Actualit�s : MARCHE DU T�L�PHONE PORTABLE EN ALG�RIE
Le grand bazar


Il n’y a pas � dire, le consommateur alg�rien f�ru de portables a de la chance. Il lui suffit, en effet, de s’accorder un peu de temps pour se laisser accrocher par de tr�s attirants �talages ayant fleuri sur des places connues de tous pour se voir, ensuite, offrir la gamme la plus large de portables � des prix faisant p�lir d’envie n’importe qui dans les pays � revenu par habitant bien plus important que le n�tre. Par quel miracle, vous demanderiez-vous ? Les voies du march� parall�le ne sont finalement pas aussi imp�n�trables qu’on veuille le faire croire. Entre autres, le tr�s lucratif march� du t�l�phone portable. C’est la conviction d’une source bien au fait de ce march� o� les authentiques investisseurs, les professionnels du secteur, font face � une meute de nouveaux entrepreneurs qui n’ont rien � voir avec le cr�neau.
Les voies du march� sont . . . p�n�trables ! L’�tendue du march� parall�le est telle que l’on se demande, aujourd’hui, comment des gens sens�s acceptent de se lancer dans une v�ritable aventure o� les r�gles qui r�gissent les march�s n’ont pas droit de cit�. �Je crois en ce cr�neau comme je crois en ce pays, pour peu que les r�gles du jeu soient clairement �tablies et surtout appliqu�es. Il est vrai, le march� est infest� de ces porteurs de cabas remplis de portables � ras-bord et d’autres qui ont lanc� des microentreprises pour se sp�cialiser dans l’importation de t�l�phones portables chez ceux qu’on appelle les d�packeurs�, confie un investisseur pas d�courag� malgr� tout par la tournure prise par le march� du portable, lui qui s’est lanc� dans ce secteur il y a pr�s de quatre ans alors que le portable n’attisait pas encore les f�roces app�tits. Il ne fait aucun doute— et ce n’est un secret pour personne — qu’il y a beaucoup d’argent inject� dans le circuit de distribution du t�l�phone mobile. Des sommes qui, �videmment, �chappent � tout contr�le depuis un an et demi � deux ans. Et, eu �gard au fulgurant d�veloppement de la t�l�phonie mobile, la situation prend une ampleur si bien que l’on n’est plus �tonn� de voir un entrepreneur en b�timent ou dans n’importe quel autre secteur d’activit� se transformer en sp�cialiste de la t�l�phonie mobile du jour au lendemain. Plus grave encore, soup�onne- t-il, il n’est pas � �carter qu’une partie des capitaux inject�s dans ce cr�neau pour un recyclage, provient du terrorisme. �Pour un pays comme le n�tre, atteindre le chiffre de cinq millions d’abonn�s en un si court laps de temps n’est pas sans engendrer des r�percussions sur le march� de la t�l�phonie mobile. Les Alg�riens se sont malheureusement retrouv�s � acheter n’importe quoi, n’importe o� et n’importe comment�, estime notre source qui s’attarde quelque peu sur les chiffres officiels. Selon les statistiques �tablies pour l’ann�e 2004, pr�s d’un million et demi d’appareils sont entr�s par la voie l�gale. A c�t�, tout le monde imagine un peu combien de portables ont emprunt� ces chemins de traverse connus de tous pour atterrir dans des vitrines propos�s � des prix entre 25 et 30% moins chers que ceux pratiqu�s chez les distributeurs officiels. Sur certains mod�les, par exemple, une rapide comparaison fait ressortir une diff�rence de prix de . . . dix mille dinars ! A l’Est comme � l’Ouest, il y a toujours du nouveau Comme pour toutes sortes de bien de consommation, depuis que notre pays s’est ouvert comme jamais on osait l’imaginer, les voies privil�gi�es d’approvisionnement du march� du portable se sont multipli�es. Et tr�s vite, � croire notre source, elles ont �t� identifi�es. Pour avoir une id�e sur le fonctionnement de ce march�,un tour s’impose du c�t� d’El-Harrach, au quartier Belfort, o� des dizaines de grossistes se sont install�s pour transformer les lieux du touau tout. �L�, selon notre source, vous trouverez tous les portables qui existent au monde. Ils ont �t� “import�s” d’Espagne, d’Allemagne, d’Italie, d’Angleterre et, bien s�r, comme pour beaucoup d’autres biens de consommation, � partir de Duba�. A se fier aux confidences de ce professionnel, la perm�abilit� de nos fronti�res terrestres est apparue au grand jour. Il cite l’exemple de cette fili�re qui active � l’est du pays, dans les environs de T�bessa, ou encore � l’ouest, du c�t� de Maghnia, le paradis des trabendistes en tous genres, d’o� on alimente le march� alg�rien du portable. Ce sont ces appareils, en grande partie, que vous retrouverez � Tizi-Ouzou, � Blida, Tiaret ou n’importe quelle autre ville d’Alg�rie. Et lorsque vous demandez un portable le vendeur vous r�plique �Un portable avec ou sans bo�te ? � L�, vous pouvez �tre s�r que votre appareil est arriv� en Alg�rie � dos d’�ne ou gr�ce au cabas. Ceci pour les fronti�res terrestres. Toutefois, la plus pris�e des voies d’approvisionnement, selon la m�me source, se trouve �tre, depuis quelques mois, celle de l’autre c�t� de la M�diterran�e vers laquelle se sont orient�s d’ing�nieux importateurs, aussi bien de banals porteurs de cabas que des chefs d’entreprise d�ment �tablis. Dans les grandes villes europ�ennes, nos porteurs de cabas savent � qui s’adresser pour faire leurs tr�s particuli�res emplettes. Arriv�s l�-bas, ils se dirigent droit chez ceux qu’on appelle les d�packeurs. Les d�packeurs, vous connaissez ? Un d�packeur, c’est quoi ? Exemple : un op�rateur de t�l�phonie mobile �tabli en France signe une convention avec un fabricant d’une marque bien connue de portables, ou ses repr�sentants, pour personnaliser aux couleurs, et avec le logo bien �vident de l’op�rateur, un appareil bien pr�cis de ladite marque de portable. L’op�rateur commande un million d’appareils personnalis�s, avec le logo de l’op�rateur bien visible et un logiciel sp�cifique, pour un pack dans lequel — tout le monde doit le savoir — les op�rateurs c�dent les mobiles � des prix d�risoires, l’essentiel �tant la puce. Mais, il se trouve qu’apr�s avoir �coul� les trois quarts de sa commande, l’op�rateur a rentabilis� son pack et d�cide de c�der le reste de sa commande, � prix bas, � de petites soci�t�s int�ress�es surtout par l’appareil. Ce sont ses soci�t�s que l’on conna�t maintenant sous le nom de d�packeurs. C’est � partir de l� que le prix du portable commence � prendre un coup. Ces d�packeurs fourguent le produit � des prix fort attrayants et avec des factures de complaisance, � cette inesp�r�e client�le venue de nombreux pays dont, bien entendu, d’Alg�rie o� prolif�rent des micro-entreprises sp�cialis�es dans l’importation de t�l�phones portables dont beaucoup, selon notre source, jouent � un jeu pas tr�s honorable. Ces mobiles sont donc acquis par nos importateurs, la plupart du temps en argent liquide, � des prix qui n’ont rien � voir avec ceux d�clar�s, mais n’atteignant jamais ceux des appareils affich�s chez nous, chez les distributeurs ou les repr�sentants agr��s par les constructeurs de mobiles. C’est ainsi que chez nous, il est devenu tout � fait banal de voir des appareils aux logos du fran�ais SFR, de l’anglais Vodafone ou encore de l’allemand T-Mobile et d’autres op�rateurs, accroch�s au cou des badauds dans les rues de toutes les villes et villages d’Alg�rie. Une homologation pour des appareils d�j� homologu�s Ces appareils appartenant, donc, � des op�rateurs bien identifi�s se retrouvent comme par enchantement �tal�s sur des vitrines bien de chez nous. Et, souvent, se plaint notre source, on se retrouve avec des appareils bien d�termin�s, catalogu�s appartenant � un op�rateur connu donc homologu�s l�-bas, �tre propos�s � l’homologation par l’autorit� de r�gulation. Comment peut-on pr�senter � la validation par l’autorit� de r�gulation un V55 de Sagem alors que cet appareil a �t� d�j� homologu� en France pour un op�rateur de la t�l�phonie mobile ? �Une aberration de plus � laquelle les autorit�s r�gissant ce secteur doivent mettre un terme parce qu’il y va de sa cr�dibilit� estime notre source. Il faut dire � la d�charge des autorit�s charg�es de la gestion du secteur, tout comme pour ce qui concerne les douanes d’ailleurs, que nos importateurs, du moins ceux qui font dans le trabendo, ne sont pas les moins ing�nieux. Tellement ing�nieux qu’ils donnent de l’urticaire aux r�els investisseurs dans ce cr�neau qu’est la t�l�phonie mobile. La solution alors ? Dans une grande mesure, elle est entre les mains des pouvoirs publics. Le simple citoyen, quant � lui, sait � quoi s’en tenir surtout que depuis quelque temps ils sont l�gion ceux qui se sont fait avoir apr�s s’�tre pay� un portable dont la dur�e de vie a �t� dans certains cas de moins de trois mois. Ce sont ces histoires de d�verrouillage et de flashage auxquels l’op�rateur �tranger soumet les appareils achet�s chez un constructeur pour les proposer en pack avant de les c�der aux petits revendeurs, ces d�packeurs par lesquels sont pass�s les portables que l’on retrouve dans bien des vitrines de chez nous.
A. M.

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