Panorama : KIOSQUE ARABE
Plagiaires et fiers de l’�tre...


Encore une histoire de statistiques que vous ne lirez jamais dans les rapports de la Ligue arabe. Heureusement pour l'humanit� qu'il y a des organisations et des hommes qui ne craignent pas de se m�ler de ce qui les regarde. Pendant que le monde arabe vocif�re plus que de raison contre les Etats-Unis, ces derniers nous �tudient, nous analysent, de fa�on m�thodique, m�ticuleuse. C'est pour cela qu'ils sont toujours en avance sur nous.
Tenez! Les droits de l'homme, par exemple. Nous ne les invoquons presque jamais, sauf lorsque nous sommes pris la main dans le sac. Mais l'Am�rique qui n'est ni celle de Bush ni celle de Rice est l� pour nous ramener � la r�alit�, d'abord celle des chiffres. L'Oncle Sam sait aussi distribuer des bonnes et des mauvaises notes. Le rapport de Freedom House (http://www.freedomhouse. org/), organisation non gouvernementale am�ricaine, �tabli sur l'�tat des libert�s dans le monde en 2005, n'est pas tendre avec l'Alg�rie. Le syst�me de notation s'�chelonne de 1 � 7 pour deux crit�res : droits politiques et libert�s civiles. La note la plus haute s'applique aux pays o� il y a absence totale des deux. Il ne faut pas s'�tonner de retrouver l'Arabie saoudite avec un "7" sur les deux colonnes. Un record ! Quant � l'Alg�rie, elle obtient un 6 pour les droits politiques et un 5 en mati�re de libert�s. Elle est pratiquement au m�me niveau que l'Afghanistan et l'Iran (5-6 et 6- 6). Les notes sont suivies de la peu flatteuse note "Not free". A signaler par ailleurs que l'enqu�te de Freedom House a �t� r�alis�e entre le 1er d�cembre 2003 et le 30 novembre 2004. C'est-�-dire que les donn�es sont tr�s r�centes et ni le HCE ni Zeroual ne sauraient �tre tenus pour responsables. En mati�re de droits de la femme aussi, les pays arabes figurent dans la cohorte des mal class�s. Selon une autre �tude de Freedom House, l'Arabie saoudite est bon dernier en la mati�re. L'�tude dont les r�sultats ont �t� pr�sent�s samedi dernier � Amman attribue une note globale de 1,26 au royaume wahhabite. C'est la moyenne la plus faible obtenue par un pays sur une �chelle de notation qui va de 1 � 5. La Tunisie voisine est cr�dit�e de 3,24, ce qui la place en t�te, et pour cause. L'heureuse surprise que je vous r�servais pour la fin de ce chapitre est que l'Alg�rie tient une place honorable avec 2,82. Ce r�sultat est la moyenne de cinq notes obtenues sur trois crit�res d'appr�ciation, � savoir : Non-discrimination en mati�re de justice : 3.0 ; autonomie, s�curit� et libert� personnelles : 2.4 ; droits �conomiques et �galit� des chances : 2.8 ; droits politiques et civiques : 3.0 ; droits sociaux et culturels : 2.9. Freedom House rel�ve, entre autres, que les in�galit�s entre hommes et femmes peuvent s'expliquer par la contradiction existant entre les articles 29 et 2 de la Constitution. Ainsi l'article 29 proclame l'�galit� entre tous les citoyens, sans distinction de sexe en particulier. Or les adversaires de l'�mancipation de la femme lui opposent l'article 2 qui consacre l'islam comme religion d'Etat. En tout �tat de cause, les chiffres parlent d'eux-m�mes, surtout en mati�re d'autonomie, de s�curit� et de libert�s f�minines en Alg�rie. Avant qu'on ne m'oppose la r�plique du roi borgne au pays des aveugles, je dois dire que c'est quand m�me une nouvelle agr�able. Ces donn�es sont d'autant plus r�confortantes qu'elles viennent att�nuer quelque peu l'impact de l'autre rapport sur les libert�s. Cependant, ce n'est pas une raison pour crier trop t�t victoire comme l'ont fait les femmes kowe�tiennes. Le 16 mai dernier le Parlement leur a enfin octroy� le droit de voter et d'�tre �lues. Cela n'a pas �t� sans mal, le gouvernement ayant �t� oblig� de recourir � divers proc�d�s, dont des gratifications, pour obtenir cette r�forme. Seulement, la presse kowe�tienne qui a fait chorus � la chaude ambiance de la rue commence � d�chanter. Les f�tards du 16 mai ont oubli� que la loi doit �tre conforme aux r�gles de la "Chariaa" avant d'�tre appliqu�e. Et c'est l�, mes chers amis, que les attendent les "Raminagrobis" de l'islam politique. Le texte de loi doit �tre, en effet, soumis � la commission de "fetwas" qui d�terminera les conditions de la participation des femmes aux �lections, en tant que candidates et �lectrices. Ce n'est pas par hasard que le quotidien Al-Siassatitrait samedi dernier : "Les r�gles l�gales suspendent les droits politiques de la femme". Ahmed Baghdadi qui continue � s�vir dans les colonnes de ce quotidien est l'un des rares � s'�tre abstenu de toute d�monstration de joie intempestive et pr�matur�e. Le vendredi 19 mai, pour tout commentaire, il ajoutait � la fin de sa chronique cette simple note : "Remerciements sinc�res aux Etats-Unis pour les pressions qu'ils ont exerc�es sur le gouvernement kowe�tien afin qu'il octroie � la femme ses droits politiques". Plus incisif que jamais, Ahmed Baghdadi revenait � la charge le lendemain : "Question : est-ce que les femmes militantes des groupes religieux accepteront d'exercer un droit de vote que les d�put�s de ces groupes n'ont pas approuv�? La r�ponse est, sans surprise, oui et vous savez pourquoi? (…) parce que ces gens-l� ne croient � ce qu'ils disent que dans la mesure o� �a va dans le sens de leurs int�r�ts personnels. Ils appliquent en cela, et avec une maestria enviable, le fameux proverbe kowe�tien "qui a p�ch� le poisson en nourrit sa famille", m�me si la technique de p�che est illicite". "Ironie du sort, j'ai lu que les femmes oppos�es aux droits politiques des femmes avaient quand m�me l'intention de voter pour les parlementaires qui se sont oppos�s � la loi! Et c'est ainsi que la femme kowe�tienne paiera le prix fort � cause de cette r�forme", note encore Baghdadi. Et d'ajouter cette appr�ciation en appendice: "Toute candidate ou �lectrice qui ne portera pas le hidjab courra le risque de voir contester les r�sultats de l'�lection… F�licitations par avance". Ce n'est pas la seule bataille que m�ne Ahmed Baghdadi. Il n'h�site pas aussi � croiser le fer avec ceux qui pillent sans vergogne le patrimoine d'autrui. R�cemment, il a crois� le fer avec un sp�cialiste du plagiat sur un site Internet dont il doit �tre l'inspirateur "Les voleurs de mots" ( http://www.bader59.com/ ). Le pillard en question, l'islamiste Ahmed Al-Malifi, �crit paradoxalement dans le m�me quotidien que Baghdadi Al-Siassa. Parmi les plagiaires �pingl�s par le journal �lectronique figure un autre plumitif islamiste, l'Egyptien Fahmi Howeidi. Pour r�diger une �tude intitul�e "Regard sur l'esth�tique dans le Coran", dans Al-Ahram, Howeidi a largement puis�, sans le citer, dans le livre de Karadhawi L'Islam et l'art. Beau joueur, Karadhawi n'a pas protest� contre le comportement de son camarade de chapelle. L'animateur du site nous apprend aussi que Howeidi a �t� lui-m�me plagi� par une autre personne, dans son propre journal, en l'occurrence le d�put� Walid Altabtabai. Le comble, ce serait qu'on apprenne que Karadhawi lui-m�me a "pomp�" quelque part la mati�re de ses livres! Ce n'est pas impossible comme le montre cette histoire authentiquement alg�rienne. La sc�ne se passe dans la salle de r�daction d'un quotidien. Une journaliste interpelle avec v�h�mence son coll�gue et lui reproche d'avoir reproduit presque in extenso un article qu'elle avait �crit quelques mois auparavant. Sans se d�monter le moins du monde, le mis en cause se pr�cipite � la documentation. Il en revient deux minutes plus tard brandissant une revue ouverte et lance devant un parterre de confr�res : ce n'est pas sur toi que j'ai copi� : “c'est sur la revue que tu as toi-m�me plagi�e". Tout r�cemment encore, j'ai �t� suffoqu� par l'aplomb d'un jeune journaliste, plagiaire et apparemment fier de l'�tre. Il ne s'indignait pas de son propre comportement mais de celui d'un confr�re qui l'avait d�nonc�. Avec un peu de chance, il finira peut-�tre � Al-Ahram.
A. H.

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