Culture : EXPOPHOTO ANNA EDYTA PRZYBYSZ � LA GALERIE RACIM
Zoom sur le myst�re


Voici son secret : attraper un moment dans la nature et le coucher sur la pellicule. Elle, c'est Anna Edyta Przybysz. Une infatigable photographe polonaise aux trousses du temps. Le saisir, l'encha�ner pour lui extraire ses myst�res. L'appareil en bandouli�re, elle est partout. L’œil vigilant, aux aguets, le regard vif, pr�t � attaquer. Comme les alchimistes r�vent de d�couvrir l'�lixir, Anna r�ve de faire une photo qui surprendra par sa mobilit� m�me apr�s sa prise.
Cela para�t invraisemblable ; pourtant, � voir son expo qui se tient � la galerie Racim, on s’en rendra compte par soi-m�me. “R�ves” est le titre de cette expo qui durera jusqu'� la fin de ce mois. Les photographies expos�es sont, osons le mot, des chefs-d'œuvre. On constate un travail de fond, une touche artistique bien sp�ciale. Le spectateur, qui se pr�sente devant chacune des œuvres, ne sera, certainement, pas d��u. Anna cherche � sonder les bas-fonds, pourtant insondables, de la personne humaine. “J'ai r�v�” est l'une de ces photos. Cette œuvre peut se raconter sous forme d'une petite histoire ordinaire. C'est pareil au cin�ma r�alit�. Cet art qu'elle a pratiqu� pendant quelques ann�es. Dans l'un des coins d'un jardin public, se d�couvre un banc vide. Le tout est quasiment couvert d’un feuillage ombrageux et p�n�tr� par un rayon de soleil. L'ombre et la lumi�re se partagent le coin. La lumi�re du disque solaire est vive. On ne peut cependant deviner l'heure ou le moment de la prise de la photo. Cela peut-�tre au lever comme au coucher du soleil. Au-del� de cette r�alit� aper�ue au quotidien, la photo rec�le un certain myst�re. Le banc vide fait allusion � la solitude. C'est le jardin d�sert�. L'absence de la trace de l'�tre humain. Une autre photo, intitul�e “Et puis quoi ?”, est beaucoup plus explicite. A la crois�e des chemins, au milieu de trois sentiers, un chien s'est assis. Le noir domine la photographie. Le ciel est couvert de nuages gris. La b�te semble abandonn�e, l�, en pleine bifurcation. Son immobilisme n'inspire qu'une id�e : cet animal ne sait plus quel chemin emprunter pour, �ventuellement, rejoindre son ma�tre. C'est l'impasse. Chacun des trois chemins m�ne quelque part, ou, qui sait, nul part. Le titre m�me est suggestif. “Et puis quoi ?” c'est la question qu'on se pose � chaque moment de notre ind�cision. Une troisi�me photographie, intitul�e “Un autre monde”, l�, le symbole est frappant. Sur l'œuvre, l'œil du spectateur ne voit qu'une porte. Et puis, en avan�ant d'un pas, on d�couvre, au beau milieu de cette porte, un heurtoir. La porte est ferm�e. L'acc�s � l'autre monde est verrouill�. Est-ce l'acc�s aux r�ves ? Cette interrogation est peut-�tre raccord�e directement avec la citation de Freud : “Le r�ve est la porte de l'inconscient.” L'artiste veut p�n�trer, � travers ces œuvres, le monde myst�rieux de l'inconscient. L'au-del� des souvenirs, qui agissent incognito, comme les vieux fant�mes. Pour Anna Edyta Przybysz, “une photographie r�ussie est celle qui �veille les �motions chez le spectateur. C'est un myst�re que chacun peut interpr�ter � sa mani�re.” Pour cela, elle cite Le Petit Prince de Saint Exupery : “Voici mon secret. Il est tr�s simple. On ne peut bien voir qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux.” C'est le r�sum� de l'exposition de cette Polonaise n�e en 1978 � Morzy. Cette ancienne �l�ve de l'Acad�mie des arts visuels � Pozran et � l’Ecole sup�rieure d'�cologie et de la gestion de Varsovie. Une expo � ne rater sous aucun pr�texte.
Hakim C.

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable