Culture : SKIKDA/NADI EL-HOUDOUR
Boudjedra, la “casse” des tabous et le complexe d’Œdipe


La venue de l’�crivain Rachid Boudjedra � Skikda, dans le cadre de la manifestation culturelle bimensuelle Nadi El-Houdour, qu’organisent la Direction de la culture et l’Union nationale des �crivains alg�riens, section de Skikda, est un �v�nement sans pr�c�dent. Le th��tre municipal o� s’est d�roul�e sa conf�rence a vu pour la premi�re fois l’assistance d’un nombre assez important de gens. D’habitude, les manifestations culturelles, surtout � caract�re “litt�raire”, n’attirent pas le public.
L’un des plus grands �crivains alg�riens, qui estime faire partie de la troisi�me g�n�ration, celle post-coloniale, a fait le d�placement pour parler de son œuvre. Celle qui a cass� la “tripartite” des tabous : politique, sexe et religion. Une œuvre qu’il dit avoir puis�e de son aventure personnelle. Plut�t subie que voulue. L’inspiration litt�raire et po�tique est une “descendance” l�gitime des probl�mes familiaux, pour �tre plus pr�cis. La violence du p�re a enfant� le grand nom de Boudjedra, celui d’�crivain bien s�r. “Pour �viter la d�bauche et la consommation de la drogue, je me suis d�foul� en versant dans l’�criture. C’est une cons�quence de la violence de mon p�re, j’en garde un douloureux souvenir”, affirma-t-il. C’est ce qu'on appelle faire bon usage de la rancune. La carri�re de ammi Rachid succ�de � celle des fondateurs du roman maghr�bin (Mammeri et Feraoun), et de la “premi�re rupture”, selon son propre terme, repr�sent�e par Kateb Yacine et son monumental Nedjma.“Nous on fait partie de la p�riode de l’ind�pendance. On a cl�tur� le volet colonial pour s’inscrire dans une ligne ayant pour objectif la modernisation du roman. La recherche formelle fera partie de nos pr�occupations. On a ainsi cass� le quatri�me tabou (la forme)”, expliqua-t-il. Apparemment, la “casse” serait une caract�ristique toute “boudjedrienne”. Il parlera notamment de la femme, et sa place dans ses romans. En tant qu’�tre avec sa chair. Fermant ainsi la parenth�se de la “femme fant�me” pr�sente dans les �crits de ses pr�d�cesseurs. Le corps de la femme serait si important qu’il ne faut en aucun cas l’occulter, pourrait-on comprendre � la lumi�re de ses propos. D’ailleurs, Abou Nouas et B�char Ben Berd, comptent parmi ses po�tes pr�f�r�s. La religion est devenue un instrument qu’on agite ou qu’on utilise � des fins “immondes”. “Elle est usit�e � des fins de trahison”, dira-t-il. “Le terme d’Inchallah est employ� par des personnes ayant l’intention de trahir. Qu’on on dit, � titre d’exemple, je viendrais demain Inchallah, c’est pour ne pas venir”, justifia-t-il ses propos. Il se dit “r�pulsif” aux �crits politiques faits par les �crivains. “Il faut laisser la politique aux politologues, l’histoire aux historiens... Chacun doit �voluer dans son “secteur”, l’�crivain ou l’artiste doit donner du plaisir au lecteur. Sans plus. Il doit avoir son propre lexique comme l’a dit un grand �crivain.” L’auteur de La r�pudiation parlera aussi de sa vie pass�e dans la clandestinit� pendant huit ans, et ce, cons�cutivement � l’attentat dont il fut l’heureux rescap� en 1993, et des moult d�guisements qu’il a d� invent�s afin d’�chapper � ses poursuivants, du “conflit” l’opposant � Tahar Ouettar, du sc�nario avort� qu’il devait �crire, relatant la vie de l’Emir Abdelkader. Traduit en trente langues et enseignant une fois par an aux USA, Boudjedra aime l’Alg�rie. “Bien qu’on m’ait propos� de m’installer aux USA, j’ai refus� car j’aime mon pays. Quand je le quitte pour des voyages d’affaires ou professionnels, quelque chose me manque”, dira-t-il.
Za�d Zoheir

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