R�gions Centre : TIZI-OUZOU
Journ�e d’�tude sur le suicide � l’EHS de Oued-A�ssi


Les psychiatres et les sp�cialistes des maladies mentales de nombreux �tablissements sp�cialis�s du pays et m�me de Paris r�unis le week-end dernier dans un s�minaire consacr� au suicide et aux conduites suicidaires organis� par l’�tablissement sp�cialis� en psychiatrie de Oued-A�ssi ont d�battu des causes et des difficult�s de prise en charge du suicide. La probl�matique a �t� abord�e � travers une quinzaine de communications.
Au-del� de l’aspect scientifique et de la mise en perspective des possibilit�s de prise en charge th�rapeutique, d’aucuns parmi les sp�cialistes se sont, de fa�on tr�s judicieuse, livr�s � la remise en cause, pour ne pas dire la d�nonciation du traitement m�diatique du ph�nom�ne du suicide qui fait l’objet d’extrapolations fantaisistes et de commentaires alarmistes, � travers, notamment, une appr�ciation m�diatique jug�e erron�e des chiffres, cette “forme moderne et pseudo scientifique du mensonge”, selon la formule du Dr G. Ferrey, psychiatre de Paris pr�sent � la journ�e scientifique organis�e � l’EHS de Oued-A�ssi. Celui-ci explique que les chiffres ne constituent nullement un facteur, ni un argument de cr�dibilit� et de v�rit� scientifique en soi. Stigmatisant le battage m�diatique fait autour du ph�nom�ne du suicide � Tizi- Ouzou, le Dr Boudar�ne, psychiatre � Tizi-Ouzou, estime que “le suicide est devenu par le fait d’une information r�currente et insistante un fl�au social, avec une mention sp�ciale pour la Kabylie (dont) l’int�r�t m�diatique vient du fait que cette r�gion est en crise politique avec le pouvoir centrale”. Selon ce psychiatre, il n’y a pas d’�pid�mie du suicide m�me s’il y a un vif int�r�t pour les chiffres, expliquant qu’il y a, en revanche, une �pid�mie de la peur du suicide. “La r�currence de cette information a r�veill� chez les sujets les plus fragiles une anxi�t� importante, avec �mergence d’une phobie d’impulsion (peur de passage � l’acte) et autre attaque de panique ; il y a un lien entre la lecture des journaux et l’�tat de d�tresse psychique des sujets, l’information est venue r�veiller une inqui�tude en sommeil”, fera remarquer le psychiatre. Pour lui, les journaux font un amalgame entre les causes du suicide “ph�nom�ne reli� exclusivement aux seuls probl�mes sociaux, � la d�tresse de la vie. Une d�tresse et des troubles psychiques, une vuln�rabilit� particuli�re sont toujours pr�sents”. Le psychiatre a �galement mis en garde contre “la focalisation sur les chiffres” qui peuvent susciter des sentiments alarmistes. D’autant plus que “le fait de scruter les chiffres ne signifie rien”. C’est ainsi que “la comptabilit� morbide �gren�e par les m�dias a amen� des acteurs de la vie politique � interpr�ter le suicide en Kabylie comme une carence de la foi. Des sp�culations, � la coloration moralisatrice et inquisitrice ont essay� de polluer le d�bat impliquant la religion dans l’origine de la crise qui am�ne le sujet � se suicider. L’effet pervers du battage m�diatique a, selon le Dr Boudar�ne, donn� du grain � moudre � un certain courant politico-religieux qui a expliqu� le suicide en Kabylie comme �tant “le fait de sujets agnostiques, communistes, alcooliques, �vang�listes...”, conclura le m�decin qui stigmatise “la tromperie intellectuelle, la d�sinvolture de certains journalistes qui font ainsi une faute professionnelle grave”. Dans l’expos� qu’il a pr�sent� sur l’�tat du suicide dans la wilaya de Tizi-Ouzou, le Dr Ziri de l’EHS de Oued- A�ssi commence par dire que le suicide “pose un probl�me de sant� publique aussi bien dans les pays d�velopp�s que dans les pays en voie de d�veloppement. Les facteurs de risque du suicide sont multiples”. S’il consid�re que le suicide dans la wilaya de Tizi-Ouzou “est une r�alit� tangible (...) la m�diatisation et la stigmatisation de la Kabylie, concernant ce ph�nom�ne, est injustifi�e”. Il est impossible, selon le Dr Ziri, d’�tablir un palmar�s du suicide par wilaya, de dire que des gens mettent plus fin � leur vie dans telle wilaya ou une autre. “Si le suicide dans notre wilaya est une r�alit� tangible, nous ne pouvons faire aucune �tude comparative avec les autres r�gions, faute d’�tudes statistiques.” Voil� qui permettra peut-�tre de mettre fin � une fi�vre m�diatique sur le suicide de Tizi-Ouzou. Selon d’autres avis autoris�s qui se sont exprim�s lors de ce s�minaire, on se suicide aussi � Oran, Alger, Annaba, Constantine comme � Tamanrasset...
A. M. S.

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