Actualit�s : 49e ANNIVERSAIRE DE LA MORT DE MUSTAPHA BENBOULAID
Le mois des martyrs


2e partie et fin
Z�ro heure 1er novembre 1954
Le regroupement des moudjahidine a commenc� le 29 octobre � Dachret Ouled- Moussa o� convergent 400 militants de la cause nationale, r�unis par Si Mustapha et ses proches collaborateurs, Chihani, Adjoul, Boucetta... Il organisera les combattants en plusieurs groupes avec des missions pr�cises pour couvrir tout le territoire du Grand Aur�s.

Deux groupes ont �t� dirig�s sur Batna, un autre � Arris, un pour la commune d’A�n-Touta. Un autre � Barika, un � Ka�s en plus du groupe de Khenchela dirig� par Abb�s Laghrour, un autre plus important � Biskra, (37 �l�ments) devant se diviser � leur arriv�e en trois sousgroupes. Toutes les positions strat�giques de l’ennemi ont �t� vis�es par les moudjahidine � z�ro heure, la nuit du 1er novembre.
L’incident de Foum-El-Khanga
Le groupe command� par Mohammed Sba�hi, charg� de l’attaque de la gendarmerie de T’kout, qui est parti comme tous les autres de Dachret Ouled-Moussa, a emprunt� l’oued d’Arris et a �t� surpris par le jour � Taghit. Son responsable d�cide tout de m�me d’effectuer le bapt�me du feu en tendant une embuscade � l’autobus Biskra-Arris, au lieu-dit Foum-El-Khanga. Connaissant parfaitement le terrain, les hommes du groupe choisissent le sommet d’une c�te, sur un versant touffu surplombant un ravin profond pour dresser une solide barricade avec pierres et troncs d’arbres. Le car transportant le ca�d de la r�gion s’arr�te comme pr�vu au pied de la barricade. Usant de son autorit� le ca�d en question traita de tous les noms les auteurs de la barricade les mena�ant de son pistolet au poing. Sba�hi le mit en joue et tira atteignant le ca�d � la jambe. L’instituteur fran�ais Morineau re�oit par erreur un coup mortel. Sa femme sera � son tour bless�e. Les �v�nements se pr�cipitent pour le groupe et son chef. Sba�hi sort de son abri pour achever � bout portant le ca�d. Du fait de la pr�sence de l’ALN dans cette zone strat�gique, reliant les Aur�s au sud du pays, le 9 novembre 1954, une vaste op�ration a �t� engag�e par l’arm�e fran�aise pour encercler toute la r�gion et mener une vaste campagne de r�pression, d’arrestations, de destruction des dechrate, des biens et r�serves alimentaires. Embuscades, accrochages et op�rations diverses se succ�dent aux �v�nements de la nuit du 1er novembre 1954.
La bataille de T’baboucht (07/12/1954)

Adjel Adjoul, Abb�s Laghrour et Sidi Hani (Bachir Ouartane) �taient charg�s de conduire l’unit� vers le poste de commandement de la zone, pour une r�union � laquelle devait prendre part Mustapha Benboula�d le 6 d�cembre 1954. L’unit� compos�e de 55 �l�ments conduite par Sba�hi Mohammed rejoint la nuit, le lieudit Ma�za non loin de Kimel. Les �claireurs se sont aper�u de l’arriv�e de l’ennemi venant en force de l’est et de l’ouest. Aussit�t, les moudjahidine replient jusqu'� T’baboucht � l’endroit appel� Stah-El-Louz, c’est le 7 d�cembre 1954, l’encerclement du groupe �tait total. D�s les premiers �changes de feu, Sba�hi Mohammed est atteint, mais r�ussit quand m�me � abattre plusieurs assaillants avant de rendre l’�me. Pendant qu’un feu nourri enveloppait le champ de bataille, deux groupes ont pu sortir de l’encerclement, il ne restait que 34 �l�ments dans la bataille qui dura toute la nuit. Au lever du jour, les assauts se succ�dent vague apr�s vague, il fallait tenir, car certains combattants n’avaient pas de balles. La nuit s’installa de nouveau permettant aux vaillants combattants de se retirer derri�re les lignes ennemies. Arriv� aux ruines romaines pr�s de Kimel, le groupe compte huit chahids et cinq bless�s. Trois jours apr�s cette m�morable bataille, les combattants re�oivent la visite de Si Mustapha. Le chef de la R�volution dira aux moudjahidine : “Aujourd’hui est le jour qu’attendait la R�volution pour l a lib�ration nationale de l’est � l’ouest de l’Alg�rie le peuple est d�j� debout.” A l’issue des premi�res batailles et devant l’armada de l’arm�e fran�aise, le besoin en armes plus performantes est devenu une n�cessit� pressante pour la suite de la guerre de Lib�ration.
La grande �vasion de Si Mustapha

A cet effet, et apr�s avoir remis le commandement de la wilaya � Chihani Bachir, il quittera les hauts lieux de la R�volution le 24 janvier 1955 � destination du Moyen-Orient pour l’acquisition d’armes. Si Mustapha a �t� arr�t� le 12 f�vrier 1955 dans la r�gion de Benguerden pr�s de la fronti�re tuniso-libyenne. Jug� et emprisonn� en Tunisie, il sera transf�r� � la prison Koudia de Constantine pour compara�tre devant son tribunal qui le condamna � mort. En d�pit de son jugement, Benboula�d courageux, tenace et intransigeant, ne s’est pas avou� vaincu et de l’int�rieur de sa cellule il a entrepris avec l’aide de ses compagnons le creusement d’un canal. Apr�s deux mois de travaux, Si Mustapha et dix de ses compagnons retrouv�rent la libert� la nuit du 14 novembre 1955 et reprirent la direction du maquis apr�s une �vasion qualifi�e par les g�n�raux fran�ais d’“�vasion du si�cle”. Benboula�d et ses compagnons ont d� escalader le mur �lev� de la prison de Koudia (14 m de haut) et se jeter dans le vide de l’autre c�t�. Par miracle, il n’y a eu qu’un bless� pris en charge par le groupe. La grande �vasion s’est d�roul�e parfaitement comme pr�vu par les plans �tablis � l'avance. Apr�s cinq jours de marche, Benboula�d et son compagnon La�fa Mohammed atteignent djebel Bouarif de nuit. Il rendra visite � son beau-fr�re Bensmiha Ch�rif � Tazoult. Pour m�moire, Si Mustapha trouvera ses enfants endormis et refuse m�me de les r�veiller pr�f�rant repartir de sit�t. Quelques instants apr�s son d�part, la maison sera encercl�e par l’arm�e fran�aise.
La bataille d’Ifri-Lebleh

Si Mustapha avait h�te de retrouver les monts des Aur�s, les hauts lieux de la R�volution. Rapidement, il se remet au travail pour r�organiser la wilaya et surtout s’attaquer aux m�faits du tribalisme qui, en son absence, a fait des malheurs. Benboula�d se r�installe dans son PC situ� juste au pied du mont Ahmar-Khadou. Si Mustapha avait choisi ce lieu pour faire construire un important abri bien approvisionn� o� les moudjahidine venaient se reposer, se soigner... De ce merkez, tous les ordres partaient aux combattants. Le 11 janvier 1956, non loin de ce lieu au pied du mont Ahmar-Khadou et face aux c�l�bres Balcons de Ghoufi, eut lieu la grande bataille d’Ifri-Lebleh. Deux groupes de moudjahidine, le premier conduit par Si Mustapha et le second par Belkacem Mohammed Ben Messaoud, furent accroch�s par l’ennemi vers 6 heures du matin. Durant toute la journ�e et jusqu’au cr�puscule, l’arm�e fran�aise usera de toute sa puissance de feu y compris l’aviation qui bombardera � maintes reprises les positions des moudjahidine. Apr�s une r�sistance h�ro�que � l’ennemi en surnombre, Benboula�d craignant l’encerclement retira ses hommes sur les monts avoisinants au lieudit Ghar Allou- A�ssa. Trois jours plus tard, les moudjahidine reviennent sur les lieux pour enterrer 74 chahids, r�cup�rer les armes et munitions perdues. Un avion d’observation qui surveillait le secteur a �t� abattu par Bensalem Mohammed. Les troupes coloniales accourent de toutes parts soutenues par des h�licopt�res et des avions. Un bombardement intensif de toute la r�gion s’ensuivit. La bataille fera rage jusqu’au repli strat�gique des moudjahidine sains et saufs. L’ennemi avait perdu dans cette bataille des centaines d’hommes, un avion et du mat�riel lourd. C’est seulement apr�s cette bataille (13 et 14 janvier 1956) que Benboula�d reprendra officiellement le commandement de la wilaya I � l’issue d’une r�union regroupant les responsables des r�gions est et ouest. Il pr�sidera les 11, 12 et 13 mars 1956 une r�union d’�valuation de la marche de la R�volution �laborant les grandes lignes des futures offensives.
Le pi�ge
Le 14 mars 1956, un avion Nord Atlas de la base a�rienne de Cercottes (France) survole pendant presque une heure toute la r�gion de Mena� et Nara, larguant plusieurs colis aux troupes fran�aises au sol. L’un a �t� r�cup�r� par un berger qui le remet sans l’ouvrir au responsable civil du FLN. A son tour, il le remet � une patrouille des katibas de protection du PC de Si Mustapha. Le sac colis sera ouvert par Abdelhamid Lamrani. Il y avait dedans un poste transistor, des dizaines de lettres venues de France et destin�es � des jeunes soldats en garnison dans la r�gion. Le pi�ge �tait diabolique. Ce poste dont toute la carcasse �tait de l’explosif (plastic) a, semble-t-il, �t� fabriqu� � Cercottes (France), base arri�re du 11e bataillon de choc, bras s�culier du SDECE (service d’espionnage et contre-espionnage fran�ais).
La R�volution perd son strat�ge
Le 22 mars 1956, Si Mustapha pr�sidera une seconde r�union regroupant les cadres de la r�gion ouest des Aur�s � Djebel Lazreg au lieudit Tafrent. Au cours de cette r�union, on l’informe de l’existence du transistor. Il ordonna � ses hommes de ne pas le toucher. Plus tard, il passera plusieurs heures sous une pluie glaciale en t�te � t�te avec Si El Haoues. Les deux hommes se concertent et durent certainement prendre des d�cisions importantes et urgentes puisque la r�union nationale des chefs de la lutte arm�e �tait en pr�paration. Si El Haoues accompagn� du groupe de protection prendra la direction du Sud. Dans cette nuit du 22 au 23 mars, un brouillard �pais a couvert Djebel Lazreg sous le regard de Si Mustapha Abdelhamid. Lamrani et Mahmoud Benabcha essayaient tous les deux de faire fonctionner le transistor. C’est alors que la terrible explosion eut lieu. Les murs du refuge �clat�rent litt�ralement. Si Mustapha et plusieurs de ses compagnons furent d�chiquet�s. Les survivants ouvrent les yeux sur des cadavres dispers�s et le g�missement des bless�s. Ainsi la R�volution a perdu en ce jour du 23 mars un de ses premiers h�ros, chef et fondateur.
Houadef Mohammed

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable