut mener loin. Certes, d’un pays � l’autre, les situations sociopolitiques sont diff�rentes. Certains pays sont dirig�s par des r�gimes dictatoriaux et semi-f�odaux. D’autres, anticipant sur les changements � venir, ont proc�d� � des r�formes en se dotant d’un pluralisme politique de fa�ade. C’est le cas de Qatar, Bahre�n et Oman, de la Jordanie, du Maroc et de l’Alg�rie. Mais, les quelques progr�s d�mocratiques obtenus, par exemple au Maroc et en Alg�rie, sont vite contrecarr�s par les pouvoirs en place. Dans ces deux pays, l’espace politique et m�diatique reste verrouill�. La justice n’est pas ind�pendante. La libert� d’expression n’est tol�r�e que dans la mesure o� elle ne met pas en cause le pouvoir en place. Et les violations des droits de l’homme n’ont pas tout � fait disparu. Ailleurs, la situation est pire, comme en Arabie Saoudite, o� les partis politiques sont interdits et o� il n’existe pas de libert� de la presse ni d’expression. M�me situation dans les Emirats arabes unis o� les partis sont interdits et o� le pouvoir en place a menac� les intellectuels qui demandaient des �lections libres. Pour des raisons diverses, la quasi-totalit� des r�gimes arabes ont soit �mis des r�serves, soit rejet� le projet de �Grand Moyen-Orient arabe� de George Bush. Pour les uns, comme l’Egypte, promouvoir des r�formes politiques et �conomiques visant � d�mocratiser ces pays, suppose au pr�alable le r�glement du conflit isra�lo-palestinien et que tout progr�s dans ce domaine doit tenir compte des � int�r�ts � et des �valeurs de leurs peuples �. Par la voix d’Abdelaziz Belkhadem, l’Alg�rie, qui a appuy� le projet am�ricain, a estim� que �l’instabilit� des pays arabes ne s’explique pas uniquement par la d�gradation �conomique et un d�ficit d�mocratique�. En v�rit�, ce qui a fait prendre la mouche � certains r�gimes arabes, c’est de se voir contraindre par Washington d’engager des r�formes d�mocratiques qui risquent de mettre fin � des syst�mes politiques fond�s sur la rente, le client�lisme, l’all�geance, g�n�rateurs d’in�galit�s sociales, de corruption, d’instabilit� sociopolitique, d’autoritarisme.., des syst�mes qui ont fait leur temps. Il n’emp�che, et quelles que soient les arri�res-pens�es g�ostrat�giques de Washington, une chose est s�re : dans une plan�te o� l’histoire est en mouvement, les pays arabes ne peuvent �chapper � la logique d�mocratique.
H. Z.

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