R�gions Centre : DJELFA
Sidi-Bayazid, une commune qui sent la poudre


Sidi-Bayazid est le chef-lieu de commune de quatre annexes administratives diss�min�es sur un vaste territoire � cheval entre une succession de vall�es et de maquis denses � l’infini. La commune se trouve � une cinquantaine de kilom�tres au nord-est de Djelfa dans une position g�ographique excentr�e. Sa population est estim�e, selon le dernier recensement, � une dizaine de milliers d’habitants. Ses ressources assez menues proviennent essentiellement du secteur primaire et de quelques recettes fiscales d’un ordre infinit�simal.
Sa structure ethnique est apparemment simple n’englobant que deux tribus : les Ouled Benalia et les S’hary qui, au demeurant, r�ussissent une parfaite symbiose en d�pit de ce que laissent croire quelques versions de l’histoire locale. N�anmoins, il importe de pr�ciser qu’� chaque rendez- vous �lectoral et particuli�rement les municipales, les rapports sociaux entre ces deux tribus tendent � s’alt�rer et dans ce cas seulement les vieux d�mons surgissent du fin fond de l’histoire mettant ponctuellement � mal leurs relations. La logique du conflit tribal d�borde souvent sur des luttes intestines jusqu’� mettre parfois en prise les fractions d’une m�me tribu. A ce sujet, la m�moire collective garde encore quelques r�miniscences sur des affrontements qu’on n’a pas forc�ment envie de voir se r�p�ter. Mais voil� que curieusement ce qui se passe actuellement dans cette petite et extr�mement pauvre localit� prouve, on ne peut mieux, que la population que l’on croyait � jamais l’otage d’enjeux �lectoraux est en train de surprendre par une mutation sociale extraordinaire. Sans conteste, la population de Sidi-Bayazid, derri�re la majorit� de ses �lus, vit une recomposition sociologique en abstraction de toute consid�ration tribale. En effet, le retrait de confiance au maire actuel semble mettre tout le monde d’accord puisque six membres parmi les neuf que compte cette APC ont exprim� cela par �crit et par-devant notaire pour ensuite soumettre la motion le 26 janvier 2005 au chef de da�ra. Avant, les rapports de travail n’�taient pas au beau fixe. En termes de courants politiques, le FLN est fort de six membres, le FNA de deux et le RND n’en poss�de qu’un seul. Mais on est loin de la logique o� les partis poss�dent une influence sur leurs �lus pour �tre capables de d�goupiller un cas de dissensions graves et davantage lorsqu’il s’agit d’une localit� o� l’�quation � r�soudre poss�de un discriminant tribalistique. C’est pourquoi, d’ailleurs, il est extraordinaire de constater une union, la premi�re du genre, d’�lus appartenant � des tribus diff�rentes, conclure un accord tacite alors que le mis en cause est issu de l’une d’elles. A noter que les Ouled-Benalia sont au nombre de six dont le P/APC et que les trois restants appartiennent aux S’hary, ce qui, dans la logique ancienne, aurait garanti au maire actuel de couler un mandat p�p�re. Malgr� plusieurs tentatives de conciliation, la situation ne fait qu’empirer et les dissensions vont en s’aggravant, paralysant l’activit� de l’APC. M. Slimani Ali, un membre de cette APC soucieux de l’avenir, a daign� sonner l’alarme en s’adressant au Soir d’Alg�rie en d�clarant que la situation a atteint un point de non-retour. Personnage tr�s influent dans sa localit�, Slimani Ali devait en outre d�clarer que le P/APC dont il �tait en 2002 un soutien inconditionnel est lui-m�me son propre fossoyeur car s’obstinant � s’embrigader dans un style de gestion autocratique et sans partage. Il reconna�t les reproches faits au maire par ses pairs s’agissant de ne r�unir l’APC que pour d�lib�rer sur des d�cisions prises unilat�ralement et � l’avance par le P/APC souvent sur les conseils de ses proches. Il ajoute qu’� ce jour les commissions statutaires n’existent pas � l’exception des œuvres sociales et le comit� des march�s que le P/APC g�re � coups d’injonctions, et que les missions et t�ches ne sont pas r�parties. Pourtant, deux ans et demi se sont �coul�s ! A cela, l’interlocuteur du Soir d’Alg�rie oppose le fait que c’�tait gr�ce � son influence et son aura sur les �lus que les choses ont fonctionn� jusque-l�. Aujourd’hui, cela n’est plus possible car il y va de la coh�sion sociale. Il rappelle aussi les �v�nements de 2003 o� il avait r�ussi � contenir la furie citoyenne et � r�sorber la col�re de la population qui avait, on s’en souvient, abouti � la fermeture du si�ge du l’APC quatre mois durant � cause de l’�lection du P/APC. Enfin, il redoute que cela r�cidive si le retrait de confiance n’aboutit pas en pr�cisant que les six dissidents sont d�termin�s � aller irr�vocablement au bout, quitte � recourir � la d�mission collective. N’emp�che que les six multiplient les initiatives, et la derni�re a consist� � exiger une commission d’enqu�te. Se dirige-t-on vers l’exemple de Charef ? Pour l’instant, la tutelle n’a pas encore tranch�. Ceci fait involontairement le jeu de quelques lugubres ubiquistes qui ne s’embarrassent pas de scrupules pour instaurer un climat de psychose � la seule id�e que le retrait de confiance aboutisse. Ce qui, selon Slimani Ali, dont il faut pr�ciser qu’il est l’ami du maire, est faux car c’est l’inverse qui risque de mettre le feu � la poudri�re.
Abdelkader Zighem

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