R�gions Centre : TIZI-OUZOU/LES REJETS DES HUILERIES
Un v�ritable probl�me de pollution


Si les vertus multiples, notamment m�dicinales et gustatives, de l’huile d'olive ne sont plus � d�montrer, il n’en demeure pas moins que les sous-produits rejet�s par les huileries lors du processus permettant son obtention, c’est-�-dire lors du cycle de trituration des olives, peuvent constituer une source de nuisance � la nature, � l’environnement et, par ricochet, � l’homme.
Ceci est d’autant plus vrai que quand leur �limination ou leur transformation et valorisation, dans le cas optimal, ne sont pas ma�tris�es. Ces deux sous-produits que sont les margines, liquide affluent de couleur noir, et le grignon (pulpe et noyau de l’olive broy�e), par leur constitution chimique, surtout pour les margines, dont ses constituants apparaissent sous forme concentr�e, sont de l’avis de tous les sp�cialistes des pollueurs de premi�re ordre. Seuls ou en contact avec d’autres �l�ments dans la nature, avec lesquels ils d�veloppent une r�action, ils constituent un danger r�el et un facteur de d�stabilisation pour les �cosyst�mes en g�n�ral. En Alg�rie, o� le retard accus� par rapport � la prise de conscience d’abord et la prise en charge ensuite de ce probl�me est flagrant, la sonnette d’alarme doit �tre tir�e. La situation, selon les observateurs avertis (scientifiques, associations de d�fense de la nature...) et au fait de la chose �cologique, a atteint un seuil critique. Les margines, dont les effets n�fastes sont jug�s plus importants, ont fait l’objet de plusieurs exp�rimentations pour jauger l’ampleur de leur nuisance. Le constat est implacable ! Une �tude r�alis�e par une firme fran�aise d�montre que la pollution produite par 1000 tonnes d'olives press�es, � travers la quantit� de margines rejet�es, est l’�quivalent de celle g�n�r�e par une ville de 120 000 habitants. M. Slimi Ahmed, ing�nieur agronome que nous avons consult� sur le sujet, fait un constat alarmant. “Effectivement, ce ph�nom�ne est des plus pr�occupants. Les margines qui sont des affluents tr�s acides et � tr�s forte charge saline et organique, du fait de leur richesse en �l�ments comme le calcium, le sodium, le potassium... sont un danger r�el de pollution.” Il nous parle de l’impact n�gatif sur le sol et la plante. Selon lui, cette mati�re d�vers�e dans la nature augmente la teneur en sel du sol, ce que affecte grandement sa productivit�. “Le m�me pr�judice, encha�ne-t-il, est port� � la plante o� le taux de salinit� est intol�rable pour son �panouissement et sera atteinte de phytopathologie.” En outre, notre interlocuteur met en garde, �galement, contre les maladies � transmission hydrique. “Les grandes quantit�s de margines charri�es par les cours d’eau, qui se polluent d�j� euxm�mes, affectent les nappes et surtout les barrages destin�s � l’alimentation en eau potable. La salinit� et la duret� de l’eau, m�me grandissantes lentement, d�boucheront sur des maladies. Ces derni�res, m�me si elles sont latentes, finiront par se manifester � plus au moins long terme.” Pour sa part, le grignon, selon des �tudes en notre possession, est �galement une source de pollution � prendre tr�s au s�rieux. D�vers� dans des terrains vagues, ou g�n�ralement � la berge des cours d’eau, ce sous-produit, en contact avec d’autres �l�ments, des champignons notamment, rejette des substances toxiques. Les toxines phongiques qui r�sistent � la d�gradation bact�rienne subissent une lixiviation (d�tachement d’une substance du corps qui la contient, au contact d’un dissolvant). Cette derni�re menacera alors directement la sant� humaine, les cours d’eau et tout l’environnement en g�n�ral. A la lumi�re de toutes ces donn�es, on peut alors imaginer ais�ment l’ampleur du d�sastre occasionn� par le rejet des huileries en Alg�rie, pays o� l’activit� fruiti�re arborescente est domin�e par l’ol�iculture. Selon un document du minist�re de l’Agriculture, l’Alg�rie produit annuellement une moyenne de 130 000 tonnes d'olives pour 850 000 oliviers en �tat de production. Quand on sait qu’une tonne d’olives tritur�e rejette 1 m3 de margines et une grande quantit� de grignon, on ne peut que s’alarmer davantage. Le laxisme, aussi, affich� par les autorit�s quant � la prise en charge de ce probl�me augmente les appr�hensions. La pollution par ces sous-produits est crainte surtout pour certaines r�gions � l’instar de la Kabylie. Cette r�gion o� l’attachement � l’olivier est l�gendaire est consid�r�e comme le noyau de la production ol�icole dans notre pays. Elle risque, de ce fait, d’�tre la plus touch�e par cette nuisance et payer la plus lourde facture dans la d�gradation �cologique et environnementale. A ce sujet, d’ailleurs, M. Abdelmalek Adel, pr�sident de l’Association pour la protection de l’environnement et du d�veloppement durable, sise � Tizi-Ouzou, n’a pas manqu� de nous le pr�ciser. Il met en avant le relief montagneux et accident� de la Kabylie qui facilite le charriage des margines vers les confluents de la r�gion. “Le barrage de Taksebt est tr�s vuln�rable et facilement polluable par les huileries, �tant donn� qu’un grand nombre de villages dot�s d’huileries sont situ�es � son amont.” M. Bouni, m�decin en fin de cycle et membre de la m�me association, lui, met en �vidence les divers dangers risqu�s comme les MTH et nous apprendra que leur association ne manque jamais une occasion pour rappeler aux autorit�s cet �tat de fait. “Nous menons plusieurs actions de proximit� envers les citoyens pour les sensibiliser sur de ce probl�me. Mais cela n’est pas suffisant, l’Etat doit mettre le paquet.” Le projet de construction d’un autre barrage sur le versant sud de la wilaya de Tizi-Ouzou doit, �galement, militer pour un plus grand int�r�t pour se pr�munir contre ce genre d’atteinte � l’environnement et � l’homme. Pour leur part, les autorit�s en charge de l’environnement, au lieu de mettre les bouch�es doubles pour parer � ce danger, sombrent dans un laisser-aller qui frise l’irresponsabilit�. Le premier responsable, le directeur de l’environnement de la wilaya de Tizi-Ouzou, dans une d�claration � notre confr�re El Watan, �dition du 26/03/05, avait not� : “Les margines ont une nocivit� relative et se d�gradent rapidement.” Chose que les sp�cialistes en la mati�re d�mentent. La pr�caution prise, � savoir l’installation de bassins de d�cantation, selon toujours le m�me responsable, n’est vraie que dans le discours. Une simple vir�e du c�t� des huileries nous a permis de constater que les margines et le grignon sont toujours d�vers�s � m�me la nature. D�cid�ment, �a n’augure pas d’un meilleur avenir pour l’�cologie, car seul la r�alisation de stations d’�puration est � m�me de r�soudre ce probl�me. Pour cela, l’Etat doit casser sa tirelire. Sur ce plan, nos voisins imm�diats, le Maroc et la Tunisie, dont la production ol�icole est beaucoup plus importante que la n�tre et conscients de la gravit� de la chose, sont nettement en avance. Les rejets des huileries dans ces deux pays sont parfaitement ma�tris�s par des proc�d�s d’�limination ou de r�cup�ration. A titre d’exemple, la Tunisie en partenarait avec l’Union europ�enne, de laquelle elle a obtenu une aide de 6 millions de DT, dans le cadre d’un projet commun qui consiste � la pr�servation de la rive sud m�diterran�enne, a mis en place depuis longtemps un dispositif ad�quat pour l’�limination de ces r�sidus.
A. A.

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