Actualit�s : ORAN/LES FEMMES VIOLENT�ES DE HASSI-MESSAOUD
“Nous continuerons notre combat”


Les femmes violent�es de Hassi- Messaoud ne sont pas pr�s d’oublier les horreurs qu’elles ont v�cues au mois de juillet 2001, lorsqu’un groupe d’agresseurs les a lynch�es, viol�es et battues. Trois parmi ces victimes invit�es par l’AFEPEC, qui a organis� mercredi et jeudi derniers une rencontre de solidarit� avec ces femmes au si�ge de l’AAEC � Oran, sont revenues sur ce drame.
L’amertume qu’on a v�cue durant quatre heures ce maudit jour est inoubliable, mais l’indiff�rence des autorit�s publiques et le jugement de la soci�t� nous ont tu�es encore plus”, notera Fatiha, une victime venue de Sidi-Bel-Abb�s. “Depuis, je me sens vieille, alors que je n’ai que trente ans. A pr�sent, j’ai honte de dire que je suis une victime de Hassi- Messaoud, ma vie ne vaut rien, ni travail ni revenu, les agresseurs nous ont bris� la vie”, ajoutera encore cette victime, qui a �t� accompagn�e par son mari. Contrairement � Fatiha, peu de victimes ont �t� soutenues par leurs proches, qui les ont abandonn�es et chass�es du foyer familial. Selon Fatiha, une de ses amies agress�es d’Oran, a �t� emp�ch�e d’assister aux fun�railles de sa d�funte m�re d�c�d�e apr�s ce drame. “Son propre fr�re lui a interdit de faite ses adieux � sa m�re. Une autre jeune victime de Tiaret, environ la vingtaine, s�journe � pr�sent dans un parc de voitures, apr�s avoir �t� chass�e de la maison par sa propre famille. Nous sommes les victimes, mais tout le monde s’est retourn� contre nous”, regrettera cette femme, qui a �t� enterr�e vivante avant d’�tre secourue par deux policiers. En d�pit de toutes leurs souffrances et leurs d�boires, ces femmes ont refus� de retirer leurs plaintes et sont d�termin�es � continuer leur combat pour mettre un terme � la violence subie par la femme. Rahmouna, environ la cinquantaine, elle aussi est compl�tement effondr�e. Accompagn�e par sa fille, cette femme arm�e de courage, a condamn� les autorit�s locales, qui refusent selon elle de la recevoir elle et les autres victimes. “On nous a promis monts et merveilles, mais rien n’a �t� fait pour qu’on puisse travailler et nourrir nos familles. En raison du manque de moyens financiers, ma fille a d� abandonner les �tudes”, notera cette femme. Un appel d’assistance a �t� lanc� par ces femmes aux repr�sentantes des associations et de la soci�t� civile pr�sentes � cette rencontre pour qu’elles puissent continuer leur combat. “On ne veut pas tendre la main. On a juste besoin d’un travail pour nourrir nos familles”, demandera Fatiha. Un large �lan de solidarit� est organis� par quelques associations pour assister ces femmes. Selon Mme Remaoun Malika, la pr�sidente de l’AFEPC, des contacts sont entrepris avec le minist�re de la Solidarit� pour aider ces femmes � lancer des projets dans le cadre du microcr�dit. La wilaya de Sidi-Bel-Abb�s et la commune de Misserghine ont promis, selon cette derni�re, d’octroyer deux logements � deux victimes de ces violences. “A pr�sent, on attend toujours la concr�tisation de ces promesses”, notera cette responsable. Le combat de ces femmes, qui demandent aux pouvoirs publics de les d�dommager, semble long. Arriveront-elles � s’imposer dans cette soci�t� qui les a rejet�es ? “Nous continuerons notre chemin, on n’a plus peur de la mort qu’on a v�cue il y a quatre ans”, insistera Fatiha, qui refuse toute forme de violence contre les femmes. Ce ph�nom�ne prend de l’ampleur, selon Mme Alloula, qui a pr�sent� les r�sultats d’une enqu�te sur la violence pilot�e par l’Institut national de la sant� publique et men�e par les repr�sentants des minist�res de la Sant�, de la Justice et de l’Int�rieur. Selon la conf�renci�re, 9 033 victimes ont �t� recens�es durant cette enqu�te men�e du 21 d�cembre 2002 au 21 mai 2003. 10,4% des victimes sont d’Alger, leur �ge moyen est de 33,3 ans. 30,8% des victimes sont analphab�tes et 72,3 % sont sans profession. Mme Alloula a aussi pr�cis� que la majorit� des femmes, qui d�posent plainte contre leurs agresseurs ont plus de 55 ans. Elles sont soit veuves soit divorc�es. Les autres femmes violent�es refusent d’ester en justice leurs agresseurs, en particulier leurs �poux, pour diff�rentes consid�rations.
Soraya H. A.

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