Actualit�s : CE MONDE QUI BOUGE
L’Arabie Saoudite, la d�mocratie et la Star Academy
Par Hassane Zerrouky


Ali al-Dema�ni, Abdallah al- Hamed et Matrouk al-Fatah, trois personnalit�s saoudiennes, ont �t� condamn�s dimanche pass� � respectivement 6, 7 et 9 ans de prison.
Que leur reproche-t-on pour m�riter un verdict aussi s�v�re ? Selon le tribunal de Riyad qui a instruit l’affaire dans un strict huis clos, ils sont accus�s d’avoir �appel� � l’adoption d’une monarchie constitutionnelle et d’avoir utilis� une terminologie occidentale� ! En fait, ces trois dangereux �terroristes�, d�tenus depuis mars 2004, figuraient parmi les 116 auteurs d’une p�tition adress�e en d�cembre 2003 aux autorit�s saoudiennes dans laquelle ils appelaient � �une r�forme constitutionnelle globale garantissant une participation populaire par le biais d’un Parlement �lu, reconnaissant les droits politiques, culturels et sociaux des citoyens et la s�paration des trois pouvoirs�, � savoir entre l’ex�cutif, le l�gislatif et le judiciaire. En bref, ces impertinents voulaient que leur pays, sans pour autant qu’il renonce � ses fondements identitaires, ressembl�t � la monarchie britannique ou espagnole. La r�ponse des autorit�s, qui s’�taient pourtant engag�es par la voix du roi Fahd de promouvoir des r�formes politiques et sociales, s’est traduite par l’arrestation des auteurs de cette p�tition � la seule exception des trois personnes condamn�es dimanche dernier. Cette affaire est tout de m�me symptomatique du fait que l’Arabie saoudite ne peut �chapper au vent de la d�mocratie qui souffle sur la plan�te. En un demi-si�cle, ce pays a beaucoup chang�. A Djeddah, par exemple, la vie sociale est moins soumise au poids du religieux qu’� Riyad. Les jeunes Saoudiennes et Saoudiens interview�s par de nombreux m�dias �trangers veulent vivre � l’instar de la jeunesse de la plan�te, voire � l’instar de la jeunesse des autres pays arabes, lesquels ont pourtant maille � partir avec les pesanteurs socio-politiques locales. Et pourtant, le pays continue � vivre comme si la pendule de l’histoire s’est arr�t�e en 1932, date de la cr�ation du royaume. Bien s�r, sous la pression des �v�nements et , surtout, la pression de Washington, Riyad a consenti � quelques r�formes. Pour la premi�re fois, des �lections municipales partielles ont �t� organis�es, permettant aux Saoudiens d’exercer pour la premi�re fois ce droit tout nouveau dans le royaume. De m�me que le roi Fahd a autoris� en mars 2004 la cr�ation de la premi�re ONG de d�fense des droits de l’homme. Mais il n’en reste pas moins que les femmes ne sont toujours pas autoris�es � conduire des voitures et le droit de vote ne leur est pas reconnu, sous pr�texte de les prot�ger des �difficult�s de ce monde� ! Au lieu de mobiliser leurs compatriotes contre le terrorisme qui s�vit dans le royaume, certains dignitaires religieux n’ont rien trouv� de mieux que signer un communiqu� qui s’en prend violemment � la �Star Academy� arabe diffus�e par la cha�ne de t�l�vision libanaise, LBC. Le communiqu� qualifie cette �mission de �crime contre l’islam� et de rassembler des gar�ons et des filles �dans un �tat abominable de m�lange des sexes� ! Rien que �a. Le fait est que la victoire du jeune Saoudien Hicham Abdoulmoum�ne � cette Star Academy a provoqu� une liesse populaire dans le royaume saoudien. Son apparition dans un centre commercial de Riyad a provoqu� un enthousiasme d�bordant de jeunes des deux sexes. C’en �tait trop. Hicham Abdoulmoum�ne a �t� �vacu� manu-militari par des gardiens de la vertu islamique et transf�r� par avion � Djeddah. Cette affaire montre bien que la jeunesse saoudienne a envie de vivre son temps. Comme l’�tait la jeunesse de Baghdad au temps de Haroun el-Rachid et d’El Mamoun avant que la chape de plomb int�griste n’ait pour seule et unique cons�quence un �tat de sous-d�veloppement socio-culturel qui a dur� tout de m�me pr�s de dix si�cles. Pas seulement pour l’Irak !

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